SNCAO CAO.200

Fiche d'identité

Appareil : SNCAO CAO.200
Constructeur : Société nationale des constructions aéronautiques de l'Ouest
Désignation : CAO.200
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN :
Variante : Loire-Nieuport LN-601
Mise en service : 1939
Pays d'origine : France
Catégorie : Avions expérimentaux
Rôle et missions : Prototype de chasseur monoplace

Sommaire

“ Le triste dernier chasseur Nieuport ”

Histoire de l'appareil

En 1936 le socialiste Léon Blum devint Président du Conseil et forma un gouvernement d’union avec des militants communistes. On appela cette période le Front Populaire ! Si elle fut très riche en avancées sociales, avec au premier plan la création des premiers congés payés, elle laissa aussi un goût amer à l’industrie aéronautique française au travers de la vague de nationalisations des avionneurs. La majorité des industriels se vit démanteler afin de donner naissance à de nouvelles entités d’état : les SNCA, les Sociétés Nationales de Constructions Aéronautiques. Au sein de toute nouvelle SNCAO les ingénieurs issus de Loire-Nieuport eurent notamment en charge de développer un chasseur léger qui demeura malheureusement à l’état expérimental : le CAO.200.

Début 1936 la jeune Armée de l’Air émit un cahier des charges relatif à un avion de catégorie C1, à savoir un chasseur monoplace. Celui-ci devait être monoplan à aile basse, disposer d’un confortable rayon d’action, posséder un poste de pilotage fermé, et pouvoir emporter au moins quatre mitrailleuses ou deux et un canon-mitrailleur. En gros la France cherchait à rattraper son retard vis-à-vis de la Grande Bretagne. Six avionneurs y répondirent : Arsenal, Bloch, Caudron, Dewoitine, Loire-Nieuport, et Morane-Saulnier.

Chaque constructeur présentait un avion très différent de son voisin. Pour Loire-Nieuport il s’agissait du LN-161, une version profondément améliorée du LN-160 qui l’année précédente avait échoué dans un autre programme C1. En phase finale de sélection les généraux français lui avaient préféré le Morane-Saulnier MS.405 qui allait être assemblé en série comme MS.406. Loire-Nieuport comptait bien prendre sa revanche.

Pourtant l’élection de Léon Blum à la tête du pays modifia profondément la donne. À l’automne 1936 son ministre de l’Air, Pierre Cot, lança le vaste programme nationalisation. Les bureaux d’études de la chasse et de l’hydraviation de Loire-Nieuport se virent associés à une partie des ateliers et usines de Breguet au sein de la toute nouvelle Société Nationale de Constructions Aéronautiques de l’Ouest. Une lutte intestine débuta au sein de la SNCAO afin de savoir qui des équipes Breguet et Loire-Nieuport auraient l’ascendant.
La création de cette nouvelle entité amena aussi un changement de désignation. Le LN-161 disparut définitivement pour devenir CAO.200.

Sur le papier le SNCAO CAO.200 avait toutes ses chances. D’autant que Pierre Cot avait signifié aux avionneurs récalcitrants à la nationalisation que leurs programmes ne seraient plus prioritaires dans les sélections d’avions militaires.
Dans le même temps les enseignements de l’espionnage allié en Espagne démontrèrent toutes les avancées des avionneurs allemands. Des machines comme le bombardier en piqué Junkers Ju 87B ou le chasseur monoplace Messerschmitt Bf 109B allaient dans le sens d’une modernisation de la chasse française. La politique expansionniste du chancelier Hitler ne laissait que peu de doutes sur l’éventualité du nouvelle guerre. Les constructeurs en charge du programme C1 de 1936 furent donc fortement sollicités pour proposer rapidement un avion.

Pour sa motorisation la SNCAO avait fait appel à Hispano-Suiza et à son modèle 12Y à douze cylindres en V d’une puissance de 860 chevaux. Ce moteur très fiable entraînait une hélice métallique tripale. Particularité notable celui-ci équipait également deux autres concurrent du CAO.200 : l’Arsenal VG-33 et le Dewoitine D.520.
Les guéguerres internes à la SNCAO compliquèrent encore un peu plus le développement de l’avion. Si bien que lors du salon aéronautique de Paris en 1938 le chasseur n’était pas prêt. La SNCAO envoya cependant le prototype qui ne possédait ni armement ni équipement électrique. C’est juste une belle coquille vide mais motorisée qui trônait sous la coupole du Grand Palais. Il avait été repeint à la va-vite aux couleurs de l’Armée de l’Air.

Pourtant à cette époque cette dernière avait déjà le regard tourné vers deux compétiteurs en particulier : les Bloch MB.152 et Dewoitine D.520. Tous deux avaient déjà réalisé leurs premiers vols respectif quand le SNCAO CAO.200 réalisa le sien le 31 janvier 1939.
Extérieurement cet avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever de construction mixte en métal et contreplaqué. Son armement se composait d’un canon Hispano de calibre 20 millimètres tirant dans l’axe de l’hélice et de deux mitrailleuses MAC34 de calibre 7.5 millimètres installées en voilure. Le CAO.200 possédait un train d’atterrissage classique escamotable ainsi qu’un patin de queue. Ce dernier était évidemment fixe.
Le pilote prenait place dans un cockpit assez exigüe.

Les essais en vol démontrèrent une certaine instabilité longitudinale de la part de l’avion lors des phases d’atterrissage et de décollage. Pour y remédier les équipes de la SNCAO décidèrent d’installer sur leur chasseur deux dérives additionnelles en extrémités du plan fixe horizontal de l’empennage. Le CAO.200 gagna en qualité de vol.
Malgré cela l’avion ne put gagner la compétition, les Bloch MB.152 et Dewoitine D.520 étant bien plus évolués et avancés que lui.

Pourtant l’invasion de la Pologne quelques semaines plus tard et l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne nazie qui en résultat changea grandement la donne. L’Armée de l’Air avait impérativement besoin d’avions de combat. La SNCAO proposa alors de produire en série son chasseur refusé. Et le ministère de l’Air accepta, passant commande pour douze exemplaires de présérie. Le CAO.200 devenait désormais un chasseur de défense aérienne rapprochée. Malheureusement pour l’avionneur son outil industriel ne suivait pas les volontés de son bureau d’études. Engagé dans le même temps dans les programmes de bombardiers bimoteurs CAO.600 et quadrimoteurs CAO.700 les ouvriers n’assemblèrent jamais complètement le moindre chasseur monoplace.

Quand les forces allemandes attaquèrent la France au printemps 1940 un seul et unique CAO.200 existait : le prototype. Par chance pour l’avionneur celui-ci était armé et approvisionné en munitions. Moyennant un accord avec l’Armée de l’Air l’avion fut repeint selon un schéma opérationnel et affecté à la défense des ateliers du constructeur à Villacoublay près de Paris.
Le chef pilote d’essais de l’entreprise publique, monsieur Demazière, avait la charge de faire décoller l’avion en cas de nécessité. Et justement cela se présenta. Le 5 juin 1940 il fit décoller son chasseur expérimental afin de prendre part aux côtés d’autres avions français à la traque d’un groupe de bombardiers Heinkel He 111 de la Luftwaffe. Demazière en descendit un au canon de 20 millimètres au-dessus de la commune de La Chapelle-d’Angillon dans le sud de la Sologne.
Quelques jours plus tard le chasseur fut officiellement pris en compte par l’Armée de l’Air et versé au Groupe de Chasse I/145. Ce dernier était composé majoritairement de pilotes polonais ayant fui l’avancée allemande et trouvé refuge en France. Demazière demeurait pourtant son pilote. Le GC I/145 avait été un temps stationné à Villacoublay avant de faire mouvement. Le CAO.200 suivit la marche et quitta la défense de son usine. Il volait aux côtés de Bloch MB.152 et de Caudron C-714. Ce dernier avait été comme le CAO.200 rejeté de la compétition C1 de 1936 mais rappelé du fait de la guerre. Par contre le C-714 avait connu la construction en série.

En juin 1940 après la lourde défaite de la France contre les armées allemandes la Luftwaffe décida de saisir le prototype du SNCAO CAO.200 afin de le tester en Allemagne. On ignore ce qu’il en advint, de même que les éventuels enseignements qui en furent tirés.
Ainsi se terminait l’aventure du dernier chasseur Nieuport, une lignée qui remontait aux biplans de la Première Guerre mondiale.

La SNCAO est un constructeur particulier dans le fait qu’aucun de ses avions n’a jamais été construit en série. Ils sont tous demeurés à l’état expérimental, principalement en raison de la défaite de 1940. À ce niveau là le CAO.200 est sans doute le plus symbolique.
Après guerre ce constructeur fut absorbé par la prolifique SNCASO.

 

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Photos du SNCAO CAO.200

Caractéristiques techniques

Modèle : SNCAO CAO.200
Envergure : 9.50 m
Longueur : 8.90 m
Hauteur : 3.52 m
Surface alaire : 13.30 m2
Motorisation : 1 moteur en V Hispano-Suiza 12Y
Puissance totale : 1 x 860 ch.
Armement : Un canon de 20mm et deux mitrailleuses de 7.5mm.
Charge utile : -
Poids en charge : 2500 kg
Vitesse max. : 550 km/h à 6700 m
Plafond pratique : 10900 m
Distance max. : 950 Km à masse maximale
Equipage : 1
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Profil couleur

Profil couleur du SNCAO CAO.200

Plan 3 vues

Plan 3 vues du SNCAO CAO.200
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du SNCAO CAO.200

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