Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale l’un des enseignements les plus forts est l’intérêt grandissant pour les planeurs dans les processus de formation de base des futurs pilotes. En Europe les Américains, les Britanniques, et les Soviétiques apprennent alors beaucoup des Allemands et de leur emploi de ces engins afin de parfaire les connaissances du vol. Et chacun s’essaye à la conception d’un tel appareil. Au sein des forces du Pacte de Varsovie ce sont principalement des avionneurs non soviétiques qui s’y essayèrent. L’un d’eux développa à la fin des années 1950 celui qui allait devenir le planeur biplace le plus célèbre de son temps : le Let L-13 Blanik.
En 1955 le colonel-général soviétique Pavel Belov, alors numéro 1 du DOSAAF, demanda qu’on étudie la possibilité d’employer des planeurs biplaces afin de recruter de futurs pilotes pour les forces aériennes. Le Zlin Z-25 Šohaj, dérivé de l’Olympia Meise allemand de l’entre-deux-guerres, était alors le principal appareil de vol à voile au sein de cette administration soviétique avec une cinquantaine d’exemplaires. Ce chiffre était très en deça de ce que Belov désirait et surtout il lui était insupportable que des jeunes Soviétiques découvrent l’aviation sur une création «nazie». Une compétition fut lancée afin de fournir au DOSAAF le planeur idoine. Celui-ci devait être biplace et répondre aux meilleurs standards de l’époque, ceux en vigueur à l’Ouest.
L’ingénieur tchécoslovaque Karel Dlouhý proposa aux Soviétiques un engin assez révolutionnaire appelé Let L-13 et baptisé Blanik. Contrairement à la majorité des planeurs contemporains celui-ci était intégralement construit en métal et disposait, une grande première sur une machine de ce type, d’une voilure trapézoïdale haute à profil en flèche négative se terminant en extrémité d’ailes par des saumons. Le train d’atterrissae monotrace était semi-rétractable. Les deux membres d’équipage prenaient place dans un cockpit biplace en tandem largement vitré.
Le prototype du L-13 Blanik réalisa son premier vol en novembre 1956, pris en remorque par un Antonov An-2 Colt.
Immédiatement ce Let L-13 Blanik surclassa toute la concurrence auprès des Soviétiques qui passèrent commande, début 1957, pour 1000 exemplaires. Les premières entrèrent en service en mars 1958 pour la sélection en vol, la formation initiale, et le vol de loisirs au sein du DOSAAF. D’ores et déjà ce planeur était un succès phénoménal. Outre cette administration soviétiques des exemplaires furent pris en compte à titre étatique et/ou militaire par l’Allemagne de l’Est, la Hongrie, et la Roumanie. Ironie de l’Histoire la Tchécoslovaquie où il était produit ne l’acheta pas, se contentant de ses planeurs d’ancienne génération.
Dans les compétitions internationales de vol à voile le Let L-13 Blanik dépassa bientôt la majorité de ses concurrents américains, français, ou encore ouest-allemands. L’OTAN pensa un temps lui octroyer une désignation mais cela ne vint finalement jamais. Quand en 1988 sa production s’arrêta un total de 2650 exemplaires avait été produit mais l’aventure de ce planeur était loin d’être terminée.
En effet l’avionneur tchécoslovaque s’était lancé quelques mois auparavant dans le développement d’une version avancée désignée L-23 Super Blanik et identifiable à son empennage en T et à ses saumons de voilure affinés. Le train d’atterrissage avait en outre été renforcé. L’URSS déliquescente se désintéressa de lui. Pourtant à l’instar du L-13 avant lui ce nouveau planeur enchaînait alors podiums sur podiums lors des compétitions internationales
En 2000 l’US Air Force loua un L-13 Blanik et un L-23 Super Blanik afin de les tester comme planeurs de sélection en vol pour le compte de l’US Air Force Academy. Convoyés à bord d’un Lockheed C-130H Hercules ils furent essayés à Edwards AFB sous la désignation de XTG-10 pour le premier et YTG-10 pour le second.. Leur rôle était alors de remplacer les Schweizer TG-5 et TG-6 en dotation depuis les années 1970 et désormais obsolètes. Finalement douze L-23 furent acquis comme TG-10B Merlin et cinq L-13 de seconde main comme TG-10C Kestrel. Ces derniers devaient former à la voltige aérienne. Les planeurs tchécolosvaques volèrent sous la livrée jaune et bleue de l’Air Force Academy de 2002 à 2012.
Plus de 3000 exemplaires des Let L-13 Blanik et L-23 Super Blanik ont été produits. Le L-23 était toujours construit fin 2025. Au total une vingtaine de pays les ont utilisés à titre militaire. Et le L-13 est une des rares machines volantes à avoir été opérationnelle en URSS et aux États-Unis.
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