Un Sukhoi Su-34 Fullback russe viole l’espace aérien estonien !

Le torchon brûle entre Tallinn et Moscou. Ce mardi 24 septembre 2019 un avion de combat russe a pénétré sans autorisation l’espace aérien souverain de l’Estonie. L’appareil n’y est demeuré qu’une cinquantaine de secondes, un temps suffisant pour s’approcher d’un site majeur de la défense du pays. À l’arrivée des chasseurs de l’OTAN l’avion avait regagné l’espace aérien international.

À Moscou on tente comme on peut de légitimer cet incident en expliquant que l’avion serait ressorti de l’espace aérien souverain de l’Estonie après cinquante-quatre secondes à l’intérieur. Pour les porte-paroles russes il ne s’agit que d’un incident isolé, et rien de plus.
Reste que les faits sont troublants : l’avion volait sans plan de vol, transpondeur éteint, sans ailier et donc seul, et a rejoint l’espace aérien international après s’être approché de très près de la base navale de Miinisadam réputée pour héberger une partie de la CERT, la Computer Emergency Response Team. Cette dernière assure l’intégralité de la cyberdéfense du pays mais également de ses deux voisins baltes que sont la Lettonie et la Lituanie.
La base accueille également les quatre seuls navires de guerre estoniens (un patrouille polyvalent de haute mer et trois chasseurs de mines) mais également parfois des navires de pays alliés.

On sait donc peu de choses sur les intentions réelles de l’équipage de ce Sukhoi Su-34 russe. Une chose est sûr : il n’a pas survolé les abords de Miinisadam sans raison. Plusieurs rapports de l’OTAN font état depuis plusieurs semaines de l’adaptation de ces gros chasseurs-bombardiers biréacteurs à des missions de reconnaissance voire de guerre électronique. Une démarche qui pourrait s’apparenter à ce que les Européens ont fait dans les années 1990 avec les Tornado IDS et Tornado ECR. Cette violation d’espace aérien de moins d’une minute s’apparenterait donc à cette évolution du Fullback.

Dès lors que l’avion a été détecté par les radaristes de la défense de l’OTAN les chasseurs de la mission Baltic Air Policing ont été activés. Malheureusement à leur arrivée le fauteur de trouble avait regagné l’espace aérien internationale, et comme par miracle rallumé son transpondeur. C’est à ce moment que ce modèle d’avion a été clairement identifié. Le Sukhoi Su-34 a ensuite regagné le territoire métropolitain de la fédération de Russie.
Aux vues des données actuelles rien n’indique que l’avion revenait de l’enclave de Kaliningrad, d’autant que dans ce cas les jets de combat russes volent toujours par deux.

Après cet incident jugé très grave Tallinn et l’OTAN ont sommé Moscou de s’expliquer mais rien n’a dépassé l’annonce des porte-paroles officiels. L’utilisation du Su-34 Fullback comme avion de reconnaissance et de guerre électronique pourrait être perçu comme une bonne évolution de l’appareil si elle ne masquait pas aussi un grave défaut de l’aviation russe. En effet ce type de mission en 2019 devrait revenir plutôt à un drone MALE plus lent certes mais tellement plus discret et efficace dans ce genre de rôle.

Photo © Keypublishing.

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

14 réponses

  1. Je voudrais bien connaitre la réaction de Moscou si un B-52H entrerait seulement 54 secondes dans l’espace aérien russe…

  2. « L’utilisation du Su-34 Fullback comme avion de reconnaissance et de guerre électronique pourrait être perçu comme une bonne évolution de l’appareil si elle ne masquait pas aussi un grave défaut de l’aviation russe. En effet ce type de mission en 2019 devrait revenir plutôt à un drone MALE plus lent certes mais tellement plus discret et efficace dans ce genre de rôle »

    Haha vous cherchez vraiment le bâton pour vous faire battre…

    1. Bah non simplement en 2019 n’importe quelle puissance ferait ça avec un drone MALE mais comme la Russie n’est plus qu’une puissance aérienne édentée elle fait ça avec un avion de combat. C’en est juste la pure démonstration.

      1. Bon nombre de pays, dont la France, ne dispose pas de drone MALE/HALE, encore moins de versions spécialisées pour l’espionnage ou la guerre électronique.

        La Russie est une puissance aérienne édentée peut-être (si on la compare à la « glorieuse » armée sovietique), mais toujours pertinente face a bon nombre d’états, hors superpuissance américaine ou chinoise… Je comprends votre volonté d’aller au devant de la bêtise des troll pro-russes, mais il me que la neutralité factuelle est à ce niveau plus efficace que le russian-bashing, aussi gentil soit-il.

        1. Les télé-pilotes de l’Armée de l’Air seront ravis d’apprendre que selon votre expertise leurs General Atomics MQ-9 Reaper ne sont pas des drones MALE. Il fut un temps où nos fanatiques pro-russes avaient une meilleure tenue qu’avec vous. C’est dommage.

        2. Je ne considère pas le Reaper comme un drones MALE de guerres électroniques et d’espionnage (sauf face a des milices et autres terroristes en pick-up truck)… Peut-être que je me trompe en effet.

      1. Je pense que l’évaluation du risque par les russes est que le tir intentionnel est nul ou presque. (jusqu’ici aucun avion russe, et il y en a eu, ayant violé l’espace aérien des États baltes, n’a été véritablement inquiété; escorte impressionnante certes mais y a-t-il eu un seul « lock on » ?) En outre comme vous l’écrivez dans ce cas, les chasseurs de l’OTAN sont arrivés à altitude et distance d’interception bien après le passage du Su-34 dans l’espace aérien international, ce qui est une seconde raison pour utiliser en lieu et place d’un drone plus lent. La troisième raison est que le Su-34 dispose des moyens de reconnaissance (pod recce) alors qu’aucun progrès équivalent dans ce domaine n’est patent pour aucun drone russe existant.

    1. L’espace aérien estonien n’a rien d’international et tout de souverain, même pour les pilotes de l’aviation russe. Là aussi la nuance est de taille !

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