Le « Make-In India » pourrait coûter cher au MiG-29 Fulcrum… et au P-8I Poseidon.

L’information a été révélée ce weekend par la presse financière indienne. Le gouvernement indien entend désormais restreindre au maximum les contrats d’équipements militaires ne faisant pas appel à de la technologie locale voire à une production sous licence indienne. Dans son collimateur se trouvent notamment la commande de vingt-et-un chasseurs biréacteurs russes Mikoyan MiG-29 Fulcrum ainsi qu’une option d’achat autour de cinq avions américains de patrouille maritime Boeing P-8I Poseidon. Les marchés d’avions de combat Dassault Aviation Rafale et Sukhoi Su-30 MKI Flanker-C ne sont pas visés par cette décision politique.

Cette forte politique d’industrialisation aéronautique et défense voulue par monsieur Narendra Modi, l’actuel premier ministre indien, est communément appelée le «Make-In India». Elle se traduit bien souvent pas la mise à disposition des équipements achetés d’éléments ou d’armement de facture indienne voire dans certains cas de la production sous licence locale. Les Sukhoi Su-30 MKI Flanker-C étant depuis plusieurs années assemblés par Hindustan Aircraft Limited la question ne se pose donc pas.

Or quand début 2020 l’Indian Air Force passa commande en urgence pour douze Su-30 MKI elle accepta également la proposition de Moscou d’acquérir vingt-et-un MiG-29 à très bas prix. Ces avions n’avaient rien de neufs même s’ils n’avaient jamais volé. Il s’agissait en fait de cellules à la construction plus ou moins avancée qui restaient sur les bras de l’avionneur depuis l’effondrement du régime soviétique au début des années 1990. Cette vingtaine de MiG-29 Fulcrum accusait donc trente ans d’existence sans avoir jamais volé.
L’avionneur russe s’engagea à les remettre à niveau avant une livraison attendue pour les prochaines semaines. Sauf que voilà aucun de ces avions n’emporte la moindre technologie indienne sans compter que leur remise à niveau se fait uniquement en Russie.
Ajoutez à cela le fait que le Mikoyan MiG-29 Fulcrum n’est plus exactement le chasseur standard en Inde et vous avez un résultat détonnant.

En fait pour plusieurs analystes indiens le «Make-In India» n’est qu’un prétexte. Il s’agit pour eux d’une manière élégante de dire à la Russie que l’Inde ne veut plus du MiG-29 dans son arsenal aérien et donc encore moins en acquérir de nouveau. L’Inde en 2022 ne semble plus jurer que par deux avions de combat : le Rafale français et le Su-30 MKI Flanker-C russe. Et cela commence à vraiment se voir.

Un autre contrat est donc dans le collimateur du gouvernement indien, un contrat qui s’il était révoqué pourrait devenir problématique pour son constructeur : Boeing. Il s’agit de l’option d’achat de cinq biréacteurs de patrouille maritime P-8I Poseidon. Il accompagnait un contrat signé en 2019 pour cinq avions fermes dont le dernier a été livré il y a quelques semaines, juste avant Noël.
Sur le papier une option d’achat reste suspendue à sa transformation en acquisition confirmée, c’est la règle. Sauf qu’actuellement Boeing est également en lice sur un contrat d’équipement avec un avion de combat que l’avionneur de Seattle a de plus en plus de mal à exporter : le F/A-18E/F Super Hornet. Et le chasseur embarqué américain affronte sans doute son pire adversaire dans ce genre de compétition : le Dassault Aviation Rafale M.
Être donc rejeté avec son Poseidon n’aiderait pas Boeing à marquer des points avec le Super Hornet.

La situation est donc tendue pour les prochains contrats d’équipements militaires. Les fournisseurs étrangers, qu’ils soient américains, européens, ou russes sont donc prévenus d’avance. Modi et son gouvernement ne transigeront plus sur le «Make-In India». Enfin au moins en apparences.

Photo © Indian Air Force

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 réponses

  1. C’est compréhensible ce revirement. Les priorités sont de faire sortir de ces comptes les antiques mig21, Jaguar et autres avions de combats dépassés. Il faut musclés leur force de combat et orienter massivement les finances vers l’achat d’un lot de Rafale make in India. Un haut responsable l’a sous entendu dans un commentaire. Les premiers déploiement du Rafale ont largement permis de valider ses grandes capacités. L’urgence est à renforcer leurs flottes de chasseurs face à la Chine.

    1. Mieux vaut un prix d’amis et une fabrication française. Quand on en est là avec un pays client, c’est le bout de la piste. Si les 36 Rafales ne sont pas le dernier contrat, ce sera le prochain lot. Une chose est sure: dans 10 ans, l’Inde ne sera plus un client aéronautique mais un concurrent.
      Je ne parle que d’industrie, pas de diplomatie.

      1. oui, mais cette industrie mettra du temps a faire reconnaitre son savoir faire, puisque elle sera toute nouvelle parmi les autre industrie aeronautique : Airbus Defense & Space, Dassault Aviation
        Boeing, Lockheed Martin, Saab. ceux-ci ont déjà fait leurs preuves, la nouvelle industrie indienne non. elle assemble juste des pièce des puzzle déjà créer. et je doute sérieusement qu’elle arrivera a vendre ces avions aux pays européens qui sont déjà le marché de Dassault aviation ou de Boeing… une fois créer, il faudra qu’elle trouve son marché, or, il est presque saturé par les avionneurs européens, américains, chinois, et russe

  2. Merci pour cet article Arnaud.
    Je comprends parfaitement pour le Mig 29 loin du Rafale.
    Par contre je ne vois pas comment remplacer le Boeing Poséidon par du made in india .

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