À Sievierodonetsk les Su-34 Fullback russes appliquent le schéma de Marioupol.

Jusqu’où ira l’aviation russe dans l’est de l’Ukraine ? On ne peut que s’interroger sur les motivations réelles des généraux moscovites quand ils font frapper des villes au point de les détruire à plus de 60% comme c’est actuellement le cas de Sievierodonetsk. Les avions de combat Sukhoi Su-34 Fullback mais aussi des hélicoptères d’attaque Kamov Ka-52 Hokum-B et Mil Mi-28 Havoc ont été vu frappant des objectifs clairement civils dans cette localité d’un peu plus de 100 000 habitants. Dans le même temps un journaliste reporter d’images français de BFMTV a été tué par l’éclat d’un obus ennemi alors qu’il filmait un convoi humanitaire tentant de fuir la ville vers l’ouest ukrainien.

Rappelons qu’en théorie celle que Moscou appelle une «opération militaire spéciale» a été lancée par Vladimir Poutine afin de chasser les troupes supposées nazies du Donbass. Sauf que depuis plusieurs semaines maintenant ses avions et hélicoptères ne frappent plus que cette région, forçant les populations civiles à se réfugier plus loin en Ukraine. En effet l’aviation russe ne se hasarde guère plus dans l’ouest de l’Ukraine où la chasse locale a réussi à se reprendre en main et maintien un semblant de supériorité aérienne grâce à une poignée de Mikoyan MiG-29 Fulcrum et de Sukhoi Su-27 Flanker hérités de l’ère soviétique.

Alors l’aviation russe se focalise sur ce qu’elle peut, là où elle possède encore la supériorité aérienne : le Donbass. Et afin de verrouiller une bonne partie de la région les forces russes ont besoin de prendre Sievierodonetsk. Prendre la ville ne semble pas signifier pour l’armée et l’aviation russes épargner les populations civiles. En près de cent jours de guerre, car c’est bien une guerre que Moscou mène là-bas, cette localité a perdu plus des deux tiers de sa population. Celles et ceux qui n’ont pas fui sont morts ou se terrent comme ils peuvent. L’ombre de Marioupol plane de plus en plus sur Sievierodonetsk. Les passages à moyenne et haute altitude des Sukhoi Su-34 Fullback sont réguliers.
Sauf qu’un tel modèle d’avion n’a jamais été conçu pour bombarder des positions civiles depuis une altitude élevée. Pourtant les équipages russes y sont obligés, en raison de la présence massive de missiles sol-air au sein de la résistance ukrainienne. Des munitions redoutables qui ont été fournies par les Alliés. Autre point important à relever : l’absence désormais avérée de munitions guidées, bombes ou missiles air-sol, au sein de l’aviation russe. De ce fait les Su-34 Fullback font exactement ce pourquoi ils n’ont pas été conçu : bombarder à l’aveugle des positions civiles à l’aide de munitions non guidées.

Sur les 60% du territoire de la commune détruits par l’aviation et l’artillerie russe on compte notamment un hôpital pédiatrique bombardé le 22 mars, le complexe sportif City Stadium détruit le 2 avril, ou encore plusieurs lieux de culte dont au moins une basilique et une mosquée. Ce vendredi 27 mai 2022 un commando de Kadyrovtsy, les tristes célèbres escadrons de la mort tchétchènes appuyés par au moins deux hélicoptères Ka-52 Hokum-B ont pris d’assaut un hôtel dans lequel s’étaient réfugiés des femmes et des enfants. On ignore leur sort. Il faut savoir que les Kadyrovtsy sont spécialisés dans les assassinats ciblés et la torture. Depuis le début de la guerre en Ukraine ils sont pointés du doigt dans les meurtres d’élus locaux et de représentants associatifs.

Ce lundi 30 mai 2022 la liberté d’informations a aussi payé un très lourd tribut.
Le journaliste reporter d’images français Frédéric Leclerc-Imhoff est mort des suites d’un éclat de shrapnel. Il filmait un convoi humanitaire fuyant Sievierodonetsk pour le compte de la chaîne d’informations en continue BFMTV. Les forces russes ont bombardé le dit convoi, le journaliste français n’y a pas survécu. Il avait 32 ans. Il couvrait ce conflit pour qu’en France nous puissions avoir une information libre et non orientée par la propagande favorable à la dictature russe. Viser un convoi humanitaire et tuer un journaliste dans l’exercice de sa fonction ça porte un nom en droit international : c’est un crime de guerre ! Un de plus.

Photo © Keypublishing

NDLR : Nous avons choisi l’orthographe romanisée Sievierodonetsk car c’est celle en vigueur en Ukraine et non Severodonetsk usitée par la Russie. C’est un choix pleinement assumé, cette ville est ukrainienne.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

12 Responses

  1. Poutine prétend combattre les nazis mais il se conduit lui même comme Hitler il y a 80 ans. Et ne venez pas me sortir le point Godwin, je l’assume. Oui son armée et sa force aérienne ne font rien d’autre que ce que les forces allemandes faisaient contre la Pologne ou la France dans les années 40.
    Les VVS russes ont perdu toute forme de crédibilité, ce sont des terroristes dans des postes de pilotage.

  2. Malheureusement c’est à cela que ressemble la guerre on peut le déplorer mais seule la victoire compte. Revoyez la définition du crime de guerre et vous constaterez que la mer de ce courageux journaliste n’en est pas une.

    1. Vous osez insulter la mère d’un journaliste assassiné par l’armée russe dans l’exercice de son devoir? Vous êtes pitoyable.

      1. Arnaud, j’apprécie énormément tout le boulot qui est fait et la modération; et meme la position éditrialiste assumée sur ce conflit. Mais il est évident pour voir que « Opportuniste », quand il écrit « mer » ne veut pas parler de la « mère » du journaliste, mais de sa « mort ».

  3. Il me semble que notre cher « Opportuniste » se soit emmêlé les pinceaux sur son clavier…
    Il a du vouloir écrire « la mort de ce courageux journaliste »
    N’empêche tirer sur un convoi humanitaire, si ce n’est pas un crime de guerre, c’est vachement bien imité.
    Je suis de ceux qui pensent que lors de la seconde guerre mondiale, c’est l’Armée Rouge qui a usé les nazis. Avec en grande partie du matériel américain, au prix de millions de morts et aussi de vraies bourdes stratégiques.
    Le fait qu’en Europe, on ait adopté en partie le style de vie américain (et parfois quelques travers) a occulté la participation de l’Armée Rouge à la Victoire de 1945. Le soft power US a fait le reste.
    Mais aujourd’hui, le régime russe, son armée se couvrent d’une honte dont ils ne pourront se sortir, les manœuvres pitoyables de ceux qui cherchent à disculper, atténuer, relativiser les crimes commis sur un pays et son peuple sont à gerber.

  4. C’est pénible votre propagande pro-OTAN contre le méchant Poutine… Restez dans votre domaine d’expertise, qui n’est pas la géopolitique

    1. « Propagande », « pro-OTAN », « géopolitique » : bravo Pierre vous avez le tiercé gagnant du bon petit troll fanatique de la dictature poutinienne.
      Merci pour votre commentaire c’est un encouragement pour nous à poursuivre dans cette voie !

    2. On avait Pierre le Grand pour l’histoire des russes, on a maintenant Pierre le gland. Pourtant en France, on a la possibilité de s’informer, de comparer, d’avoir un libre arbitre cohérent! Mais non, y’a des gens comme Pierre qui se sentent importants en encourageant les horreurs poutiniennes…

    3. C’est toi qui est pénible. Si la supposée propagande pro OTAN et la géopolitique d’avions légendaires t’ennuie a ce point que fait tu ici?Que tu le veuilles ou non ton ami Poutine est un criminel de guerre.

  5. Tout l’eco-système militaire russe est nul à chier. Ils ne connaissent que la force brute qui écrase tout sur son passage sans discriminer un militaire d’un civil. C’est 1 guerre de boucher. Poutine n’est qu’un pauvre type qui ne mérite pas d’être chef d’état. Il envoie toute sa jeunesse se faire tuer pour des acquis territoriaux alors qu’il a le pays sur la planète qui est le plus vaste. En fait, si il pouvait prendre toute l’Ukraine il le ferait, je pense qu’il serait très heureux qu’il n’y ait plus d’ukrainien sur cette terre. C’est en dehors de toute logique (la notre ?!), le pouvoir russe est l’équivalent de l’antique Taras Bulba, il ne connait que la politique de la terre brûlée. Il écrase tout et les quelques populations restantes il les contraint à devenir russe du jour au lendemain. C’est de l’asservissement. Que cela soit l’artillerie ou l’aviation ce sont des méthodes apprises et améliorées des 2 guerres mondiales. Ils savent faire des super missiles hypersoniques mais ils ne savent pas faire des bombes à précision métrique. Où alors c’est une décision stratégique de ne pas en avoir, on ne cherche pas à faire chirurgical mais plutôt on écrase tout sur son passage comme un rouleau compresseur qui quelque soit les embuches trouvées sur son chemin avance inexorablement mètre par mètre tel un métronome.
    Seuls les USA ont la capacité de faire arrêter Poutine dans son entreprise prédatrice mais Biden est trop vieux pour lui tenir tête et « lui filer un coup de boule ». Donc tant qu’ils ont des munitions et qu’ils progressent territorialement, il n’y aura pas de cessez le feu, actuellement il n’y a aucune volonté de s’arrêter et nous occidentaux nous faisons du vent au quotidien et nous ne pouvons compter les morts de chaque côté les bras ballants. Triste période…

  6. Même si une paix est signée, la russie a préparé le terreau d’un conflit futur. Les Ukrainiens oublieront ils ? Concernant la 2eme guerre, si un pays est à mettre en avant, c’est l’Angleterre, en europe, asie, afrique, sur toutes les mers du 1er au dernier jour, avec des opérations de harcèlement et d’espionnage tout en approvisionnant la Russie ! Il existe un bon HS du fana de l’aviation sur l’aviation russe ‘les faucons de Staline’.

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