Il y a 50 ans un Bearcat battait le record d’un Me 209 !

Même si l’été 1969 a bien plus été marqué par le premier pas de l’Homme sur la Lune que par autre chose quelques petits évènements aéronautiques eurent lieu à ce moment là. Et ce samedi 16 août 1969 le pilote américain Darryl Greenamyer battit un record de vitesse pour avion à moteur à pistons vieux de 30 ans, presque jour pour jour. Son avion était un ancien chasseur Grumman F8F-2 profondément modifié. Il est aujourd’hui préservé au National Air & Space Museum.

Tout commence donc le samedi 26 août 1939 alors même que personne ne s’y intéresse.
Il faut dire que le monde retient son souffle. En effet en Europe occidentale les gouvernements belges, britanniques et français ont enjoint le dictateur allemand Adolf Hitler de faire reculer les troupes qu’il a massé aux frontières avec la Pologne. Sans quoi ce sera la guerre !  Trois jours auparavant Allemands et Soviétiques ont signé un accord, le pacte de non-agression germano-soviétique visant au partage de la Pologne et à l’annexion par l’URSS des trois états baltes et de la Bessarabie, un territoire supposé russophone de Roumanie.

Alors forcément un record aéronautique réalisé en Allemagne nazi par un avion expérimental Messerschmitt Me 209 n’intéresse pas grand monde, en dehors des équipes de l’avionneur et de la Luftwaffe. Les propagandistes du régime hitlérien sont pourtant bel et bien présents. La très puissante Fédération Aéronautique Internationale s’en désintéresse au plus haut point. Elle préfère privilégier par l’entremise de son président de l’époque, le Roumain George Bibesco, les pourparlers de paix. On la comprend.
Pourtant ce samedi 26 août 1939 le monomoteur expérimental allemand franchit la barre des 755 kilomètres par heure. Un record qui ne sera jamais remis en doute par la suite. En tout cas pas pendant trois décennies. Pour la petite histoire la FAI ne validera le record qu’en 1946 sous l’impulsion du nouveau président, le Britannique John Moore-Brabazon père du célèbre comité éponyme.

Pourtant tous les avionneurs essayèrent de battre durant la Seconde Guerre mondiale ce record qui faisait couler tellement d’encre de la part de la presse propagandiste nazie. Mais ni les Américains ni les Britanniques n’y arrivèrent, pas plus bien sûr que les Soviétiques. Quand la paix revint à l’été 1945 le record du 26 août 1939 tenait bon : le Messerschmitt Me 209 était bien le monomoteur à pistons le plus rapide de l’histoire en vol horizontal.
Mais déjà les avionneurs avaient la tête ailleurs, le moteur à pistons n’avait plus la côte. Les réacteurs et turbopropulseurs l’avaient supplanté dans le cœur des ingénieurs et des pilotes.

En fait quand le samedi 16 août 1969 l’Américain Darryl Greenamyer décide que le record allemand a suffisamment tenu, beaucoup de spécialistes le prennent pour un doux dingue. Certes l’homme n’est pas un amateur, loin de là d’ailleurs. Il est pilote d’essais chez Lockheed, et travaille main dans la main avec les équipes des Skunk Works sur les programmes de développement de l’avion-espion SR-71 Blackbird. Mais pourquoi diable tenter de battre ce vieux record. Greenamyer lui-même n’a pas d’explication, il se contentera alors de dire que son Grumman F8F-2 Bearcat peut le faire, donc il le fera. Il faut dire que l’avion n’a plus grand-chose à voir avec le chasseur-bombardier embarqué qu’il fut à la fin des années 1940. Son moteur a été surgonflé, son armement déposé, et sa structure allégée au possible.

Résultat le Conquest I, c’est son petit nom, est un véritable avion de course. Sous l’immatriculation civile N1111L le gros monomoteur décolle et réalise sa boucle de trois kilomètres de distance à la vitesse de 777 kilomètres par heure. Désormais c’est lui le monomoteur à pistons le plus rapide de l’histoire en vol horizontal. Et cette fois la Fédération Aéronautique Internationale valide très vite le record.
Il tient toujours aujourd’hui, 50 ans plus tard !

Le vol de Darryl Greenamyer est de ceux qui ont façonné l’histoire de l’aviation. Car il a établit un record de vitesse simplement parce qu’il le voulait et le pouvait. Pourtant alors qu’il est mort à l’automne dernier peu se souviennent encore de cet homme qui durant toute sa vie n’eut qu’une seule idée fixe : repousser les limites aéronautiques. Chapeau bas l’artiste.

Photo © Keypublishing.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 Responses

  1. je me demande combien d’exemplaires du Me 209 ont été produits et s’il en existe encore un visible dans un musée ou même en état de vol

    1. Quatre ont été construits, et à ma connaissance il n’en reste aucun de visible. Le musée aéronautique de Cracovie en Pologne possède pourtant dans ses réserves le seul fuselage survivant d’un de ces prototypes allemands.

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