Les Provinces de l’Atlantique brûlent !

Pendant que de nombreux feux de forêt dans l’Ouest canadien brûlent encore, c’est au tour des provinces de l’Est du Canada d’être ravagées par les flammes. La situation est particulièrement préoccupante à Terre-Neuve où plus d’une centaine de résidences sont parties en fumée, ainsi qu’une école. Ce sont 3 000 personnes qui ont dû fuir leur communauté, alors que 20 000 autres sont en état d’alerte. Dépassé par l’ampleur des feux, le Gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador a fait appel à des renforts aériens en provenance d’autres provinces canadiennes et même aux hélicoptères de la Garde côtière canadienne. Sa flotte de quatre avions Bombardier CL-415 est insuffisante pour faire face à la catastrophe. Un cinquième appareil CL-415 qui fait actuellement l’objet de réparations majeures manque cruellement à l’appel.

Heureusement, le Québec et l’Ontario bénéficient d’une année particulièrement tranquille sur le front des feux de forêt. Par l’entremise du Centre inter-services des feux de forêt du Canada (CIFFC), les équipes terrestres et les bombardiers d’eau de ces provinces sont donc disponibles pour aller prêter main forte ailleurs au Canada. Ainsi, quatre appareils CL-415, soit deux en provenance du Québec et deux autres aux couleurs de l’Ontario, sont actuellement déployés à Terre-Neuve.

Au Nouveau-Brunswick, plus d’une trentaine de feux de forêt font rage, dont sept sont hors contrôle.  Cette province ne peut compter que sur une flotte d’une vingtaine de monomoteurs Air Tracter AT-802F gérés par Forest Protection Limited (FPL) détenu à 94% par le Gouvernement du Nouveau-Brunswick. Face à l’ampleur des feux, ces petits avions ne font pas le poids. Le Québec y a donc dépêché deux de ses appareils CL-415. N’en déplaise à Donald, une équipe de sapeurs pompiers de l’État américain du Maine est également à pied d’oeuvre dans cette province canadienne. Les liens d’amitié et d’entraide entre voisins résistent à l’isolationnisme de la secte MAGA !

Pendant ce temps, en Nouvelle-Écosse, deux appareils CL-415 aux couleurs du Québec combattent les flammes qui ravagent particulièrement la vallée d’Annapolis davantage connue pour ses vignobles. Vendredi dernier, un hélicoptère Airbus H125 du ministère des Ressources naturelles de la Nouvelle-Écosse s’est écrasé dans les eaux peu profondes d’un lac alors qu’il participait aux opérations de lutte contre les incendies. Un appareil CH-149 Cormorant de l’Aviation royale canadienne a participé aux secours du pilote qui fait l’objet de soins médicaux. Généralement épargnée par les feux de forêt, la Nouvelle-Écosse ne possède pas d’avions bombardiers d’eau, mais a recours à sa petite flotte d’hélicoptères munis de « Bambi Buckets » au besoin. Il est à noter qu’en octobre dernier, la Nouvelle-Écosse passait une commande pour acquérir quatre hélicoptères H125 pour remplacer ceux de sa flotte actuelle, qui n’en compte plus que trois suite à l’accident.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. En 2023, c’est le Québec qui bénéficiait de bombardiers d’eau en provenance d’autres provinces pour combattre un nombre anormalement élevé de feux de forêt. Comme quoi le CIFFC fonctionne au bénéfice de tous. Mais les changements climatiques font en sorte que la tendance vers un accroissement de la problématique des feux de forêt semble inexorable. Des voix s’élèvent donc pour une modernisation et un accroissement des moyens aériens de lutte dans chacune des provinces canadiennes. Certains évoquent même la création d’une agence fédérale de lutte aux feux de forêt. Une telle initiative est un dragon de mer qui refait périodiquement surface. Dans la fédération canadienne, les provinces jouissent toutefois d’une large autonomie et sont généralement méfiantes à l’égard d’une trop grande centralisation. Mécanisme intergouvernemental qui a démontré son efficacité, le CIFFC fait parfaitement l’affaire de l’avis de plusieurs.

Il est toutefois clair que les provinces canadiennes devront moderniser et accroître leurs moyens de lutte aux feux de forêt, dont leurs flottes aériennes dédiées à cette tâche. Au printemps dernier, le Manitoba a lancé le bal en confirmant son intention d’acquérir trois appareils DHC-515 Canadair. Ce n’est qu’une question de temps avant que d’autres commandes affluent chez De Havilland Canada où l’assemblage du tout premier DHC-515 est en cours.