Fiat 7002

Souvent considérée comme la deuxième grande nation européenne des voilures tournantes après la France l’Italie a su développer des machines souvent très réussies. Son expérience remonte aux années 1970 et s’est renforcée grâce au concours de l’industriel britannique Westland. Pourtant tout n’avait pas commencé sous les meilleurs auspices pour cette industrie qui connut quelques ratés. L’un des plus mémorables fut sans doute l’appareil conçu au début des années 1960 pour les besoins civils et connu comme Fiat 7002.

C’est en 1959 que le gouvernement italien décida de demander à la branche aéronautique du géant automobile Fiat de développer un hélicoptère léger tant civil que militaire pouvant embarquer cinq passagers sur une distance de 450 kilomètres. Un contrat de développement d’un montant de deux millions de lires fut signé au début de l’année 1960 entre Fiat et le ministère italien de la défense.
À cette époque le pays tentait de se lancer sur le marché des hélicoptères, imitant ainsi les industries britanniques et françaises. Alors que Fiat lançait son programme d’hélicoptère léger Agusta de son côté un développait deux autres, l’un de taille similaire l’AB-102 avec assistance américaine et le second plus petit, l’A.104 Helicar.

Les autorités italiennes avaient décidé de laisser la plus grande liberté à Fiat dans le développement de l’hélicoptère. L’avionneur, alors totalement novice dans les voilures tournantes, décida de se lancer dans un programme d’hélicoptère doté d’une turbine à gaz actionnant le rotor principal par effet de propulsion. En ce début des années 1960 ce procédé était jugé révolutionnaire par bon nombre d’ingénieurs. En France l’appareil léger SNCASO SO.1221 Djinn était alors produit en série selon ce système.
Fiat annonça au printemps 1960 que son programme avançait. L’appareil avait été désigné Fiat 7002.

Quand une maquette fut officiellement présentée à la presse locale et internationale quelques semaines plus tard beaucoup crurent à un canular. Le Fiat 7002 ne ressemblait à aucune machine alors connue. Un journaliste italien le surnomma alors : «l’elicottero giocattolo». C’est à dire en français l’hélicoptère joujou.
En fait le prototype était alors en phase d’assemblage. Extérieurement il ne ressemblait à aucun autre appareil de ce genre. De construction purement métallique et disposant d’un fuselage ovale largement vitré le Fiat 7002 disposait de deux patins d’atterrissage. Au-dessus de la cabine un réservoir alimente la turbine à gaz Fiat 4700 d’une puissance de 530 chevaux qui entraîne le rotor principal. Un rotor anticouple caréné fut installé au bout d’une poutre de queue particulièrement courte.
C’est dans cette configuration que le prototype vola pour la première fois le 26 janvier 1961.

Dès son apparition publique quelques semaines plus tard le Fiat 7002 devint la risée des spécialistes de l’aéronautique. Un hélicoptère tip-jet, c’est à dire doté d’une turbine à gaz actionnant le rotor principal par effet de propulsion, équipé d’un rotor anticouple c’était une grande première. Cette technologie ayant pour effet d’annuler tout effet le couple le dit rotor anticouple devenait de facto inutile. L’architecture si particulière du Fiat 7002 ne joua pas non plus en sa faveur. Si quelques-uns le trouvèrent innovant et audacieux, notamment dans la presse aéronautique, globalement il était décrié.

Au printemps 1961 le ministère de la défense italien peinait à cacher son embarras devant une telle machine. Il était alors hors de question de commander ce Fiat 7002. Le contrat fut donc octroyé à l’Agusta-Bell AB-102… avant d’être annulé quelques semaines plus tard.
Fiat entendait alors proposer son appareil sur le marché civil. Mais là encore l’hélicoptère échoua. Son esthétique douteuse y était pour beaucoup, mais également son très haut niveau sonore et l’inconfort de son aménagement intérieur.
Finalement le programme du Fiat 7002 fut annulé à l’été 1962.

Le Fiat 7002 vola encore quelques mois, jusqu’en février 1963, pour le compte de son constructeur. En fin de compte il fut envoyé à la ferraille.
Fiat ne réalisa plus jamais d’hélicoptère.