Airbus Helicopters VSR700

Fiche d'identité

Appareil : Airbus Helicopters VSR700
Constructeur : Airbus Helicopters (anc. Eurocopter)
Désignation : VSR700
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN :
Variante :
Mise en service : 2030
Pays d'origine : Europe (coopération)
Catégorie : Drones - U.A.V.
Rôle et missions : Drone tactique multi-missions : Reconnaissance ISR, Surveillance maritime, Appui aux opérations navales

Sommaire

“ L'hélicoptère français devenu drone naval ”

Histoire de l'appareil

Au début des années 2010, dans une phase de modernisation de ses capacités navales de surveillance et de reconnaissance, la Marine française a initié une réflexion stratégique sur l’intégration de systèmes de drones aériens embarqués. Face aux contraintes budgétaires contemporaines et à l’évolution des menaces navales asymétriques, notamment l’intensification des activités sous-marines dans les zones d’exclusion économique européennes et la résurgence des tensions en Méditerranée orientale, les états-majors français ont identifié la nécessité d’un système aérien tactique capable d’étendre substantiellement les capacités de surveillance des forces navales. Cette démarche s’inscrivait dans une logique d’optimisation opérationnelle visant à réserver l’utilisation des hélicoptères pilotés NH90 Caiman aux missions de haute intensité, tout en développant une capacité de reconnaissance persistante pour les missions de surveillance des zones économiques exclusives et de lutte contre les trafics illicites, opérations réclamant une endurance et une disponibilité opérationnelle accrues que ne pouvaient garantir les moyens pilotés traditionnels.

En 2017, la Direction générale de l’armement (DGA) a officiellement notifié à Airbus Helicopters et à Naval Group un contrat d’étude d’une valeur de 100 millions € dans le cadre du projet de Système de Drone Aérien de la Marine (SDAM). Ce programme ambitieux visait à développer un système aérien sans pilote tactique spécifiquement conçu pour les opérations navales embarquées, capable d’opérer depuis les principales plateformes de la flotte française.

Les spécifications techniques émises par l’état-major de la Marine Nationale exigeaient un appareil polyvalent doté d’une capacité d’emport utile de 150 kilogrammes, d’une endurance opérationnelle de huit heures en configuration standard et d’aptitudes au décollage et à l’appontage autonomes par mer formée jusqu’à l’état 5. Le cahier des charges précisait également la nécessité d’une intégration harmonieuse avec les systèmes de combat navals existants, notamment les systèmes SETIS (Système de combat des navires de surface pour des opérations navales de haute intensité) et SIC 21 (Système d’Information et de Commandement). Ainsi qu’une capacité de mise en œuvre depuis les frégates multi-missions « classe Aquitaine » ou FREMM, mais aussi les futures frégates de défense et d’intervention FDI, et les porte-hélicoptères d’assaut de type Mistral disposant d’hélisurfaces adaptées.

Airbus Helicopters a développé sa réponse technique autour d’une architecture particulièrement originale, s’appuyant sur la cellule éprouvée de l’hélicoptère léger Guimbal Cabri G2, fruit d’une collaboration avec la société Hélicoptères Guimbal basée à Aix-en-Provence. Cette approche innovante, annoncée officiellement en octobre 2016, consistait à transformer un aéronef habité civil en plateforme militaire autonome, conservant la robustesse structurelle et les caractéristiques aérodynamiques optimisées de l’appareil d’origine tout en intégrant les systèmes critiques de pilotage automatique, de navigation inertielle et de communication sécurisée nécessaires aux missions sans pilote en environnement naval hostile.

L’architecture technique du VSR700 repose sur une motorisation diesel Ardiden 3C de chez Safran Helicopters Engines qui lui confère une autonomie remarquable de 700 kilomètres et une endurance de 8 heures. Celle-ci est associée à un fenestron anti-couple hérité du Cabri G2 qui garantit une signature acoustique réduite et une sécurité accrue lors des opérations critiques d’appontage sur navires en mouvement. La conception modulaire de la soute ventrale permet l’intégration rapide de diverses charges utiles selon les exigences spécifiques de mission : systèmes électro-optiques multi-spectraux, radars de surveillance maritime à antenne synthétique, équipements de guerre électronique ou encore capteurs de détection magnétique anti-sous-marine.

Le prototype du VSR700 effectua son premier vol le 8 novembre 2019 au centre d’essais d’Airbus Helicopters à Marignane, marquant l’aboutissement de trois années de développement intensif. Ce vol inaugural, d’une durée de 30 minutes et piloté à distance depuis une station de contrôle au sol équipée de liaisons de données sécurisées, a démontré la parfaite maîtrise des systèmes de commande de vol par câbles électriques et la stabilité remarquable de la plateforme durant les phases critiques de décollage, transition vers le vol de croisière et atterrissage de précision.

Les premiers essais ont confirmé les capacités de l’appareil à évoluer à des altitudes atteignant 5000 mètres avec une vitesse de croisière optimisée de 185 kilomètres par heure et une vitesse maximale de 220 kilomètres par heure. Une étape technique décisive fut franchie le 28 juillet 2020 lorsque le prototype a réalisé son premier vol autonome libre d’une durée de dix minutes près d’Aix-en-Provence, utilisant exclusivement ses systèmes de navigation inertielle et GPS différentiel sans intervention des opérateurs au sol, marquant ainsi l’aboutissement de la phase initiale de développement et ouvrant définitivement la voie aux essais opérationnels complexes en environnement naval.

La campagne d’essais en mer a constitué l’une des phases les plus critiques et exigeantes techniquement pour le programme de développement. En mars 2022, la DGA a conduit une batterie exhaustive de tests opérationnels au large de Brest depuis le navire d’essais VN Partisan, validant méthodiquement les capacités d’appontage et de décollage autonomes du système révolutionnaire développé par Airbus Defence and Space. Ces essais ont démontré l’efficacité remarquable du système DeckFinder, technologie propriétaire utilisant des capteurs LIDAR (Light detection and ranging, télédétection par laser) et des algorithmes de traitement d’image en temps réel qui permettent au VSR700 d’effectuer des manœuvres autonomes de précision de jour comme de nuit, par conditions météorologiques endurantes incluant des vents de travers de 45 nœuds et une houle de 4 mètres. Au total, 150 décollages et appontages autonomes ont été réalisés avec un taux de succès de 98%, confirmant définitivement la maturité technologique de la plateforme et sa capacité à opérer dans un environnement naval le plus contraignant.

L’étape finale et décisive de cette phase d’évaluation opérationnelle s’est déroulée en octobre 2023 à bord de la frégate Provence en mer Méditerranée, où le démonstrateur SDAM a été testé dans des conditions opérationnelles réelles de haute mer, parfaitement intégré aux systèmes de combat et de navigation du bâtiment, validant l’ensemble de la chaîne opérationnelle depuis la préparation de mission jusqu’à l’exploitation des données de reconnaissance.

Les capacités opérationnelles polyvalentes du VSR700 couvrent un spectre de missions particulièrement étendu, répondant aux nouveaux défis de la guerre navale moderne. Dans sa configuration standard de surveillance maritime, l’appareil embarque des systèmes électro-optiques haute résolution Safran Euroflir 410 avec capacité infrarouge et télémétrie laser, des radars de veille surface à synthèse d’ouverture et des équipements d’identification automatique des navires (AIS) permettant la corrélation en temps réel des signatures radar et des transpondeurs civils.

Sa charge utile modulaire de 150 kilogrammes, répartie dans une soute ventrale climatisée et une nacelle d’emport externe, permet l’adaptation rapide aux exigences spécifiques de chaque théâtre d’opérations : surveillance maritime étendue avec autonomie de 700 kilomètres, reconnaissance tactique rapprochée, missions de guerre électronique avec brouilleurs et intercepteurs de communications, ou encore missions SAR (« search and rescue ») avec des kits spécialisés de sauvetage en mer incluant des balises de détresse et des radeaux de survie largables.

Plus récemment, le développement d’une capacité anti-sous-marine complète a été initié en partenariat avec Thales, incluant l’intégration de bouées sonar et de détecteurs d’anomalie magnétique, élargissant considérablement le champ d’emploi tactique de cette plateforme polyvalente et positionnant le VSR700 comme un multiplicateur de force particulièrement efficace pour les marines modernes confrontées à la menace sous-marine résurgente.

L’intégration du VSR700 dans les systèmes de combat navals existants représente un défi technologique considérable qui a nécessité le développement d’interfaces spécifiques avec les standards OTAN. La plateforme doit s’interfacer harmonieusement avec les systèmes de commandement et de contrôle SENIT 9 (système d’exploitation navale des informations tactiques) des frégates françaises, partager ses données de reconnaissance en temps réel avec les centres opérationnels via les liaisons de données Link 16 et Link 22, et coordonner ses actions avec les autres moyens aériens et navals déployés dans le cadre d’opérations interarmées complexes.

Les tests approfondis menés à bord de la frégate Provence ont validé ces capacités critiques d’intégration opérationnelle, démontrant que le système peut opérer en parfaite coordination avec les hélicoptères NH90 Caiman de la Marine nationale, s’insérer dans la planification automatisée des vols et s’intégrer facilement dans la chaîne de commandement tactique des opérations navales multinationales. Cette interopérabilité technique, associée à la capacité de déploiement rapide depuis les principales classes de navires français, confère au VSR700 une polyvalence opérationnelle unique dans le paysage des systèmes navals européens.

Bien que le programme ait connu certaines difficultés techniques initiales liées à la complexité des systèmes embarqués et aux exigences particulièrement sévères de l’environnement maritime corrosif, notamment des problèmes de tenue des équipements électroniques à l’humidité saline et des défis de transmission des données par conditions météorologiques dégradées, les résultats obtenus lors des phases d’essais successives confirment définitivement le potentiel opérationnel exceptionnel du VSR700.

La Marine Nationale prévoyait une première commande de 15 systèmes SDAM complets, incluant les vecteurs aériens, les stations de contrôle au sol et les systèmes de maintenance embarqués, avec une livraison prévue à partir de 2028. À ce jour, la Loi de programmation militaire 2024-30 indique l’acquisition de 8 exemplaires d’ici 2030, l’objectif étant ensuite d’en doter tous les navires dits de premier rang à l’horizon 2035. Cette commande, d’une valeur estimée à 500 millions d’euros, équipera prioritairement les nouvelles frégates FDI en cours de construction et modernisera les capacités des frégates FREMM déjà en service. L’appareil suscite également un intérêt commercial croissant d’autres marines alliées, notamment la Marine royale belge et la Marine grecque, dans le cadre de coopérations européennes en matière de systèmes navals autonomes et de mutualisation des coûts de développement.

Le VSR700 représente aujourd’hui l’une des plateformes de drone naval les plus avancées techniquement au niveau européen, rivalisant directement avec les systèmes américains MQ-8C Fire Scout et donnant à l’Europe un produit autochtone sur marché des systèmes aériens navals non habités. Fruit de la collaboration industrielle avec la Marine nationale, cet appareil illustre parfaitement l’évolution inexorable des systèmes d’armes vers une automatisation croissante des missions de surveillance et de reconnaissance, libérant les équipages humains pour les tâches à plus haute importance. Sa conception modulaire et sa capacité d’adaptation aux différents théâtres d’opérations, depuis les cotes hexagonales jusqu’aux zones économiques exclusives des territoires d’outre-mer français, en font un atout stratégique majeur pour les forces navales du XXIe siècle. Le VSR700 marque une étape technologique significative dans l’intégration progressive des systèmes autonomes au sein des moyens navals conventionnels et préfigurant l’évolution future des opérations aéronavales.


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Photos du Airbus Helicopters VSR700

Caractéristiques techniques

Modèle : Airbus Helicopters VSR700
Envergure : 7.20 m diamètre du rotor principal
Longueur : 6.20 m
Hauteur : 2.00 m
Surface alaire : N.C.
Motorisation : 1 moteur diesel Thielert Centurion 2.0
Puissance totale : 1 x 145 ch.
Armement : possibilité de grenades anti-sous-marines
Charge utile : 150 kg de charges modulaires
Poids en charge : 760 kg
Vitesse max. : 187 km/h
Plafond pratique : 5000 m
Distance max. : 150 Km (autonomie max de 10 heures)
Equipage :
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Profil couleur

Profil couleur du Airbus Helicopters VSR700

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Airbus Helicopters VSR700
Fiche éditée par
Image de Gaëtan
Gaëtan
Passionné d'aéronautique et formateur en design graphique, il est le fondateur, en 1999, de l'encyclopédie de l'aviation militaire www.avionslegendaires.net. Désormais principalement administrateur et créateur des affiches de la boutique, il vous fait partager ses avis et coups de coeur (ou de gueule) sur l'actualité aéronautique.
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Vidéo du Airbus Helicopters VSR700

Présentation technique du VSR700