Jean DAGNAUX

De pilote de guerre à explorateur de l'Afrique

Jean Dagnaux est né à Montbéliard le 28 novembre 1891 au sein d’une famille de la bourgeoisie franc-comtoise. Brillant élève il étudie d’abord au lycée Carnot de Mâcon où il décroche son baccalauréat à l’âge de 17 ans. Il intègre ensuite la prestigieuse école polytechnique de Paris d’où il sort quatre ans plus tard en 1912 où il est affecté dans l’armée au sein du 4e Régiment d’Infanterie où il sert comme sous-lieutenant. Deux ans plus tard il obtient le grade de lieutenant au sein du 5e Régiment d’Artillerie de Campagne.
Officier exemplaire bien que taciturne Dagnaux se passionne alors pour l’aviation militaire naissante.

En juin 1915 il est breveté observateur aérien et affecté à l’escadrille MF-63 qui vole alors sur biplan Farman MF.11. Le tempérament solitaire et taiseux du lieutenant Dagnaux ne l’empêchent cependant pas d’être reconnu par ses pairs comme un excellent camarade. Il enchaîne alors les missions d’observation et de reconnaissance jusqu’au 6 janvier 1916 où au-dessus de Verdun son avion est mitraillé par un chasseur monoplan allemand Fokker E.III. Grièvement blessé Dagnaux est amputé de la jambe gauche et appareillé quelques semaines plus tard. Il part en convalescence loin du front mais rêve toujours d’aviation.
À force de persuasion et de sport intensif il reprend le dessus et persuade l’état-major de le renvoyer au front d’abord comme officier de liaisons au sein de l’escadrille de bombardement BR-11. En parallèle il obtient son brevet de pilote de chasse. Nous sommes alors au début du mois de septembre 1918. Il réalise quelques missions sur Breguet Br.14 avant que la guerre ne s’arrête. Au front les poilus l’ont surnommé «l’as à la jambe de bois», alors même qu’il n’a pas le titre d’as.

Une fois la paix revenue Jean Dagnaux, décorée de la Croix de guerre 1914-1918 avec 8 palmes et 5 étoiles, demeure dans l’armée au grade de capitaine. Il est affecté au sein de l’Escadrille des Grands Raids en charge des premières liaisons africaines. Sur Breguet Br.17 il entame alors des explorations aériennes qui vont le mener à partir de Marseille aux quatre coins du continent méridional : Aoulef, Bamako, Bangui, Bizerte, Brazzavile,Bumba, Fort Archambault, Fort Lamy, Gao, Kabalo, Lusaka, Oran, Tananarive, ou encore Tombouctou sont autant de villes où bien souvent son avion est le premier que les populations locales voient arriver.
Au Breguet Br.17 il va vite préférer la robustesse du Br.19.
Durant toutes les années 1920 et 1930 il va sillonner l’Afrique, au point même que la presse française le surnommera «Dagnaux l’Africain». Il y fait notamment la connaissance du jeune aventurier André Malraux avec qui il va se lier d’amitié avant que celui ci ne préfère l’Indochine à l’Afrique sub-saharienne. Le 11 mai 1934 Dagnaux participe à la fondation de la Régie Air Afrique qui se donne pour mission de désenclaver le vaste empire colonial français dans la région. Pourtant le polytechnicien n’est en rien colonialiste, il aime trop l’Afrique et ses habitants pour cela. Rapidement il dirige la compagnie aérienne jusqu’à sa décision de revenir en métropole en septembre 1939.

La France vient tout juste de déclarer la guerre à l’Allemagne du chancelier Hitler. Jean Dagnaux est un héros de guerre, un pilote d’exception mais un pilote handicapé. L’Armée de l’Air lui refuse la chasse, il va se satisfaire de la mission de bombardement. Élevé au grade de lieutenant-colonel l’état-major lui confie le Groupe de Bombardement II/34 avec l’espoir que celui ci n’y fera pas de vague et restera bien sagement derrière un bureau. C’est mal le connaitre. Dagnaux enchaîne les missions, ses mécanos ont bricolé un Amiot 354 afin qu’il puisse le piloter malgré sa jambe de bois. Finalement son avion est abattu par la Flak, la DCA allemande, le 17 mai 1940. Le bombardier s’écrase sur le hameau de La Vallée-au-Blé non loin de la frontière belge. Dagnaux est tué sur le coup. Il avait 48 ans.

Après-guerre la Poste établira un timbre à son effigie sur lequel apparaitra aussi son dernier avion, l’Amiot 354. La base aérienne 128 de Metz-Frescaty, aujourd’hu désaffectée, portera son nom prouvant s’il le fallait son importance pour l’histoire aéronautique française.
Jean Dagnaux demeure aujourd’hui encore un des aviateurs les plus représentatifs de l’entre-deux-guerres française.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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