Vers une première vente à l’export du chasseur indien Tejas ?

L’information peut avoir de quoi surprendre mais elle est confirmée par les deux pays concernés. L’aviation militaire malaisienne s’est dite prête à acquérir un lot de trente-six Hindustan Aircraft Limited Tejas dans le cadre de sa recherche d’un chasseur léger. L’avion indien n’était pourtant pas initialement donné favori face à des poids-lourds du marché comme le Gripen suédois ou le M-346 italien. Il s’agirait de la première exportation de ce chasseur au développement particulièrement long.

En fait tout est partie d’une compétition lancée au début de l’année dernière par la Malaisie afin de retirer du service ses derniers avions de combat légers BAe Hawk Mk-208 mais également ses chasseurs Mikoyan MiG-29. Ces derniers sont en fait stockés par la Tentera Udara Diraja Malaysia depuis maintenant plusieurs mois suite à de nombreuses pannes et une défaillance du système russe de livraison des pièces de rechange.

Les challengers en question provenaient de la plus part des grandes nations aéronautiques, mais aussi de pays émergents. C’est ainsi qu’on trouvait la Chine avec le L-15, la Corée du sud avec le FA-50 Fighting Eagle, l’Inde avec le Tejas, l’Italie avec le M-346 Master, le Pakistan avec le JF-17 Thunder, la Russie avec le Yak-130, la Suède avec le JAS 39C/D Gripen, et la Tchéquie avec le L-39NG. Un spectre particulièrement important et qui laissait entrapercevoir quelques favoris. Et très honnêtement peu auraient alors misé sur l’avion qui allait l’emporter.

On crut un temps que le Gripen suédois avait les faveurs du gouvernement malaisien tout comme le Yak-130 russe mais finalement ce samedi 23 novembre 2019 l’état-major malaisien a rendu son rapport indiquant que l’avion qui répondait le mieux à ses attentes était le HAL Tejas indien. Une surprise assurément, sans doute même en Inde, tant ce nouveau chasseur faisait office d’outsider.
En fait ce qui semble avoir guidé le choix malaisien c’est bien le climat très particulier du pays, chaud et humide. Celui-ci met à rude épreuve les mécaniques et encore plus les avioniques des aéronefs de combat. L’indisponibilité chronique des MiG-29 mais également les déboires connus il y a une quinzaine d’années sur les F/A-18C/D Hornet d’origine américaine en sont la démonstration flagrante. Un avion conçu en Inde est donc considéré, à priori assez logiquement, comme résistant à ce genre d’ennuis.

Surtout là où la décision malaisienne surprend c’est quand on sait que les relations diplomatiques entre Kuala Lumpur et New Delhi ne sont pas exactement au beau fixe. En fait le gouvernement malaisien reproche à son homologue indien le durcissement de sa politique militaire au Cachemire, frontalier du Pakistan. Et pourtant l’Inde a accueilli la décision malaisienne de poursuivre les négociations uniquement avec HAL de manière très positive.
Un premier contrat pour trente-six avions pourrait en ouvrir d’autres, ailleurs dans le monde.

Pour autant rien n’est encore joué pour l’industrie aéronautique indienne. Car coup de théâtre ce mercredi 27 novembre 2019 quand la Russie s’est dite prête à revoir sa copie annonçant qu’elle échangerait l’intégralité des MiG-29 malaisiens actuellement stockés par des MiG-35 bien plus modernes. Une proposition qui si elle n’a pas été retoquée par les Malaisiens a cependant été accueilli assez fraîchement. Moscou se dit même prête à accepter d’être payée en nature, en l’objet en huile de palme ! Cette ressource alimentaire globalement jugée néfaste pour la santé humaine est particulièrement consommée en Russie. Elle est produite de manière industrielle par la Malaisie, souvent au détriment de l’environnement.

Si les négociations vont dans le bon sens entre Malaisiens et Indiens une signature devrait intervenir aux alentours de l’été 2020 pour une livraison des premiers exemplaires à l’horizon 2023. Pour les passionnés d’aviation comme nous voir un jour évoluer des Tejas sous cocarde de la TUDM risque d’être assez chouette.

Photo © Indian Air Force.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

10 réponses

  1. Est-ce que vous auriez des informations sur les missions que devraient être capable d’accomplir ce nouveau chasseur? Parce que vu les aéronefs en compétition, cela se concentre sur l’attaque au sol, non?

      1. De la chasse légère, c’est-à-dire uniquement contre des aéronefs à hélice, et des hélicoptères? Je demande cela parce qu’il y a actuellement un « grand débat » (pour ceux qui s’y intéressent, du moins) en Suisse, pour savoir si des M-346 peuvent réellement et efficacement faire de la police du ciel, suite à la proposition du Parti Socialiste, qui n’est guère attaché à l’institution militaire.

        1. Le concept de chasse légère est né durant la Seconde Guerre mondiale avec des avions comme le Bell XP-77 aux États-Unis ou le Miles M.20 au Royaume Uni. Aujourd’hui il s’agit plutôt d’avions rustiques n’ayant pas des capacités aussi pointues que des Lightning II, Rafale, Typhoon, ou Flanker. Elle se manifeste notamment par une capacité air-air limitée souvent à des missiles air-air courte portée type Sidewinder, R-73, ou Python plutôt qu’à des armes plus modernes et disposant de rayon d’action plus importants. Un chasseur léger comme le Tejas indien ou le JF-17 sino-pakistanais peuvent parfaitement affronter d’autres chasseurs contemporains.
          Après le débat politique qui existe en Suisse ne nous concerne pas, nous sommes un site aéronautique. 🙂

  2. Le Tejas, on dirait l’avion du Dr Frankenstein : les entrées d’air du Mirage F1, les ailes du Mirage 2000, le moteur du Hornet F18, le radar Israélien. Mais après tout, si ça marche.
    Je serais curieux de savoir comment les Indiens peuvent proposer un prix à l’export sans en référer aux fournisseurs Américains et Israéliens pour savoir s’ils pourront livrer les quantités ?.
    Déjà ils en ont construit/commandé combien pour eux ?

  3. Je suis assez surpris de voir des avions si différents concourir sur ce marché. Quelle(s) mission(s) leur étai(en)t destinée(s)? parce qu’il me semble qu’en ce qui concerne les FA-50 Fighting Eagle, M-346 Master, Yak-130 et autres L-39NG, ils ne peuvent pas faire grand chose sinon de l’attaque au sol, non?

  4. Un petit avion qui ne fait pas grand chose à part voler, le Gripen lui est un vrai avion de combat.

  5. L’appel d’offre de la Malaisie prévoyait des avions d’occasions voir des neufs si le prix proposé rentrait dans leur budget.
    Voici pourquoi nos rafales (qui n’existent pas en occasion) ne sont pas en compétition. Le Tejas n’a pas il me semble d’appareils en occasion et soufre d’une mise au point compliquée, ceci explique le choix des Indiens pour le Rafale en attendant mieux. Le choix de la Tentera Udara Diraja Malaysia est bizarre.

    1. Le Rafale, tout comme le Typhoon ou encore le F-35A, ne sont pas dans la compétition parce que la Malaisie a estimé qu’ils n’étaient pas dimensionnés pour cela. Ça n’a rien à voir avec une histoire de machines d’occasions mais purement de prix. Inutile de réécrire l’histoire Patrick.

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