L’Ukraine se prépare à recevoir quatre drones de combat MQ-1C Gray Eagle.

Si l’administration Biden refuse toujours de livrer des armes terrestres pouvant frapper le territoire russe il en est tout autrement des matériels aériens. Depuis le début du mois de juin 2022 la Maison-Blanche s’escrime pour pouvoir fournir, gracieusement, quatre avion de combat et de reconnaissance sans pilote de haut niveau. Les engins en question sont des General Atomics MQ-1C Gray Eagle, actuellement en dotation dans l’US Army. Pour mémoire ce drone dérive du célèbre MQ-1B Predator du même industriel.

En fait actuellement l’administration fédérale américaine doit faire face à une opposition républicaine qui craint que le don de matériels trop pointus ne se retourne tôt ou tard contre l’Amérique. Sauf que l’Ukraine n’est pas l’Afghanistan, c’est un état de droit particulièrement solide sur ses institutions. En fait le parti républicain américain, l’opposition conservatrice à la politique progressiste du duo Biden/Harris, est particulièrement sensible dès qu’on touche ou qu’on veut toucher à Vladimir Poutine. C’est pourquoi elle fait tout pour ralentir cette fourniture. La ralentir, pas l’empêcher. Car à quelques mois d’une élection de mi-mandat qui la donne gagnante la droite américaine ne peut pas apparaître trop pro-russe, surtout pas depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.
Une partie non négligeable de son électorat épouse des valeurs humanistes, l’électorat républicain ne se limitant pas aux rednecks trumpistes.

Le choix de l’administration Biden de fournir des MQ-1C Gray Eagle est intelligent. En effet il permet de trouver un intermédiaire entre un MQ-1B Predator en passe d’être obsolète et un MQ-9A Reaper encore trop efficace et trop onéreux pour être offert ainsi. C’est donc un (excellent) pis-aller. Surtout le MQ-1C Gray Eagle dispose d’une capacité offensive supérieure au Baykar Bayraktar TB.2 de facture turque que les Ukrainiens utilisent intensivement depuis le début du conflit. L’une des particularités notables du MQ-1C est sa capacité à engager des cibles aériennes lentes tels des hélicoptères, des drones, ou même des avions à moteurs à pistons et à turbopropulseurs. Pour cela il dispose dans son arsenal du missile air-air AIM-92 Stinger. Bien sûr il n’est pas question de l’engager face à des chasseurs russes types Sukhoi Su-30 Flanker-C ou Su-35 Flanker-E. Mais pour des hélicoptères russes Kamov Ka-52 Hokum-B ou Mil Mi-28 Havoc dont les limites sont désormais connues ce drone peut représenter un danger réel.

La bête vue au sol, ici en Afghanistan en 2017.

L’administration fédérale américaine compte bien pouvoir livrer les quatre avions sans pilote dès le début de l’été. Va cependant vite se poser la question de leur pilotage. Plusieurs pistes semblent à l’étude, allant du télépilotage depuis le territoire ukrainien à une même action réalisée depuis les États-Unis par des pilotes ukrainiens appartenant à la diaspora. En fait sur ce sujet la Maison Blanche semble très évasive. Une chose semble assurée : aucun télépilote américain n’en prendra les commandes.
Les drones seront livrés avec des armements air-sol AGM-114 Hellfire, des missiles d’une redoutable efficacité.

Photos © US Army

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

8 réponses

  1. Très bon article comme d’habitude ! Toutefois, ce ne sont pas vraiment les Républicains (modérés ou conservateurs) qui ralentissent la livraison d’armes, ce sont plutôt les Trumpistes. En effet, le soutien à l’Ukraine est l’un des rares sujets de concorde entre les Démocrates et les Républicains.

    1. Les trumpistes représentent tout de même entre 45 et 60% (suivant les sources) des effectifs du parti républicain. Ils sont au mieux plus forte minorité et au pis majoritaires.

      1. Je ne voudrais « polluer » ce site d’aviation avec un autre sujet, ce sera donc mon dernier message. Les chiffres que vous soulignez sont à nuancer. Tout dépend des sujets de la politique américaine. Aussi, avec les primaires pour les mid-terms qui se sont déroulées il y a peu, on a constaté que les candidats « pro-Trump » ont eu du mal à percer (à part certains comme De Santis). Ainsi, il faut tout de même prendre en compte le fait que seul 10 représentants ont voté contre le lend-lease, et le Sénat l’a approuvé à l’unanimité. Cela peut changer avec le temps, mais d’anciens fidèles de Trump (Pence, Cruz, Lee…) prennent de plus en plus leurs distances avec lui

  2. Ce type de matériel va faire des cheveux blancs aux militaires Russe. Je n’aurai jamais cru que les usa aident autant l’Ukraine. Ces drones peuvent ils frapper en profondeur dans le territoire Russe ( 100km)?

    1. C’est un remake de ce qu’avait fait l’administration Reagan dans les années 80, affaiblir l’URSS avec comme résultat sa faillite, l’indépendance des anciennes républiques soviétiques et la disparition de l’URSS en quelques années.
      Biden y voit une occasion en or d’affaiblir la Russie pour des années grâce à un conflit long et coûteux et de la ramener à la situation qu’elle avait dans années 90/2000, c’est à dire une Russie quasi inoffensive et absente sur la scène internationale.

    2. Pas certain, ces drones sont relativement lent, peu manœuvrant, dénué de la moindre auto protection et sont donc des cibles faciles pour la défense sol/air.
      Je ne donne pas cher de leur peau au-dessus de l’Ukraine….

  3. S’ils sont pilotés depuis les US et que cela est prouvé d’une manière ou d’une autre, ça va faire des problèmes. Ce n’est pas jeter de l’huile sur le feu mais mettre de l’essence et un tuyaux d’oxygène pur…

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