Changhe Z-8

Le 1er mai 2010 la Marine Nationale retirait du service un de ses plus mythiques hélicoptères, l’Aérospatiale SA.321G Super Frelon, le remplaçant par des Eurocopter EC225 Super Puma loués spécialement pour l’occasion. Ce trimoteur à turbine conçu au début des années 1960 avait été fort peu vendu à l’étranger, ses principaux clients étant l’Afrique du Sud, l’Irak, et Israël. Pourtant depuis le tout début des années 1980 la Chine possède une licence de fabrication de cet appareil grâce auquel elle a grandement augmenté ses capacités de transport aéroporté et de sauvetages en mer. Il y est localement connu comme Changhe Z-8.

C’est en 1975 qu’Aérospatiale livra le premier des douze SA.321G Super Frelon commandés par la République Populaire de Chine. Ce contrat avait à l’époque fait des remous, les Américains et plusieurs pays d’Europe occidentale s’inquiétant du fait que ce pays communiste puisse acquérir une technologie avancée. Leurs craintes semblaient fondées puisqu’à peine livré le premier exemplaire fut envoyé dans les ateliers du constructeur Harbin afin d’y être étudié. C’est l’ingénieur en chef Lhi Zaijïan qui mena cette étude. Celle-ci n’était pas particulièrement du goût des Français, et en premier lieu d’Aérospatiale. Le résultat fut un gel des livraisons de l’été 1977 à Noël 1979. Un accord fut finalement trouvé ; Lhi Zaijïan et son équipe étant écartés du programme aux profits de Su Min, ingénieur en chef des bureaux d’études Changhe. Une licence restrictive de production fut accordée par l’hélicoptériste français. La version chinoise pouvait être fabriquée sans limite de quantités mais pas exportée. Aérospatiale apporta une clause de 50 ans à cette restriction, celle-ci arrivant à échéance en 2031. Elle concernait également d’éventuels développements ultérieurs de l’appareil.

Désigné Changhe Z-8 le Super Frelon chinois différait dès le départ très peu de son modèle français original. Ses trois turbines WZ-6 produites par Changzou étaient en réalité des Turboméca Turmo identiques à celles en service en France. Plus de 90% des pièces françaises d’origines furent manufacturées localement, suivant les accords entre Paris et Pékin. Le premier vol du prototype intervint le 11 décembre 1985.

Dès les premiers vols d’essais l’OTAN décida de ne pas lui attribuer de désignation. Le Changhe Z-8 était aux yeux des décideurs occidentaux un Super Frelon produit localement avec l’aval de la France. Deux versions principales commencèrent leur entrée en service à l’été 1989 : le Z-8A destiné à l’armée chinoise et le Z-8J à son aéronavale. Dès le départ la marine chinoise voulut obtenir sa version armée, sachant l’hélicoptère apte en France à tirer le missile AM-39 Exocet. Changhe l’adapta à l’emport et au tir de deux missiles antinavires YJ-81. Durant toutes les années 1990 le Z-8 ne cessa d’évoluer jusqu’à donner naissance au début des années 2000 au Z-8F. Sur cette version les turbines WZ-6 d’origine laissèrent la place à des Pratt & Whitney Canada PT6B-67A de puissance identique mais jugées plus fiables. Cependant des bisbilles diplomatiques entre Américains et Chinois limitaient l’emploi de celles ci. La WZ-6 d’origine française demeura la norme.

Depuis 2016 c’est le Changhe Z-8H qui a repris le flambeau sur les chaînes d’assemblage. Dédié principalement au transport d’assaut et aux recherches et sauvetages en mer ou encore aux recherches sauvetages au combat il est en service dans toutes les composantes militaires chinoises. Il se distingue des autres Z-8 par son glass cockpit, sa nouvelle chaîne de communication encryptée, et par la généralisation de capteurs optroniques installés au niveau du nez de l’hélicoptère et de son proéminent radar météo. Le Z-8H par contre n’emporte plus de missile antinavire, la fonction ayant été reprise par le Harbin Z-20F.

À l’été 2025 le Changhe Z-8 figurait toujours comme le principal hélicoptère de transport d’assaut lourd et de recherches sauvetages en service en Chine. Sa production se poursuivait. Surtout il a donné naissance à deux appareils assez différents, le Z-8AEW de détection aéroportée et le Z-18 nettement plus avancé. Une seule version parapublique du Z-8 existe à ce jour sous la forme du Z-8WJS de lutte contre les feux de forêts et d’espaces naturels.