Les années 1930 furent une période de faste pour l’aéronavale japonaise qui passa d’une force mineure à une des principale de la planète. Elle pouvait s’appuyer sur des aéronefs de mieux en mieux pensés, de plus en plus en adéquations avec leur temps. L’époque était déjà aux monoplans tandis que certains biplans faisaient encore de la résistance. Les programmes s’enchaînaient tous azimuts, y compris ceux des hydravions. Ce fut notamment l’époque du Nakajima E4N.
Au cours du second semestre 1929 l’état-major de la marine impériale demanda à Nakajima d’imaginer un nouvel hydravion léger de reconnaissance et d’observation destiné à succéder à la fois aux déjà anciens Yokosuka E1Y aux plus récents E2N de sa conception. Assez logiquement l’industriel s’orienta vers un appareil reprenant les codes esthétiques et architecturaux de ce dernier. Afin de propulser son nouvel appareil désigné Nakajima NZ choisit le Kotobuki, un moteur à neuf cylindres en étoile d’une puissance de 580 chevaux. Ce moteur japonais était en fait une production sous licence locale du célèbre Bristol Jupiter britannique. Comme lui le Kotobuki entraînait une hélice bipale en métal. Les ingénieurs choisirent une construction mixte en contreplaqué et plaques d’aluminium montés sur une structure en métal. Les deux flotteurs demeuraient produits en bois. L’une des caractéristiques importantes du NZ était son poste de pilotage biplace en tandem totalement fermé. Il vola en décembre 1930 sous la désignation de Nakajima E4N. Les deux prototypes devaient représenter la future version de série.
Tout ne se passa pas comme prévu et les essais en vol de ces E4N1 se révélèrent catastrophiques. La motorisation était hors de cause mais l’architecture générale inadaptée. Nakajima reçut l’ordre de revoir sa copie en profondeur, d’autant plus qu’un lot de douze exemplaires de son concurrent direct fut commandé. Il s’agissait de l’Aichi E3A. Un des ingénieurs japonais eut alors l’idée de regarder ce qu’il se passait de l’autre côté du Pacifique, aux États-Unis. Un stratagème fut imaginé : le Vought O2U Corsair fut commandé sous la forme de l’AXV1. Une fois au Japon il servit de base au développement de l’E4N2 qui mélangeait ainsi ce qui avait marché sur l’E4N1 avec des éléments de l’avion américain. Et cette fois l’avion connu comme NJ fut testé puis accepté par les amiraux.
Les deux flotteurs principaux avaient disparus aux profit d’un flotteur central et de deux additionnels sous voilure tandis que le poste de pilotage avait été redessiné afin d’être à l’air libre. Le Nakajima E4N2 entra en service en décembre 1931 tandis qu’une version terrestre E4N2-C disposant d’un train classique fixe en lieu et place du flotteur principal fit son apparition à l’été 1932. La première fut assemblée à hauteur de 85 exemplaires et la seconde de 67. Plusieurs E4N2 furent employés comme hydravions d’observation embarqués sur croiseurs de haute mer.
Les Nakajima E4N, aussi bien hydravions qu’avions terrestres, furent employés pour des missions de reconnaissance tactique et d’observation lors de l’invasion japonaise de la Mandchourie. Ils s’y révélèrent adaptés sans craindre grand chose de la chasse locale. Les E4N2 assuraient notamment des missions de surveillance côtières et portuaires, une fois les territoires conquis.
Malgré de bonnes qualités les Nakajima E4N ne connurent pas une carrière particulièrement longue. Au début de l’année 1936 tous avaient quitté le service actif, leurs missions ayant été reprises par les Nakajima E8N jugés plus modernes tout en reprenant les grandes leur architecture. L’E4N n’ayant jamais été exporté sa carrière s’arrêta net.
Neuf avions d’une version civile dérivée de l’E4N2-C avaient pourtant été assemblés comme appareils postaux terrestres sous la désignation P-1. Ils volèrent jusqu’en 1941, étant retirés du service quelques semaines seulement avant Pearl Harbor.
Mal connu le Nakajima E4N fut pourtant un tournant dans l’histoire aéronavale du Japon. Il y fit entrer l’architecture dite des hydravions à flotteurs uniques. Celle-ci sera en vigueur jusqu’au Kawanishi E15K qui servit activement durant la guerre du Pacifique. Aucun E4N n’est parvenu jusqu’à nous, ni même de P-1 civil.
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