Dassault Aviation Mirage 2000N

Fiche d'identité

Appareil : Dassault Aviation Mirage 2000N
Constructeur : Dassault Aviation
Désignation :
Nom / Surnom : Mirage 2000N
Code allié / OTAN :
Variante : Mirage 2000BN
Mise en service : 1988
Pays d'origine : France
Catégorie : Bombardiers après 1950
Rôle et missions : Bombardier nucléaire, avion d'attaque au sol et d'appui aérien.

Sommaire

“ Le chasseur devenu bombardier pré-stratégique ”

Histoire de l'appareil

En France en ce début de vingt-et-unième siècle ce sont la Marine Nationale et l’Armée de l’Air qui sont en charge de mettre en œuvre les vecteurs de frappe nucléaire qui assurent la dissuasion, c’est à dire un des pans de base de notre défense. Au sein de la première ce sont les missiles mer-sol balistiques stratégiques M51 tirés depuis les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la classe Le Triomphant qui assurent cette mission. Tandis que dans la seconde arme ce sont les missiles ASMP-A (pour air-sol moyenne portée amélioré) lancés depuis des avions de combat omnirôles Dassault Aviation Rafale standard F3 et le dernier bombardier encore en dotation dans l’arsenal français : le Dassault Aviation Mirage 2000N.

Les origines de cette machine remontent à la seconde moitié des années 1970, quant il fallut réfléchir à l’option de donner un successeur à celui qui alors à la charge de bombardier nucléaire : le Dassault Mirage IVA. Initialement il était prévu de retirer du service cet avion entre 1976 et 1978, et de le remplacer par un nouveau bombardier nucléaire. Cependant les chocs pétroliers eurent tôt fait de refroidir les ardeurs de l’Armée de l’Air et de l’Élysée sur le dossier. Désormais la France n’avait plus la capacité d’engager un chantier aussi complexe que celui d’un bombardier nucléaire qui par essence même ne serait pas disponible pour l’export et donc plus difficile à rentabiliser pour son constructeur.

L’état-major de l’Armée de l’Air pensa un temps transformer l’avion de chasse expérimental Super Mirage 4000 mais après le refus catégorique du pouvoir politique de le commander en série il s’avéra impossible de le proposer comme remplaçant du Mirage IVA. Deux idées se firent alors jour dans l’esprit des généraux français : repousser le retrait de l’avion tout en le modernisant et transformer l’avion de chasse et de transformation opérationnelle Mirage 2000B en bombardier pré-stratégique.

En fait l’idée reposait sur un retour d’expérience : celui des avions de chasse Dassault Mirage IIIE adaptés comme bombardiers nucléaires d’appoint au moyen de la bombe nucléaire AN-52. Sauf que désormais le nouvel avion devait bien emporter cette arme mais également le très secret missile air-sol moyenne portée (ou ASMP) dont l’étude et le développement viennent d’être lancé par le constructeur Aérospatiale. Le choix officiel du Mirage 2000 comme base de travail pour un nouveau bombardier est officiellement finalisé en conseil des ministres en juin 1978. Un prototype et un avion de présérie sont donc alors commandés, en plus bien sûr des 75 exemplaires de série.

Dans un premier temps l’avion est désigné Mirage 2000BN (pour Biplace Nucléaire) et présenté comme tel à la presse en 1980. Rapidement pourtant l’état-major décide de changer son fusil d’épaule, car certaines publications satiriques et/ou humoristiques, et notamment le magazine de bande-dessinée Pilote caricaturent l’avion en faisant le lien entre le terme BN et le célèbre biscuit « choco-BN ». Au final, début 1981 il est décidé de le nommer Mirage 2000N.

Son développement ne pose pas de gros problèmes à Dassault Aviation qui doit, par contrat, travailler en collaboration avec Aérospatiale afin de maximiser les chances autours de l’intégration du missile ASMP. Finalement le prototype réalise son premier vol le 3 février 1983. L’avion de présérie quant à lui vola trois ans plus tard, le 3 mars 1986, une fois toutes les modifications réalisées suite aux essais en vol et tests d’armement.

Extérieurement le nouveau bombardier de Dassault Aviation ressemble beaucoup à l’avion de transformation opérationnel dont il est issu. Comme lui il n’emporte pas de canon mitrailleur, et sa structure générale est très similaire. Il possède également une perche de ravitaillement en vol. Par contre c’est au niveau de l’avionique que les choses changent. Le Mirage 2000N dispose d’un radar de suivi de terrain Antilope 5 essentiel à la mise en œuvre du missile nucléaire ASMP. Ce dernier est emporté en point central tandis que deux missiles air-air R-550 Magic assurent son autodéfense depuis la voilure. En outre il est prévu que l’avion soit gréé en permanence avec deux réservoirs externes largables de 2000 litres chacun. Enfin le Dassault Aviation Mirage 2000N possède sa propre livrée camouflée, différente de celle des Mirage 2000C destinés à la défense aérienne.

Les premiers exemplaires de série du Mirage 2000N sont livrés à l’EC 1/4 Dauphiné sur la Base aérienne 116 de Luxeuil-Saint Sauveur à la mi-mars 1988. Dans un premier temps ces avions ne vont pas remplacer les Mirage IVP mais bel et bien les «vieux» Mirage IIIE et leur bombe atomique. Désormais les Mirage 2000N prennent l’alerte nucléaire ! En fait l’entrée en service de l’appareil est véritablement historique pour l’Armée de l’Air car ces bombardiers forment le premier binôme avion-missile de croisière de l’histoire militaire française.

Cependant certains retards dans les livraisons des missiles ASMP obligent alors souvent l’Armée de l’Air à recourir à un emport différent : deux bombes AN-52, alors même que le Dassault Aviation Mirage 2000N n’a pas été pensé pour une telle arme à la différence du Mirage IVP. À la même époque le centre d’expérimentation des armes et matériels commença à travailler sur la possibilité d’adapter le nouveau bombardier nucléaire à des missions conventionnelles au moyens de bombes lisses voire de munitions guidées. Bien entendu ces études se firent en collaboration étroite avec les ingénieurs de Saint-Cloud.

Ces études débouchèrent en 1990 sur la livraison des premiers Mirage 2000N-K2 c’est à dire aptes à la fois aux frappes nucléaires pré-stratégique au moyen de l’ASMP mais aussi aux tirs de bombes guidées laser. Du coup les premiers Mirage 2000N devinrent des 2000N-K1. Sur Mirage 2000N-K2 l’avionique était plus poussée avec notamment un système de brouillage électronique Caméléon, un détecteur d’alerte radar, ou encore un système d’éjecteurs de leurres électromagnétiques et infrarouges.

L’année 1995 marque à la fois le premier engagement opérationnel d’un Mirage 2000N dans des missions d’appui tactique au-dessus d’un territoire ennemi, en ex-Yougoslavie, mais aussi la première perte d’un bombardier de ce type sur ce même théâtre d’opérations extérieures. Cependant le concept du Mirage 2000N-K2 trouve dans cette guerre civile sa totale application. C’est alors qu’il est décidé de transformer tous les Mirages 2000N en 2000N-K2+.

Par la suite les Mirage 2000N furent de tous les engagements où l’Armée de l’Air avaient besoin d’eux comme vecteurs de tirs de bombes conventionnelles à guidage laser. De bombardier nucléaire il s’était peu à peu mué en avion d’appui tactique à l’image de son «cousin» le Mirage 2000D. En Afghanistan d’abord puis au-dessus du Mali et de la bande sahélo-saharienne ensuite.

Pourtant dans le même temps la flotte de Dassault Aviation Mirage 2000N poursuit sa mission initiale d’alerte nucléaire. En 2009 l’Armée de l’Air accepte au service le premier de ses trente Mirage 2000N-K3 spécialement modifiés à partir de 2000N-K2+ pour l’emport et le tir du tout nouveau ASMP-A. Même si désormais la cible n’est plus l’ex-Union Soviétique et ses anciens alliés du pacte de Varsovie les missions de frappes pré-stratégiques persistent. D’ailleurs signe des temps en juin 2011 les Mirage 2000N quittent définitivement la rigoureuse Haute-Saône pour le doux soleil provençal et les installations de la Base Aérienne 125 d’Istres-le-Tubé.

Entre 2007 et 2016 les Mirage 2000N furent même parmi les vedettes de meetings aériens dans toute l’Europe grâce à la patrouille de démonstration Ramex Delta qui figurait parmi les plus impressionnants ambassadeurs de l’Armée de l’Air, au même titre que la Patrouille de France. Avec deux bombardiers nucléaires (heureusement non armés) les Ramex Delta assuraient le show et réalisaient des figures en ordre très serrés. Ils ont par la suite été remplacés par les Couteaux Delta volants quant à eux sur Mirage 2000D.

Leur fin de carrière ne sera pourtant pas plan-plan puisqu’en 2015 il est décidé par l’état-major de l’Armée de l’Air de les faire participer à la force Chammal qui lutte contre les implantations de l’autoproclamé État Islamique en Irak mais aussi en Syrie. À cette occasion des Mirage 2000N tirent contre Daech des bombes guidées GBU-12 et A2SM de facture respectivement américaine et française. Les bombardiers nucléaires français assurent leur mission avec une redoutable régularité, pour le plus grand bonheur de la coalition internationale.

Néanmoins à l’été 2018 le Mirage 2000N quitte discrètement le service actif remplacé par l’ultra-polyvalent Dassault Aviation Rafale B F3. Une page de la dissuasion nucléaire française se tourne. Les équipages de bombardiers nucléaires reviennent au biréacteur !

Au final le Dassault Aviation Mirage 2000N aura su durant trente ans démontrer qu’il était bien plus qu’un simple vecteur de frappe nucléaire. Avion d’attaque au sol mais donc aussi de présentation en vol ce monoréacteur a su laisser une trace indélébile dans l’esprit des passionnés et de nombreux néophytes qui eurent la chance de le voir évoluer en meeting aérien ou bien au-dessus des Champs-Élysées tous les étés. Bien entendu le Mirage 2000N n’a pas été exporté !

PARTAGER
Sondage

"Si la France devait mettre une des personnalités aéronautiques suivantes au Panthéon, laquelle vous semblerait la plus logique ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...

Photos du Dassault Aviation Mirage 2000N

Caractéristiques techniques

Modèle : Dassault Aviation Mirage 2000N K1
Envergure : 9.13 m
Longueur : 14.55 m
Hauteur : 5.15 m
Surface alaire : 41.00 m2
Motorisation : 1 turboréacteur SNECMA M53-P2
Puissance totale : 1 x 6486 kgp. avec post-combustion.
Armement : 1 missile nucléaire ASMP
2 missiles air-air R-550 Magic
Charge utile : -
Poids en charge : 17000 kg
Vitesse max. : 2300 km/h à 13000 m
Plafond pratique : 18000 m
Distance max. : 1450 Km sans ravitaillement en vol.
Equipage : 2
[...] Passez dans le comparateur...

Profil couleur

Profil couleur du Dassault Aviation Mirage 2000N

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Dassault Aviation Mirage 2000N
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
Facebook
Twitter
Pinterest
Email
Print

Vidéo du Dassault Aviation Mirage 2000N

Démonstration des Ramex Delta et de leurs Mirage 2000N