Ajouter un train tricycle ou comment enlaidir un Bell 412

Bon d’accord déjà à la base le Bell 412 n’est pas forcément le plus esthétique des hélicoptères civils, mais alors là désolé il y a outrage clair et net au bon goût. À la fin des années 1990 des ingénieurs autrichiens eurent l’étrange idée de greffer à un de ces appareils un train d’atterrissage tricycle fixe caréné en lieu et place des traditionnels patins. Le résultat est comme vous pouvez vous en rendre compte assez discutable.

Car la réalité des faits c’est que cette malformation n’est pas de naissance, l’hélicoptère en question a été construit en 1995 de manière tout à fait habituelle, sous le numéro de série 36067. D’abord utilisé durant quelques mois comme machine de location aux États-Unis puis en Allemagne. Là il reçut l’immatriculation D-HHJJ et vola durant quelques mois comme appareil de transport et de travail aérien, notamment au profit de vols touristiques.

À la fin-1995 il fut revendu à une entreprise autrichienne spécialisée dans le transport aérien médicalisé et l’évacuation sanitaire en montagne qui lui attribua l’immatriculation OE-XLL. Lors d’un des premiers vols son train se fissura à l’atterrissage. Sous la pression d’un groupe d’ingénieurs aéronautiques locaux l’hélicoptère fut envoyé en atelier et transformé, en lieu et place des réparations nécessaires.
Ses deux patins d’atterrissage furent déposés et remplacés par un train tricycle fixe doté de carénages. Profondément modifié il dut repasser par la phase vols d’essais. Son nouvel équipement lui interdisait dorénavant le vol en montagne.

Ce fut une véritable claque pour les dits-ingénieurs qui avaient déjà prévu de présenter leur «œuvre» au Salon du Bourget de juin 1997. Entre temps le Bell 412HP en question avait été revendu à une société américaine qui le conserva dans l’état et l’affecta à des missions d’évacuation sanitaire en zone urbaine.

C’est pour cela que l’hélicoptère apparut au Bourget dans sa livrée autrichienne, avec le drapeau du pays au niveau du rotor anti-couple mais une immatriculation civile américaine.

Le Bell 412HP en question sur le tarmac francilien du Bourget.
À l’usage cet appareil se révéla rapidement très instable et fut tout bonnement interdit de vol par la Federal Aviation Administration en décembre 1998. L’hélicoptère fut stocké et ne revola plus jamais.

Ainsi se terminait la mésaventure d’un des hélicoptères civils américains les plus étonnants des vingt dernières années. Un appareil à la transformation inutile qui le condamna définitivement. Et franchement pas une réussite esthétique.

 

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
articles sur les mêmes thématiques
Commentaires

2 réponses

  1. Marcel Dassault a dit: « Un bel avion est un avion qui vole bien. »
    Cela s’appliquerait donc aussi aux voilures tournantes ? 🙂

    En tout cas merci de nous faire encore découvrir un aéronef « exotique » !

    1. C’est aussi notre rôle Clems de vous faire découvrir à tous et toutes les petites histoires de l’aviation. 🙂

Sondage

Lequel de ces avions symbolise le mieux pour vous le 90ème anniversaire de l'Armée de l'Air et de l'Espace ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié