La vente des Sukhoi Su-35 Flanker-E à l’Iran remise en question.

Décidément la Russie est maudite est avec son chasseur de génération 4.5. Alors que tout le monde pensait l’affaire réglée avec la république islamique d’Iran voilà que celle-ci entend désormais rediscuter le contrat d’achat de vingt-quatre Su-35 Flanker-E, voire de l’annuler ! Pas question dans le cas de Téhéran de se prémunir des risques de sanctions américaines suite à la loi CAATSA mais plutôt de dénoncer le manque de transparence de Moscou et l’absence de transfert de technologie entre Sukhoi et HESA. La fronde est venue aussi bien des responsables de l’avionneur que des militaires iraniens eux-même.

Rappelons qu’à l’origine les vingt-quatre Sukhoi Su-35 Flanker-E que Moscou a vendu à Téhéran l’avaient été précédemment au Caire, cette dernière ayant finalement fait volte-face au profit du Dassault Aviation Rafale jugé plus polyvalent. Surtout l’avion français mettait l’Égypte à l’abri du désormais célèbre Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act, ou CAATSA. Une loi fédérale américaine que l’Iran ne redoute nullement. Ce pays est déjà considéré, à juste titre, comme un ennemi des États-Unis. En fait les négociations entre Iraniens et Russes avaient été initiées dès septembre dernier et finalisées par le contrat en janvier 2023.

Celui qui aujourd’hui a décidé de gripper le plus profondément la machine s’appelle Hamid Vahedi. C’est d’ailleurs un ancien pilote de chasse. Il est actuellement chef d’état-major de la Nirvi-ye Hevayi-ye Artesh-e Jimhuri-ye Eslâmi-ye Iran, c’est à dire l’aviation militaire iranienne. Au sein du régime islamiste c’est donc une voix qui porte.
Vahedi dénonce le fait que l’Égypte avait obtenu des transferts de technologie de la part de la Russie alors que celle-ci persiste à la refuse à l’Iran, pourtant plus en avance sur le plan aéronautique. Les Iraniens produisent leurs propres aéronefs tandis que les Égyptiens n’en sont encore qu’à des étapes intermédiaires comme de la sous-traitance ou quelques programmes n’ayant pas encore abouti à grand-chose. En outre le général iranien regrette publiquement que l’avionneur russe refuse toujours d’autoriser ses techniciens à assurer eux même les phases de maintenance des Su-35 Flanker-E. Moscou exige que sur les trente prochaines années cela soit à la seule charge de Sukhoi.
Enfin les autorités militaires iraniennes ne comprennent toujours pas pourquoi l’avionneur Sukhoi refuse de fournir, à titre contractuel, le moindre simulateur de vol.

En fait plus le temps passe et plus l’annonce faite par Hamid Vahedi la semaine dernière semble logique. Moscou cherche avant tout à se défausser de vingt-quatre avions de combat qui sont devenus pour elle des boulets. Et cela sans se soucier du client, fut t-il son plus proche allié au Moyen-Orient. Il y a quelques jours une information est arrivée démontrant que depuis plusieurs mois maintenant les deux pays négocient âprement la vente d’une dizaine de chasseurs multi-rôles Su-30SME Flanker-H. Des pourparlers qui ne semblent pas particulièrement bien se dérouler, en raison principalement de la Russie.

En filigrane se dessine désormais donc entre Téhéran et Moscou un phénomène que les chercheurs en géostratégie mais aussi les diplomates appellent la «soviétisation» de la Russie. Ce qui implique que ce pays se comporte désormais comme le faisait jadis l’URSS avec ses états satellites. N’en ayant désormais quasiment plus, hormis la Biélorussie et le Mali, elle joue la même carte avec ses alliés. Sauf que l’Iran ne compte pas se laisser avoir de cette manière. D’autant qu’un pays se trouve en embuscade, un pays qui entretient également d’excellentes relations avec Téhéran : la Chine. Elle peut parfaitement suppléer le contrat russe et proposer des alternatives au Su-35 Flanker-E. Restera toujours les questions de transfert de technologie et de maintenance, c’est à dire de souveraineté.

Vous l’aurez compris rien n’est vraiment tout rose pour les clients de la Russie. Finalement les négociations avec Sukhoi se révèlent tout aussi tendues que d’autres peuvent l’être avec Dassault Aviation ou Lockheed-Martin. Au final les vingt-quatre Su-35 Flanker-E ex-égyptiens ressemblent désormais pour Sukhoi au sparadrap du capitaine Haddock.

Affaire donc à suivre.

 


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 Responses

  1. Pourquoi les Iraniens auraient ils besoin d’un transfert de technologie, eux qui sont capables de produire de la « haute technologie » avec notamment leur fameux Qaher 313 qu’on attend toujours de voir voler… X-D

  2. En dépit de la déplorable politique expansionniste russe, je reste toujours émerveillé face à la pureté des lignes de la famille Flanker. Quel dommage que ces avions, Flanker, Felon, Fulcrum… semblent marquer la Fin d’une époque pour l’industrie aéronautique militaire russe.

  3. La Chine n’est pas une alternative réjouissante, ni pour l’Iran ni pour la Russie, d’ailleurs. Parce qu’ils finiraient forcément par être le « petit frère » en dépendance complète du géant chinois avec lequel ils n’ont rien en commun si ce n’est l’opposition stratégique aux EU. Ni l’idéologie messianique de la république islamique chiite ni le dogme impérial poutinien ne peuvent s’en accomoder. Pour faire court: ils se détestent et se méfient les uns des autres.

  4. J’ai lu qu’en outre, Israël a redoublé de pression sur la Russie au sujet de l’accord Su-35, menaçant de fournir un système de défense aérienne moderne à l’Ukraine si Moscou va de l’avant avec l’accord sur les avions à réaction avec l’Iran.

  5. Ah pas besoin d’être un ennemi de Moscou pour l’avoir dans l’os…..
    Et le prochain cours s’intitule, « Que c’est mauvais d’être un allié du régime Moscovite » .

    Bon les iraniens feront au moins des économies sur un avion qui aurait était inutile, mais surtout qui aurait volé quelques heures seulement puis parqué dans un hangar sans Sav des Russes ( on commence à les connaître)

    Et le plus drôle, c’est que touts les pays qui refusent le matos moscovite à « cause » des sanctions ou de complications ne n’ofusquent pas et passent à autre chose assez vite.
    C’est surtout que finalement, ils sont bien trop contents d’avoir éviter la patate chaude.

    Des sanctions pour un avions qui est une daube inomable et inutilisable après quelques heures, ça fait assez mal.

    Sukhoi, les avions garanti jusqu’au bout de la piste.

    Cela frise le ridicule, mais le problème c’est que c’ est avions sont mortels pour les civils Ukrainiens.

  6. C’est plutôt la Russie qui a intimidé Israël de fournir ses systèmes antiaériens de défense à l’Ukraine au risque de livrer ses avions dont on parle à l’Iran et non le contraire

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