Valérie ANDRÉ

Médecin militaire et pionnière de l'hélicoptère

Valérie André est née le 21 avril 1922 à Strasbourg. Élève brillante elle suit ses cours avec assiduité, passant chaque étape avec brio. À l’âge de 15 ans elle se découvre une passion pour l’aviation lors d’un meeting aérien. Un baptème l’air termine de la convaincre. Fin 1938 avec l’accord de ses parents elle débute ses cours de pilotage sur monoplan Potez 43. Cependant moins d’un an plus tard elle doit les interrompre : la Seconde Guerre mondiale vient d’éclater. Étudiante à la faculté de médecine de Strasbourg elle voit ses cours dépaysés à Clermont-Ferrand. La défaite française de 1940 l’oblige à la clandestinité : les Allemands déportent alors massivement les étudiants alsacien. Valérie André monte dans le plus grand secret à Paris. Elle s’y cache.

Une fois les Allemands battus et la paix revenue en Europe elle sort de la clandestinité. Début 1947 il est diplômée médecin avec une thèse portant sur «les pathologies propres au parachutisme». Valérie André conjugue déjà sa vocation de médecin avec sa passion pour l’aviation. Elle entre alors au service de santé des Armées. En 1948 en parallèle de la reprise de ses cours de pilotage, notamment sur planeurs, elle obtient son brevet de parachutiste. Mais déjà cette visionnaire a les yeux rivés sur un autre type d’engin volant : les hélicoptères.

Nommée au grade de capitaine elle est affecté en Indochine dès son admission au service de santé des Armées. Elle œuvre d’abord à Mỹ Tho dans le delta du Mékong, puis à Saïgon, avant de rejoindre le front. Valérie André est parachutée sur zone. Elle y restera jusqu’en 1950, soignant le blessés et leur sauvant la vie. De retour au pays en 1950 elle apprend à piloter des hélicos sur Hiller H-23 Raven, obtenant à Pontoise près de Paris, le brevet de pilote civile n°33. Elle est surtout la première femme à l’obtenir. En mars 1952 elle revient en Indochine et vole dans une unité mixte de l’Armée de l’Air évoluant sur Hiller H-23 Raver et sur Sikorsky H-19. Elle est là encore la seule femme. Elle opère sous les ordres directs du capitaine Alexis Santini. En un an de présence indochinoise Valérie André réalise 129 missions opérationnelles aux commandes de son H-23 évacuant un total de 165 soldats, sous-officiers, et officiers français. La plus part aura par la suite la vie sauve.

À peine revenue en France elle se voit affectée au Centre d’Essais en Vol à Brétigny-sur-Orge en région parisienne. Tout en obtenant sa qualification sur avions légers Morane-Saulnier MS.733 Alcyon et Nord N.1100 Noralpha elle poursuit sa connaissance des voilures tournantes avec un Bell 47G et un Piasecki H-21. Valérie André devient alors la première femme au monde brevetée sur un appareil à double rotor en tandem. À la même époque elle assiste le lieutenant-colonel Frédéric Curie dans son travail sur les évacuations sanitaires héliportées aux profits des populations civiles. Ils se lient d’amitié.

Sa participation à la guerre d’Algérie se fera à chaque fois à des postes de direction, d’abord sur la Base Aérienne 142 de Boufarik puis sur la Base Aérienne 146 d’Alger-La Réghaïa. Elle continue en parallèle ses missions héliportées, notamment Alouette II. De 1959 aux accords d’Évian du 18 mars 1962 Valérie André aura réalisé 354 missions opérationnelles évacuant près de 500 combattants. Promue lieutenant-colonel en 1965 elle fait en sorte que l’Alouette III, hélicoptère dont elle n’aura de cesse de dire tout le bien dont elle pense, devienne l’hélicoptère d’évacuation sanitaire numéro 1 en France. Médecin-chef de la Base Aérienne 107 de Villacoublay puis responsable médicale du COTAM, la Commandement du Transport Aérien Militaire elle est faite colonel en 1970. Six ans plus tard elle est élevée au grade de médecin général des Armées, devenant la première femme française général. En 1981 elle fait valoir ses droits à la retraite et est nommé dans l’instant médecin général inspecteur, synonyme de sa troisième étoile.

Sans doute la plus célèbre photo de cette femme médecin et aviatrice.

Bien qu’ayant toujours conservée son nom de jeune fille Valérie André s’était mariée en décembre 1963 avec le capitaine Alexis Santini. Grand Croix dans les ordres de la Légion d’Honneur et du Mérite, Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs avec palme de bronze et Croix de la Valeur Militaire elle était également récipiendaire de la Médaille de l’Aéronautique et de décorations étrangères comme la Croix de la Vaillance (Canada), des Legion of Merit et Medal of Freedom (États-Unis), ou encore de l’ordre national du Viêt Nam. Anecdote amusante Valérie André n’a reçu sa qualification de pilote d’hélicoptère militaire qu’en 2010, soit 29 ans après sa retraite. Son brevet de pilote porte le numéro 001 avec effet rétractif à 1956. Elle décède chez elle le 21 janvier 2025 dans sa 103e année à Issy-les-Moulineaux, ville francilienne pionnière de l’histoire de l’aviation, dont son neveu André Santini est maire depuis 1980. Elle ne se départait jamais de son légendaire sourire.

 

NDLR : Ses grades n’ont pas été féminisés alors même que c’est désormais la norme en France. Il ne s’agit pas d’un choix idéologique mais historique. Valérie André a toujours refusé qu’on l’appelle la colonelle ou la générale et mais le colonel ou le général. C’est afin de respecter son point de vue que les grades ont été laissé au masculin.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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