Le porte-avions américain USS Gerald R. Ford reprend ses essais à la mer.

Sur le papier c’est aujourd’hui un des navires de guerre les plus innovants au monde. L’US Navy a décidé de lancer une nouvelle phase d’essais à la mer du porte-avions USS Gerald R. Ford. C’est plus précisément sa fameuse catapulte électromagnétique qui est cœur de cette phase de tests. Pour cela plusieurs avions et hélicoptères sont déployés à bord du bâtiment.

Même en phase d’essais un porte-avions américain demeure un navire de guerre. Ses opérations sont donc sous protection, ici celle d’un tireur et de sa mitrailleuse de calibre 50.

C’est ce dimanche 12 janvier 2019 que le bâtiment a quitté son port-base de Norfolk en Virginie, sur la côte est des États-Unis. Destination l’Atlantique nord où il se trouve actuellement. Le porte-avions a trois jours plus tard repris ses essais d’appontage et de catapultage d’aéronefs après plusieurs modifications apportées à son EMALS. Ce dernier qui signifie Electro-Magnetic Aircraft Launch System est le cœur de cette nouvelle génération de porte-avions américains.
Sauf qu’à l’heure actuelle il pose plus de problèmes qu’il n’en résout. Et comme la majorité des données sur ces essais est classifiée par l’US Department of Defense on ignore exactement quelles modifications ont été apportées à cette catapulte électromagnétique. Pour mémoire sur tous les autres porte-avions dits CATOBAR, aussi bien les bâtiments américains de classe Nimitz que le porte-avions français Charles de Gaulle, le catapultage des avions est réalisé grâce à la force de la vapeur sous pression. L’EMALS de l’USS Gerald R. Ford est donc très novateur.

Ou plutôt il devrait l’être. En effet jusqu’à présent ce système électromagnétique présente des défauts majeurs qui empêchent son utilisation au quotidien. Pourtant le principe physique de l’EMALS est connu depuis bien des années. On l’appelle le courant de Foucault, du nom du célèbre physicien français Léon Foucault (1819-1869) inventeur notamment du pendule éponyme. En gros la catapulte électromagnétique entraîne un moteur linéaire grâce à la modification temporaire du flux d’un champ magnétique à l’intérieur d’une masse conductrice. Dit comme ça cela peut paraître assez abscons mais sachez que c’est du même principe physique que découle les tables à inductions que l’on retrouve aujourd’hui dans de nombreuses cuisines en lieu et place des traditionnels feux à gaz. D’un seul coup on se dit que vraiment les ingénieurs américains se sont causés des soucis pour bien peu.
Sauf qu’en fait l’EMALS devrait permettre de réaliser bien des économies vis à vis du traitement de la vapeur, donc de l’eau désalinisée, à bord du porte-avions. Le Pentagone et General Atomics qui l’a conçu n’hésitent plus à présenter cette catapulte comme une avancée écoresponsable. Et surtout pour eux tous les porte-avions CATOBAR dans le futur en seront dotés.

Les opérations à bord se déroulent presque normalement, y compris pour ces personnels du HSC-9.

Et donc désormais les essais de catapultage et d’appontage ont repris en haute mer. Et ce sont trois unités de l’aéronavale américaine qui y participent actuellement. Les escadrons de soutien aux essais en vol VX-20 et VX-23 ainsi que l’escadron opérationnel d’hélicoptères de combat naval HSC-9. Pour autant cette première phase d’essais s’articule principalement autour de deux modèles d’aéronefs : l’avion de guet aérien Northrop-Grumman E-2D Hawkeye et l’hélicoptère  Sikorsky MH-60R Seahawk. Pour les avions de combat et les jets d’entraînement avancé cela viendra plus tard.

Appontage d’un E-2D Hawkeye du VX-20. On remarquera la netteté du pont d’envol de l’USS Gerald R. Ford.

Pour autant l’USS Gerald R. Ford est devenu une grosse épine dans le pied de l’US Navy. Il est en service opérationnel depuis juillet 2017 mais n’a toujours pas terminé sa phase de tests. Les experts les plus optimistes annoncent aujourd’hui sa première croisière de patrouille au plus tôt pour l’été 2021 voir l’hiver 2021-2022. Cela commence à vraiment ressembler au sparadrap du capitaine Haddock.
Il est à signaler que même si deux Boeing F/A-18E Super Hornet ont été aperçu il y a quelques jours sur son pont d’envol l’avion de combat standard de l’USS Gerald R. Ford est censé être le Lockheed-Martin F-35C Lightning II. Qui lui, est t-il utile de le rappeler, en est absent. À eux deux ce nouveau navire de guerre et cet avion furtif représentent les origines des plus grosses critiques émises aujourd’hui contre l’aéronavale américaine. Pas de bol ils sont aussi en théorie son futur.
Affaire donc à suivre.

Photos © US Navy.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 réponses

  1. Je crois que les nouvelles catapultes permettent (ou plutôt devraient permettre) de mieux doser la puissance en fonction du type et du poids des avions notamment dans l’optique de catapulter des drones.
    Et il se dit que les Chinois et même les Indiens (sans parler de la France) voudraient les mêmes alors que les Américains peinent à mettre au point les premières. On se demande ce que les petites ‘étudiantes’ Chinoises ont bien pu faire ‘dévoiler’ aux ingénieurs Américains !?

  2. Le CVN Charles de Gaulle est également doté de 4 mitrailleuses de calibre 50 comme l’USS Gerald R. Ford. Celles-ci visent à contrer tout acte hostile lorsque le porte-avion est dans un port.

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