Mil Mi-24 ‘Hind’

Fiche d'identité

Appareil : Mil Mi-24 ‘Hind’
Constructeur : Mikhail Leontovich Mil
Désignation : Mi-24
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN : Hind
Variante :
Mise en service : 1972
Pays d'origine : U.R.S.S.
Catégorie : Hélicoptères
Rôle et missions : Hélicoptère de combat et de lutte anti-char

Sommaire

“ l'effrayant hélico de la guerre d'Afganistan ”

Histoire de l'appareil

Le Mil Mi-24, désigné « Hind » dans la nomenclature de l’OTAN, demeure l’un des hélicoptères d’attaque les plus emblématiques de la Guerre froide. Conçu dès la fin des années 1960 par le bureau d’études Mil, l’appareil s’inscrivait dans une logique opérationnelle radicalement différente de celle qui prévalait en Occident : il s’agissait d’un hélicoptère lourd, à la fois plateforme d’assaut et canonnière volante, capable de transporter une escouade de fantassins tout en délivrant une puissance de feu massive. Cette double vocation, transport de troupes blindé et appui-feu rapproché, fit du Mi-24 un instrument de guerre unique dans son genre, souvent comparé à un char volant.

La genèse du programme remonte à 1967, lorsque l’état-major soviétique, confronté à l’évolution rapide des doctrines aéroterrestres, fit émerger le besoin d’un nouvel hélicoptère d’attaque. Contrairement aux conceptions occidentales privilégiant la séparation entre transport de troupes et hélicoptère d’attaque, les Soviétiques envisagèrent un appareil polyvalent destiné à accompagner les blindés sur le champ de bataille. Le concept, alors en rupture, fut proposé par Mikhaïl Mil et son équipe sous la forme du projet V-24. Les travaux de développement aboutirent à un premier vol du prototype en septembre 1969, suivi d’une évaluation par les forces armées dès 1971. La version initiale, désignée Mi-24A, fut officiellement mise en service dans l’Armée rouge en 1972.

Sur le plan technique, le Mil Mi-24 se distinguait d’emblée par ses dimensions massives, son blindage conséquent et une motorisation puissante. Il reposait sur une cellule dotée d’un train tricycle escamotable, d’un cockpit blindé à deux postes côte à côte (sur les premières versions), et d’un compartiment arrière capable de transporter jusqu’à huit soldats entièrement équipés. Il était propulsé par deux turbines Klimov TV3-117 de 2200 chevaux chacune, entraînant un rotor principal quadripale et un rotor de queue bipale. La vitesse de croisière atteignait 270 km/h, avec une vitesse maximale de 335 km/h en palier – des performances exceptionnelles pour un hélicoptère lourd de combat. Sa vitesse élevée et sa capacité de charge faisaient de lui un engin redoutable sur un théâtre d’opérations dynamique.

L’armement du Mi-24A, limité à des paniers de roquettes non guidées et à des missiles antichars 9M17M Falanga (code OTAN AT-2 Swatter), fut jugé rapidement insuffisant. À partir de 1976, les autorités soviétiques mirent en service le Mi-24D, désigné par l’OTAN sous l’appellation Hind-D. Cette version, profondément modifiée, introduisit une refonte complète du cockpit, avec une disposition en tandem (le pilote en position surélevée à l’arrière, le tireur à l’avant), facilitant la visibilité et l’emploi de systèmes d’armes guidées. L’armement principal était alors constitué d’une mitrailleuse YakB-12,7 de 12,7 mm quadritube montée en tourelle sous le nez, pilotée par le viseur optique du tireur. L’appareil pouvait également emporter des paniers à roquettes UB-32 de 57 mm, des bombes lisses, ou des lance-missiles guidés AT-2. Cette version marqua la véritable entrée du Mi-24 dans le champ de bataille moderne.

Avec l’apparition du Mi-24V (Hind-E) à partir de 1981, les capacités du système d’armes furent encore accrues. L’appareil recevait des missiles antichars 9M114 Shturm (AT-6 Spiral), guidés par radio et bien plus précis que leurs prédécesseurs. Il fut également doté de dispositifs de brouillage et de leurres thermiques, destinés à accroître sa survivabilité contre les systèmes sol-air. Toutefois, la structure de base, conçue autour d’une architecture peu agile, limitait ses capacités de manœuvre à basse altitude. Sa vulnérabilité restait sensible face aux missiles portables à guidage infrarouge, comme le FIM-92 Stinger, ou même à l’armement léger utilisé dans des conflits asymétriques.

La première grande campagne opérationnelle du Mil Mi-24 eut lieu en Afghanistan, à partir de l’invasion soviétique de décembre 1979. Sur ce théâtre, l’hélicoptère joua un rôle décisif dans les missions d’escorte, de frappe en profondeur et de soutien au sol. Redouté par les combattants moudjahidines, il était surnommé « le char du ciel« . Toutefois, la prolifération des missiles portables Stinger, livrés à partir de 1986 par les États-Unis, infligea de lourdes pertes aux unités d’hélicoptères. En réponse, les Soviétiques renforcèrent les contre-mesures et adaptèrent leur tactique : vols en rase-mottes, attaques rapides en plongée, emploi en tandem avec des appareils de reconnaissance ou de détection. Malgré ces pertes, le Mi-24 démontra sa résilience et sa capacité à opérer dans des conditions extrêmes, y compris en haute montagne et à température élevée.

Les performances du Hind suscitèrent rapidement l’intérêt de nombreux pays alliés du Pacte de Varsovie. Une version d’exportation, désignée Mi-25, fut proposée dès le début des années 1980. Elle reprenait les caractéristiques du Mi-24D, avec des équipements simplifiés. Une autre version, le Mi-35, fut ultérieurement proposée à l’export, basée sur la cellule du Mi-24V avec des améliorations avioniques. De nombreux pays africains, asiatiques et latino-américains intégrèrent ainsi le Mi-24 dans leurs forces aériennes, souvent dans un rôle de force de réaction rapide. L’appareil participa à de nombreux conflits régionaux, du Sahara occidental au Sri Lanka, en passant par l’Angola, l’Éthiopie, le Nicaragua ou encore l’Irak.

L’évolution de la gamme se poursuivit avec l’introduction du Mi-24P, reconnaissable à son canon bitube GSh-30K de 30 mm monté sur le flanc droit, remplaçant la mitrailleuse en tourelle. Ce système permettait une meilleure précision sur les cibles blindées, mais au prix d’une moindre flexibilité angulaire. Le Mi-24VP, quant à lui, conserva la mitrailleuse tourelle mais introduisit des améliorations sur le système de visée et l’avionique. Le cockpit fut modernisé avec des afficheurs multifonctions, et certains appareils furent adaptés à l’usage de lunettes de vision nocturne.

Dans les années 1990 et 2000, le Mi-24 connut une série de modernisations successives. Le bureau Mil, désormais intégré dans Russian Helicopters, proposa plusieurs kits de mise à niveau. L’un des plus complets, le programme Mi-35M, incluait de nouvelles pales de rotor en matériaux composites, un train d’atterrissage fixe simplifié, une réduction du poids, des systèmes optoélectroniques de nouvelle génération et la possibilité d’intégrer des missiles guidés modernes comme le 9M120 Ataka. Ces versions améliorées demeurent encore aujourd’hui en service actif dans plusieurs armées, dont celles de la Russie, du Venezuela, du Nigéria ou de l’Azerbaïdjan.

Sur le plan tactique, le Mi-24 conserva son rôle de plate-forme multirôle, mais fut de plus en plus utilisé comme appareil d’appui feu, délaissant en pratique sa capacité de transport, jugée secondaire. La doctrine soviétique avait initialement envisagé l’hélicoptère comme une unité de choc, capable de transporter une escouade tout en neutralisant les menaces sur le front. Cependant, les contraintes opérationnelles et les limitations du design conduisirent à l’adopter dans un rôle plus classique de « gunship« , à l’image du Bell AH-1 Cobra, bien que le Mi-24 fût plus lourd et nettement plus blindé.

Le conflit russo-ukrainien depuis 2014, et en particulier la guerre ouverte déclenchée en 2022, a vu un retour en force du Mi-24 sur les théâtres d’opérations européens. Employé pour des frappes de saturation, l’appareil y fit face à des défenses antiaériennes modernes, et subit des pertes significatives. Néanmoins, son engagement massif témoigne de la pérennité de sa conception et de sa facilité de maintenance dans des conditions de guerre de haute intensité. Il fut souvent vu en action aux côtés du plus récent Ka-52 Alligator, ce dernier assurant la couverture des missions les plus complexes.

Avec plus de 2300 exemplaires produits entre 1971 et la fin des années 1980, le Mil Mi-24 représente l’un des hélicoptères de combat les plus diffusés au monde. De nombreux appareils demeurent en service ou en réserve, souvent dans des rôles secondaires ou pour l’instruction. Le Hind a marqué l’histoire militaire contemporaine par sa silhouette unique, sa brutalité opérationnelle et sa longévité.

Héritier d’une doctrine mécanisée à la soviétique, il demeure, cinquante ans après son premier vol, l’un des plus puissants symboles de l’aéronef de combat polyvalent. À la fois vecteur d’effroi et légende mécanique, le Mil Mi-24 reste aujourd’hui un monument de l’aéronautique militaire, redouté, respecté, et encore utilisé, là où les conflits exigent robustesse, puissance et simplicité.


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Photos du Mil Mi-24 ‘Hind’

Caractéristiques techniques

Modèle : Mil Mi-24 'Hind-E'
Envergure : 17.30 m (diamètre rotor principal; largeur: 6.54 m)
Longueur : 17.50 m
Hauteur : 6.50 m
Surface alaire : N.C.
Motorisation : 2 turbomoteurs Isotov TV3-117
Puissance totale : 2 x 2200 ch.
Armement : 1 mitrailleuse de 12.7mm quadritube en tourelle
4 paniers à roquettes
4 missiles antichars AT-2 Swatter
Charge utile : -
Poids en charge : 12000 kg
Vitesse max. : 322 km/h
Plafond pratique : 4570 m
Distance max. : 750 Km
Equipage : 2
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Profil couleur du Mil Mi-24  ‘Hind’

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Mil Mi-24  ‘Hind’
Fiche éditée par
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Claudio
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Vidéo du Mil Mi-24 ‘Hind’

MI-24 Hind