Pilote dès 1911, engagé dès les premiers mois de la Grande Guerre, Georges Lachmann fait partie de ces aviateurs précurseurs dont l’histoire semble s’être écrite à l’ombre des projecteurs. Aux commandes de machines parfois obsolètes, il traverse tout le conflit en multipliant les escadrilles, les types d’appareils et les missions, jusqu’à devenir un redoutable chasseur aux neuf victoires homologuées. Commandant d’escadrille à la fin du conflit, il incarne une figure méconnue mais essentielle de l’aviation militaire française, alliant discrétion et efficacité.
Né à Paris le 10 décembre 1890, Georges Lachmann appartient à cette première génération d’hommes qui prennent l’air avant que celui-ci ne devienne un espace militaire. Le 10 avril 1911, il obtient son brevet de pilote civil n°431, alors que la plupart des Français n’ont encore jamais vu d’avion voler. Ce certificat fait de lui un pionnier, un passionné prêt à tout pour apprivoiser ces machines encore instables et capricieuses, où chaque vol est un apprentissage.
Lorsque la guerre éclate en août 1914, il est immédiatement mobilisé au sein de l’escadrille BL.10, équipée de Blériot XI. Ces monoplans frêles, à structure bois et toile, sont bien loin d’être taillés pour les exigences du champ de bataille moderne. Pourtant, comme beaucoup de pilotes de l’époque, Lachmann s’adapte. Il évolue ensuite dans plusieurs unités : BL.3, MF.55, C.202… Chaque changement correspond à une montée en compétence, un apprentissage de nouveaux appareils, et une adaptation constante aux nouvelles tactiques.
Au fil des mois, il passe d’un rôle d’observateur à celui de combattant. Il vole sur des avions Farman, puis sur Caudron G.4, des appareils davantage conçus pour la reconnaissance que pour la chasse. Mais son habileté de pilote et son sang-froid le rendent précieux sur toutes les lignes de front.
C’est en 1917 qu’il entame une seconde carrière dans la chasse pure, au sein de l’escadrille N.92, cette fois sur Nieuport 23 puis Nieuport 27. Ces appareils, plus petits, nerveux et agiles, exigent du pilote une coordination fine et une conscience spatiale aiguë. Lachmann s’adapte une fois de plus et commence à inscrire des victoires au tableau. Il termine la guerre avec neuf victoires homologuées et deux probables, un palmarès qui le classe parmi les as français – même s’il n’a jamais cultivé l’aura héroïque de ses contemporains.
En 1918, il est nommé commandant de l’escadrille SPA.154, équipée de SPAD S.XIII. C’est un poste de confiance, réservé aux pilotes aguerris, capables non seulement de voler, mais aussi d’organiser, de motiver, de diriger. Il devient alors un meneur d’hommes plus qu’un simple pilote. Sous sa direction, l’escadrille gagne en efficacité tactique, tandis que Lachmann continue de voler, fidèle à son engagement de toujours.
Georges Lachmann termine la guerre avec une réputation solide parmi ses pairs, mais sans les fastes médiatiques. Il décède en 1972, dans un relatif anonymat. Et pourtant, il aura traversé toute la Première Guerre mondiale, piloté une dizaine de types d’avions, appartenu à six escadrilles différentes, abattu neuf appareils ennemis, et dirigé une unité opérationnelle en pleine crise finale.
Sa trajectoire témoigne d’une autre forme d’héroïsme, plus modeste, plus continue, mais tout aussi essentielle à l’histoire de l’aviation militaire française. Ni frimeur, ni flamboyant, Georges Lachmann est de ceux dont le ciel se souvient même quand les livres les oublient.
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