Il est des dates comme ça qui se suffisent à elles-même. Le 11 septembre en fait partie. On sait immédiatement de quoi on parle, et pourtant le 11 septembre reste près de quinze ans plus tard encore un fait mal connu, entre réalités, fantasmes, et théories du complot. Retour en arrière sur une matinée qui allait changer la face du monde.
Ce mardi 11 septembre 2001 au matin il fait beau sur la côte est des États-Unis. Un soleil radieux illumine New-York City et ses alentours, les nombreux touristes errent ci et là comme à leur habitude autour des monuments et musées, nombreux dans Big Apple, en quête d’un peu de fraîcheur. Dans la ville rien ne laisse présager du drame qui se prépare.
À 7h59 du matin à environ trois cents kilomètres de là, à l’aéroport de Boston-Logan le vol UA11 de la compagnie United Airlines décolle en direction de Los-Angeles. A bord du biréacteur long-courrier Boeing 767-200ER on trouve soixante-seize passagers et onze membres d’équipage. Une dizaine de minutes après le décollage cinq passagers quittent leurs sièges respectifs et se dirigent vers le cockpit. A 8 heures 14 le vol UA11 est officiellement détourné par les pirates de l’air. Deux d’entre eux s’installent aux commandes et entament rapidement un virage vers le sud.

Coïncidence surprenante, à l’heure même (8 heures 14) où le vol UA11 est détourné le vol UA175 quitte lui aussi le tarmac de Boston, à destination lui aussi de la mégalopole californienne. Il s’agit d’ailleurs du même type d’avion. En plus des neuf membres d’équipage on recense cinquante-six passagers. Aux alentours de 8 heures 45 là encore cinq pirates de l’air détournent le Boeing 767-200ER, et lui font également prendre un virage vers le sud. À l’instant T, le contrôle aérien de Boston écarte encore l’hypothèse des deux détournements, il recherche le vol UA11 pour des raisons techniques.
Six minutes après le décollage du vol UA175, à 8 heures 20 c’est le vol American Airlines AA77 qui décolle de l’aéroport de Washington-Dulles. Ce Boeing 757-200 doit relier la capitale fédérale à Los Angeles. Outre les six membres d’équipage l’avion transporte cinquante-huit passagers. Vingt-six minutes après son décollage l’avion opère un demi-tour inexpliqué. Il vient lui aussi d’être détourné par cinq pirates de l’air.
À 8 heures 42 c’est le vol United Airlines UA93 qui s’arrache du tarmac de Newark pour San-Francisco. Ce Boeing 757-200 transporte trente -sept passagers et sept membres d’équipage. Il est détourné par cinq pirates de l’air à 9 heures 27 et quitte sa route en amorçant lui aussi un virage important à 9 heures 30.
A ce moment-là le contrôle aérien américain vit une situation inédite : quatre avions de ligne ont été détournés dans la même matinée. Cependant les vols UA11 et UA175 ne sont déjà plus en vol.
En effet à 8 heures 46 le vol UA11 a percuté la tour nord du World Trade Center, une des deux célèbres tours jumelles de New York City. L’avion s’est immédiatement transformé en boule de feu. A près de 750 kilomètres heures l’avion de ligne a frappé le gratte-ciel entre le 93ème et 99ème étage. Tous ses passagers et membres d’équipage sont morts sur le coup. Rapidement les sirènes retentissent dans toutes les casernes de pompiers de Manhattan. Des dizaines de voitures de police convergent vers le lieu du crash. Dans toutes les têtes, la même question : comment un tel accident a pu arriver ?
Alors que les services de secours s’organisent, et que des dizaines de pompiers sont déjà dans les étages l’impensable se produit : la tour sud est elle-aussi frappée par un avion de ligne. Il est 9 heures 03, le vol UA175 vient de percuter le building entre le 77ème et le 85ème étage. Désormais c’est sûr, l’Amérique vient d’être victime d’un attentat de masse.

L’espace aérien de New York City est rapidement bouclé. Des chasseurs McDonnell Douglas F-15 Eagle et General Dynamics F-16 Fighting Falcon survolent la ville. Dans le même temps deux panaches de fumée noire s’élève dans son ciel : les tours sont en feu. Les pompiers arrivent de toute la ville, de tout le comté, de tout l’état. Des équipes du New Jersey décident même de venir prêter main-forte à leurs collègues new-yorkais. Ils arriveront trop tard.
À 9 heures 58 la tour sud, celle frappée en seconde s’effondre dans un énorme nuage de fumée et de poussières. Des dizaines de pompiers et de policiers s’y trouvaient, tentant d’évacuer le plus possible de survivants.
Pile trente minutes plus tard c’est la tour nord qui s’effondre sur la tour numéro 7, un hôtel de vingt-deux étages, écrasé par l’immense amas de tôles, d’aciers, et de verre. Dans sa chute la tour nord détruit partiellement la tour numéro 7, un « petit » building de quarante-sept étages. Il finira de s’effondrer en fin d’après-midi.
À ce moment-là New York City ressemble à un immense champ de ruines tant la poussière a envahi les rues, jusque dans les couloirs du métro. Une poussière âcre, épaisse, puante, une poussière qui s’insinue partout, une poussière qui ne part pas, même sous la douche.
En fait New York City n’a pas été la seule cible des terroristes. On ne parle alors plus de pirates de l’air, mais bien de terroristes.

À 9 heures 38 le vol AA77 a frappé l’un des sites les plus protégés au monde, le Pentagone, siège du Department of Defense. Le Boeing 757-200 a obliqué au-dessus de sa partie ouest à une vitesse d’environ 850 kilomètres heure. Lui aussi s’est transformé en boule de feu au contact du bâtiment fédéral. Immédiatement un incendie important éclate. Les pompiers du site, mais aussi ceux des villes avoisinantes, sont envoyés en urgence. Ils mettront tout de même plus de huit heures pour circonscrire l’incendie, certaines flammes dépassant les 1500°C.
À bord du vol UA93 la situation semble assez particulière : la majorité des passagers sait ce qu’il s’est passé à New York et au Pentagone, leurs proches les ont tenus au courant par SMS. Beaucoup semblent avoir compris que c’est leur tour d’être projetés contre un édifice. Hors leur Boeing 757-200 semble prendre le chemin de Washington-DC : la Maison Blanche ou le Congrès ? Quelle sera la cible des pirates ? Alors, dans un ultime effort ils arrivent momentanément à reprendre le contrôle de l’avion. Ils forcent les pirates aux commandes à le crasher dans une zone hors de toute habitation. Ce sera un terrain agricole à quelques kilomètres du village de Shanksville en Pennsylvanie. En dehors des passagers et membres d’équipage l’avion n’a tué personne, les terroristes ont perdu.

Au final les attentats du 11 septembre 2001 auront coûté la vie a au minimum 2977 victimes innocentes, en plus des terroristes. Plus de six mille personnes ont également été blessés ou atteintes de maux liés à ces attentats. Des centaines de secouristes et de témoins sont décédés depuis de ce que des médecins new-yorkais ont appelé le « syndrome du 11 septembre » qui se caractérise par des affections pulmonaires sévères, parfois des cancers, nés de ce qu’ils ont respiré aux abords de la zone du crash. Eux aussi sont les victimes du terrorisme.
Le 13 décembre 2001, soit trois mois après les attaques, le milliardaire saoudien Oussama Ben Laden revendiquait au titre de son organisation terroriste Al-Qaïda la responsabilité et la planification de ces attaques au titre de sa « guerre sainte » contre l’Amérique. En fait l’homme était déjà considéré comme le plus plausible responsable de ce meurtre de masse par les enquêteurs américains du FBI.
Réponse immédiate du Président des États-Unis Georges W. Bush : l’Amérique entra en guerre contre le régime taliban de Kaboul, suspecté d’être à l’origine des attaques dès le 7 octobre 2001. Ses alliés britanniques et français allaient lui emboité le pas. Ce conflit ne prit réellement jamais fin, même si les troupes françaises ont quitté l’Afghanistan en 2012 et les troupes américaines en 2014.
Près de quinze ans après des théoriciens du complot continuent d’établir des suppositions toutes plus délirantes les unes que les autres. Sauf que ces gens-là ne visitaient pas New York en ce mois de septembre 2001.
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