Les Grumman F-14 Tomcat iraniens pris pour cibles par Israël.

Un chasseur vieux de plus d’un demi-siècle peut-il encore faire peur à la première force militaire du Proche-Orient ? La question mérite d’être posée depuis que l’état-major de Tsahal a revendiqué la destruction de deux Grumman F-14A Tomcat appartenant à la Niruye Havayiye Artese Jomhuriye Eslâmiye Iran, l’aviation militaire iranienne. Les deux mythiques avions de combat ont été détruits au sol lors d’un raid aérien de Heyl Ha’Avir dans le cadre de l’opération Rising Lion. Et pour une fois Israël a fourni de belles images infrarouges aux médias.

Celle qui devait initialement se cantonner à la décapitation du processus nucléaire iranien ressemble de plus en plus à une nouvelle guerre menée par l’état hébreu à l’encontre d’un état de la région, à l’image de la célèbre Guerre des Six Jours. L’opération Rising Lion s’étend donc. Et ce lundi 16 juin 2025 lors d’une conférence de presse le général de brigade Ephraim Defrin, porte-parole de Heyl Ha’Avir, a annoncé qu’une frappe aérienne ciblée avait permis la destruction de deux Grumman F-14 Tomcat ennemis. La veille c’était le dernier avion de ravitaillement en vol Boeing KC-747 opérationnel qui avait lui aussi fait les frais d’une bombe guidée israélienne. Heyl Ha’Avir semble donc prendre un malin plaisir à détruire les avions symboliques du régime des mollahs. On peut se demander si les Dassault Mirage F1EQ et les McDonnell-Douglas F-4E Phantom II ne sont pas également sur leur liste.

Contrairement à la très discutable image d’épave d’un F-35I Adir fourni par l’agence de presse IRNA celle que Heyl Ha’Avir a divulgué ne permet aucun doute. C’est bien un F-14 Tomcat ! Malgré la pauvreté de résolution d’une photo infrarouge prise en altitude durant une opération militaire on reconnait la voilure à géométrie variable, l’empennage double dérive, et le nez si particulier. Pour un peu on imaginerait Goose et Maverick aux commandes.

Car si l’US Navy n’utilise plus cet avion depuis septembre 2006 la Niruye Havayiye Artese Jomhuriye Eslâmiye Iran continue de voler dessus. C’est même son principal avion de supériorité aérienne, surtout depuis qu’elle a finalement renoncé au Sukhoi Su-35 Flanker-E proposé par la fédération de Russie. Rappelons, à toutes fins utiles, que l’Iran fut le seul pays au monde en dehors des États-Unis à avoir les moyens de se payer ce très coûteux chasseur. C’était du temps de l’empire perse, du règne du shah, allié des USA.

Alors frappe d’une icône ou destruction d’un avion réellement dangereux pour Heyl Ha’Avir ? La question reste en suspend. Car si ses missiles air-air longue portée Fakour-90 et courte portée Fatter, copiés depuis respectivement l’AIM-54 Phoenix et l’AIM-9 Sidewinder américains, sont indéniablement assez efficace le F-14A Tomcat demeure un vieil avion. Même s’il a été modernisé au début des années 2000. On imagine mal qu’un tel appareil puisse sérieusement représenter le moindre danger pour les escadrilles de F-15I Ra’am, de F-16I Sufa, et de F-35I Adir déployés par Israël sur l’opération Rising Lion. Et ce même si les pilotes iraniens de F-14 Tomcat sont réputés pour très bien connaître leurs avions et être capable d’en tirer le meilleur.

Toucher au Grumman F-14 Tomcat c’était l’assurance pour Heyl Ha’Avir de faire le buzz pour pas trop cher. Et si finalement l’opération Rising Lion n’avait pas aussi un énorme aspect médiatique, comme une vitrine du savoir faire israélien en matière de raids aériens ? Vous remarquerez que le général de brigade Defrin s’est bien gardé dans son point presse de révéler la nature de l’aéronef lanceur des bombes guidées : avion de combat ou drone ? La transparence a ses limites, surtout en temps de guerre.

Photos © Niruye Havayiye Artese Jomhuriye Eslâmiye Iran et Heyl Ha’Avir