Officiellement la France aligne douze Bombardier CL-415 au sein de la flotte étatique, en réalité seuls onze sont en état de vol. Face à un été 2025 déjà très chaud et donc particulièrement fertile en feux d’espaces naturels ne serait-il pas temps que le ministre de l’Intérieur, monsieur Bruno Retailleau, prenne le taureau par les cornes et loue des moyens privés ? Les collectivités territoriales, majoritairement les départements, le font déjà depuis des années. La sécurité des personnes et des biens et la protection de l’environnement sont-elles vraiment des priorités pour la place Beauvau ?
Il ne se passe actuellement pas une semaine sans que les grands médias généralistes (TF1, France 2, BFMTV, LCI, France Infos) ne fassent de reportages sur le sujet. La France a chaud, la France brûle, et nos avions bombardiers d’eau sont toujours plus sollicités. Malgré les chiffres officiels la Sécurité Civile n’aligne que onze de ses douze CL-415. N’oublions pas l’incident survenu au large de Porto-Vecchio en mai dernier qui a immobilisé Pélican 35. Les huit Dash 8 sont eux parfaitement opérationnels. La Sécurité Civile aligne donc dix-neuf bombardiers d’eau, en dehors de ses hélicoptères. Est-ce suffisant ?
Là dessus le ministère de l’Intérieur joue la carte du silence radio. Ce qui est sûr c’est que nos avions bombardiers d’eau vieillissent. Les CL-415 sont entrés en service entre 1996 pour les plus anciens et 2007 pour le plus récent d’entre eux. Et chaque été ils mènent des dizaines de missions, parfois très longues, dans les conditions les plus dantesques. Rappelons nous que trois avions ont été perdu au feu (1997, 2004, et 2005) avec à chaque fois la mort pour leurs pilotes. Les Dash 8 sont de leur côté un chouïa plus récents mais demeurent tout autant employés pour frapper les feux. En fait les premiers attaquent à l’eau et les seconds au retardant. Ils sont donc largement complémentaires.
Afin de les épauler ils peuvent compter sur une micro flotte d’hélicoptères Airbus Helicopters H215 loués auprès du contractor Airtelis. Plusieurs services départementaux d’incendies et de secours, rattachés aux collectivités territoriales, alignent également des avions et hélicoptères bombardiers d’eau en location. Des aéronefs qui peuvent prêter main forte aux pilotes de la Sécurité Civile en cas de besoin. Autant dire qu’ils sont quasi systématiquement à leurs côtés avec des appareils aussi différents que l’Air Tractor AT-802 ou le Grumman AgCat. Et n’oublions évidemment pas l’universel Aérospatiale AS.350B Écureuil.
D’où ce questionnement de ma part : pourquoi le ministère de l’Intérieur ne fait-il pas appel à des contractors afin de protéger notre nature et les habitations mises en danger ? Il existe des entreprises spécialisées en Amérique du Nord et en Europe comme par exemple Bridger Aerospace ou encore Coulson Aviation qui louent déjà leurs avions à des états comme l’Australie, le Canada, la Croatie, la Grèce, ou encore le Mexique. Il ne s’agirait évidemment pas de leur déléguer l’intégralité de la charge de lutter contre les feux mais juste de permettre de temps en temps aux femmes et aux hommes de la Sécurité Civile de souffler un peu. Genre pendant deux trois jours chaque mois.
Car si le ministère de l’Intérieur attend après les futurs Kepplair KE72 et autres Hynaéro F-100 Frégate il lui faudra de la patience. Ces programmes ne seront pas viables avant le début de la décennie prochaine. Avec le DHC-515 canadien la France ne sera pas mieux lotie puisque des pays européens devront être livrés avant nous. Ils ont fait leurs chèques sans attendre les atermoiements et hésitations de la place Beauvau. Et du coup pendant les cinq à sept années à venir la nature a le temps de cramer, à l’instar des habitations comme très récemment à Marseille et dans sa proche banlieue. Avec à chaque fois le risque qu’il y ait aussi des morts.
Le ministère de l’Intérieur, et en premier lieu son numéro 1 monsieur Bruno Retailleau, vont-ils donc laisser pourrir la situation ou bien prendre les décisions qui s’imposent. M’est d’avis qu’on est pas près de voir voler au-dessus de la Corse ou du massif Armoricain des Canadairs qui ne soient pas de la Sécurité Civile. Sauf peut-être ceux de nos amis espagnols et italiens de l’Ejercito del Aire y del Espacio et de la Protezione Civile.
Photo © Sécurité Civile
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