L’équipage d’un Fennec français retenu contre son gré par la Guinée Équatoriale.

L’affaire tourne désormais à l’affrontement diplomatique entre Paris et Malabo. Ce mercredi 28 juillet 2021 en après-midi un hélicoptère Eurocopter AS.555 Fennec appartenant à l’Armée de l’Air et de l’Espace s’est posé pour une escale technique sur la partie militaire de l’aéroport international de Bata en Guinée Équatoriale. Depuis lors l’hélicoptère et ses six occupants sont retenus par le pouvoir en place tandis que les médias d’état parlent désormais d’un vol d’espionnage aérien. Il pourrait s’agir d’une mesure de rétorsion de ce petit état producteur de gaz et de pétrole contre la justice française.

On passera évidemment sur la totale absurdité de l’accusation relayée par la télévision équatoguinéene. L’Eurocopter AS.555 Fennec est effectivement une machine de liaisons et de reconnaissance tactique mais en aucun cas l’Armée de l’Air et de l’Espace ou à fortiori un service français de renseignement n’irait l’engager dans une mission d’espionnage aéroporté. La France possède des drones General Atomics MQ-9 Reaper qui feraient bien mieux l’affaire dans une discrétion totale. En fait il semble que la télévision publique TVGE ait juste cherché à galvaniser l’opinion publique en relayant un propos totalement erroné.

Sur les faits on est sûr à l’heure actuelle que l’hélicoptère est rattaché au Groupement Air des EFG, les Éléments Français au Gabon. Il réalisait un vol de liaison entre la ville camerounaise de Douala et sa base de Libreville. Évoluant avec un plan de vol dûment rempli et disposant de toutes les autorisations nécessaires l’appareil a été obligé de réaliser une escale technique afin d’avitailler en carburant sur la partie militaire de l’aéroport équatoguinéen de Bata, dans la partie continentale de la Guinée Équatoriale.
Six militaires français se trouvaient à bord, équipage et passagers réunis. Pour d’évidentes raisons de sécurité le ministère des Armées tout comme le Quai d’Orsay n’ont pas communiqué sur leur identité, leurs grades, ou même leurs sexes. Car ce qui est confirmé désormais c’est que ces six militaires sont retenus contre leur gré !

Donc comme nous vous l’avons brièvement démontré ci-dessus considérer le Fennec comme un hélicoptère espion est totalement stupide ! La raison de cette retenue de six de nos compatriotes par un état africain qui n’est pas réputé allié de la France, mais jusque là pas non plus hostile est donc à chercher ailleurs.
Et l’ailleurs en question pourrait se trouver sur l’île de la Cité à Paris : au siège de la cour de cassation. La plus haute juridiction française a confirmé quelques heures seulement avant la saisi de l’hélicoptère et l’arrestation de son équipage une condamnation en appel de février 2020 de Teodoro Nguema Obiang Mangue, dit Teodorin, à une peine de trente-six mois de prison avec sursis, trente millions d’euros d’amende et la confiscation de tous ses biens saisis pour «blanchiment d’abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics et d’abus de confiance». Ces faits ont été commis entre 1997 et 2011.
Sauf que Teodoro Nguema Obiang Mangue n’est pas n’importe qui en Guinée Équatoriale : c’est le vice-président et fils de l’actuel dictateur Teodoro Obiang Nguema Mbasogo au pouvoir depuis août 1979. Pour mémoire il avait renversé son oncle, lui aussi dictateur, l’autocrate Francisco Macías Nguema avant de le faire fusiller après une parodie de procès.

Vous l’aurez compris tout ça ressemble surtout à une affaire de gros sous. Sauf que quand un état tiers retient par la force les militaires d’une puissance étrangère sans motif valable tout ça ne va pas forcément dans le sens du droit international. Il faut savoir que l’escale technique à Bata est régulière pour les équipages d’hélicoptères des EFG. Cet avitaillement n’avait donc rien d’inhabituel. D’ailleurs elle ne se passe pas toujours dans les meilleures conditions. Jusque là pourtant jamais nos militaires n’avaient été retenus de force.
À Paris ce sont donc les ministères des Armées et des Affaires Étrangères qui gèrent l’opération. Mais ne nous y trompons pas, aux vues de la gravité de l’action équatoguinéene les instructions diplomatiques viennent de l’Élysée.

À l’heure où ces lignes sont écrites nous n’avons aucune information sur une possible libération de nos concitoyens.

Photo © Armée de l’Air et de l’Espace.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 réponses

  1. À Mon avis la france n’est pas en position de forces elle ne peut que négocier un intervention serait impossible car même si les preuves ne correspondent pas la Guinée équatoriale est souverain sur son territoire et sur son ciel donc normalement elle peut interdire ou forcer à posé au sol n’importe qui est se n’est pas des états puissant qui peuvent l’en empêcher donc une intervention des forces spéciales et aussi impossible car il faudra aussi ramener l’hélicoptère si la france veut récupérer son équipage et l’hélicoptère elle devra forcement négocier avec eux.

    1. Si vous relisez bien l’article IDA vous verrez que la France négocie déjà, vous croyez que le Quai d’Orsay se tourne les pouces? La négociation est actuellement la seule possibilité offerte à la France autant qu’à la Guinée Équatoriale.

      1. La situation de la France dans cette zone du globe est une vrai poudrière;
        Ce que certains appellent la FRANCE Afrique est vu par certains pays comme une hérésie; Y’a qu’a voir comment certains citoyens de ces pays d’Afrique centrale jugent l’opération BARKHANE; Ceci etant et comme le dit tres justement ARNAUD, il y’a des mécanismes de droit qui fonctionne bien; Une résolution de l’ONU ou l’intervention d’un pays tiers dans la zone est a privilégier; Ce n’est pas la première fois que la justice francaise et internationnale s’en prend a un dictateur africain et surtout dans ce coin la; Pour peu que la GUINEE soit un allié du MALI, et de la junte au pouvoir, tout ca mis bout a bout; L’attitude des autorités du pays semble évidente

  2. un survol d’une patrouille de Rafales . la diplomatie de la canonnière est souvent plus efficace que les discours ses énarques .de toutes façons ils n’ont pas les moyens de nous faire la guerre .il est temps de remettre les pendules à l’heure
    pour utiliser une phrase célèbre  » la Guinée ….combien de divisions ?

    1. Merci madame Leick de vous souvenir qu’on est au 21e siècle et plus au 19e siècle, le droit international n’est pas une vue de l’esprit. Donc désolé mais votre idée d’une patrouille de Rafale est totalement ridicule. Enfin merci d’éviter les commentaires creux contre les « énarques » car vous n’êtes pas au bon endroit pour ça.
      Premier et dernier avertissement madame.

  3. En même temps, quand on connaît la situation intérieure de la Guinée équatoriale (régime autoritaire), se poser là-bas relève de l’absurdité. C’est comme si on se posait en Corée du Nord.

  4. Mr le Ministre Jean-Yves Le Drian et toute ses équipes, en qui je fais une énorme confiance,, va nous gérer cela d’une manière diplomatique digne de nos armées ( qu’il connait bien ) et de la diplomatie qu’il connait tout autant Nous n’allons pas rentrer en conflit ouvert avec un pays ( état de 28000 km² ? ) tel que cette guinée équatoriale.

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