En mai 1918 les États-Unis se dotèrent d’un premier véritable élément aérien chargé de succéder à l’US Army Signal Corps fondé en 1907 et qui regroupait aussi bien des aérostiers que des aviateurs. Cet US Army Air Service allait perdurer huit ans et mettre en place les grandes lignes de ce qui allait donner naissance en septembre 1947 à l’US Air Force que nous connaissons actuellement. Une des missions qui naquit sous l’ère USAAS fut l’attaque au sol. Entendez par là que les aviateurs américains venaient d’inventer le concept de canonnière volante, c’est à dire d’avions chargés de tirer en rafales sur les positions ennemies à partir de postes mobiles. Et le deuxième avion utilisés par les États-Unis dans cette fonction était le Boeing GA-2, qui ne demeura quelques mois en service actif.
Au début de l’année 1922 le général William Mitchell demanda à Boeing de plancher sur un avion d’attaque au sol dans la veine de son triplan GA-1. Le célèbre officier américain venait juste de rencontrer le stratège italien Giulio Douhet et avait beaucoup appris à son contact. Mitchell désirait un avion moins complexe que le GA-1 mais disposant cependant d’une bonne puissance de feu afin de permettre de rafaler des positions ennemies.
L’avionneur américain, qui n’était pas encore un fournisseur important des militaires, s’exécuta un peu à contre-cœur. À l’époque il tentait de convaincre le même US Army Air Service que son Model 15 pouvait se révéler être un excellent chasseur. Le futur avion d’attaque au sol fut désigné Boeing Model 16 avant qu’un employé se rende compte qu’il s’agissait là des Airco D.H.4 britanniques construits sous licence. Le futur avion étant un appareil d’attaque au sol il reprit la désignation de Model 10, celle-là même du GA-1.
Pourtant entre les deux avions il n’y avait rien de commun. Si le GA-1 était un énorme triplan bimoteur à hélices propulsives le nouvel avion était lui un biplan doté d’un moteur à hélice tractive. Les militaires lui attribuèrent logiquement la désignation de GA-2, GA pour Ground Attack ou attaque au sol en bon français. C’est l’Engineering Division, une branche industrielle de l’US Army qui se chargea de l’étude et du développement de la motorisation de l’avion. Et dès le départ elle proposa son W.1A-18, un moteur à dix-huit cylindres en W d’une puissance de 750 chevaux et qui entraînait une hélice bipale en bois.
Extérieurement le Boeing GA-2 se présentait sous la forme d’un biplan d’envergure égale construit en bois entoilé et contreplaqué. Son moteur Engineering Division W.1A-18 était installé à l’avant du fuselage. L’avion était un triplace avec postes à l’air libre prévu pour le pilote et les deux servants de mitrailleuses. Il était armé d’un canon Hotchkiss de calibre 37 millimètres de facture française construit sous licence locale par Baldwin et de six mitrailleuses jumelées Lewis de calibre 7.62 millimètres. Deux d’entre elles étaient installées dans un poste de tir s’ouvrant sous le fuselage du biplan. Le train d’atterrissage classique fixe de l’avion se terminait par un patin de queue installé sous l’empennage. En outre dix bombes légères de neuf kilogrammes chacune pouvaient être fixées sous le plan inférieur de voilure. Certaines étaient à fragmentation et d’autres incendiaires.
Le 20 décembre 1922 l’US Army Air Service passa commande pour un exemplaire de présérie et pour quatre de série. Quatre jours plus tard, la veille de Noël, le prototype réalisa son premier vol. Il fut pris en compte en février 1923 en même temps que l’avion de présérie. L’assemblage des quatre exemplaires de série avait débuté alors même que les militaires américains reconnaissaient ne plus avoir vraiment besoin d’un tel avion. Malgré cela ils entrèrent en service en juillet 1923.
Malheureusement pour eux les quatre Boeing GA-2 connurent une carrière particulièrement courte, étant retirés du service seulement trois mois et demi après leur entrée en service. En fait l’US Army Air Service avait modifié sa doctrine d’emploi des avions d’attaque et n’avait plus besoin de canonnières volantes. Désormais elle entrevoyait ses missions d’attaque au sol comme celles de bombardiers très légers. En quinze semaines d’exploitation les quatre GA-2 n’ont jamais volé ensemble, au maximum deux avions à la fois. Ils n’ont surtout jamais connu le feu. Ils ont été détruit avant la fin de l’année.
Avions quasi retombées aujourd’hui dans l’oubli les Boeing GA-2 furent les derniers avions d’attaque au sol de l’US Army Air Service. Il fallut attendre le Curtiss A-3 Falcon pour qu’un avion d’attaque américain revole de nouveau. À bien des égards, et comme le GA-1 qui le précéda, le GA-2 préfigura les actuels Lockheed-Martin AC-130J Ghostrider.
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