L’année 2025 marque le 65ème anniversaire de la naissance du Service aérien gouvernemental du Québec (SAGQ). Cet organisme est officiellement né le 4 février 1960 lors de l’adoption d’une loi visant le regroupement de tous les aéronefs détenus par les ministères du Québec au sein d’une flotte unique. Au fil des décennies, le SAGQ est devenu un acteur clé dans la lutte contre les feux de forêt, les évacuations aéromédicales et les services aériens policiers. À cette fin, le SAGQ exploite actuellement une vingtaine d’aéronefs. Malgré son âge respectable, les prochaines années du SAGQ s’annoncent bien occupées. En plus de remplir les missions qui lui sont dévolues, cet organisme modernise sa flotte d’aéronefs. L’achat de nouveaux appareils est déjà annoncé, alors que d’autres reste à venir.
L’annonce la plus récente est l’acquisition de deux hélicoptères Bell 412EPX qui seront assemblés à Mirabel au Québec. Également opérés pour le compte de la Sûreté du Québec (SQ), le SAGQ aligne déjà un Bell 412EP, ainsi qu’un Airbus H145.


Les évacuations aéromédicales, au profit des communautés éloignées des grands centres de soins médicaux spécialisés, est un autre service essentiel assumé par le SAGQ. Avec une population de 9 millions d’habitants dispersée sur un vaste territoire qui fait trois fois celui de la France métropolitaine, cela représente tout un défi, particulièrement en hiver. Pour ce faire, le SAGQ dispose actuellement de quatre avions. Deux appareils Bombardier Challenger 601, aménagés en avions ambulance, effectuent les évacuations urgentes. Ces vénérables Challenger 601 seront prochainement remplacés par des appareils Challenger 650. À l’été 2024, le SAGQ fit l’acquisition d’un Challenger 650 d’occasion qui doit faire l’objet d’une conversion. Puis en décembre 2024, le SAGQ annonça l’achat de deux autres appareils Challenger 650. Il faudra toutefois patienter jusqu’en 2027 pour recevoir ces deux derniers appareils qui seront assemblés à Montréal par Bombardier.

Deux avions Bombardier Dash 8 sont également utilisés par le SAGQ pour le transport sanitaire programmé. Les Dash 8 du SAGQ commencent aussi à prendre de l’âge et le choix de leur successeur sera moins évident. Repreneur du programme Dash 8, De Havilland Canada offre bien des services de remise à neuf de ces appareils, mais tarde à annoncer la relance ou non de son assemblage. Qui plus est, si la remise en production vise uniquement le modèle Dash 8-400, il s’agirait d’un appareil vraisemblablement trop gros pour les besoins du SAGQ qui dispose actuellement des modèles Dash 8-200 et Dash 8-300 plus petits. Tout comme Hydo-Québec l’annonçait récemment, le SAGQ devra vraisemblablement se tourner vers l’Europe, s’il désire acheter des avions neufs. Notons que les interventions du SAGQ sont complémentaires à celles d’Airmedic, racheté en 2023 par l’organisme à but non lucratif Dessercom. Une autre option pour le SAGQ serait de délaisser le transport sanitaire programmé au profit d’un contrat avec Dessercom. Toutefois, les avions Dash 8 du SAGQ sont également utilisés pour le transport d’élus et d’employés du gouvernement vers des destinations mal desservies par des transporteurs privés.


Autre domaine où les aéronefs du SAGQ sont fortement sollicités, que ce soit au Québec, ailleurs au Canada ou à l’étranger, c’est celui de la lutte aux feux de forêt. Actuellement, la flotte de bombardiers d’eau du SAGQ compte quatorze appareils, soit huit Bombardier CL-415, deux Canadair CL-215 Turbo et quatre Canadair CL-215. Malgré les prouesses des mécanos du SAGQ, les vénérables CL-215 ne seront pas éternels et la question de leur remplacement se pose. Aussi, bien qu’une modernisation de l’avionique des CL-415 québécois fut complétée en 2024, il faudra aussi songer à les remplacer éventuellement. Tout comme le Manitoba qui annonçait récemment l’achat de trois appareils DHC-515 Canadair, le choix est évident pour le Québec. Nul doute que les CL-215, soigneusement entretenus par le SAGQ, trouveront preneur auprès de l’entreprise De Havilland Canada qui offre également un programme de remise à neuf et de conversion des CL-215 et CL-415 au standard CL-415 EAF (Enhanced Aerial Firefighter). Moins onéreux que les plus modernes DHC-515, le CL-415 EAF répond aux besoins de certains clients, comme le Maroc qui a fait l’acquisition de trois exemplaires. Quelle sera l’option retenue par le Québec: une combinaison des deux, ou une transition vers une flotte tout DHC-515 ? Seul l’avenir le dira. Chose certaine, les jours glorieux des vieux CL-215 du SAGQ sont comptés. Personnellement, je crois qu’un de ces iconiques CL-215 mérite une place au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada. Sinon, un exemplaire devrait être conservé et exposé au repaire des pélicans québécois.


Alors que 65 ans sonne habituellement l’âge de la retraite pour la plupart des Canadiens et Canadiennes, le SAGQ s’offre une cure de jouvence pour repartir de plus belle ! Je profite de l’occasion pour rendre hommage aux hommes et aux femmes, pilotes, mécaniciens et techniciens du SAGQ. Merci à ceux et celles qui se dévouent, parfois au péril de leur vie, à offrir des services aériens essentiels à la population du Québec, et ce 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 !

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3 réponses
Toujours bien rédigés, documentés, et illustrés ces documents sur l’aviation canadienne sont absolument passionnants! Bravo et merci Marcel !
Article très intéressant sur un sujet totalement inconnu de ce coté ci de l’Atlantique nord. Il serait intéressant de savoir si les autres provinces canadiennes fonctionnent de la même manière, et d’avoir le cas échéant le même genre d’article. Et niveau photos j’adore le Bell 412 de la police, je le trouve très classe.
Salut Arnaud. D’autres gouvernements provinciaux ont effectivement leur propre flotte d’aéronefs, mais selon des formules qui varient d’une province à l’autre. À suivre…