Depuis le Fiat G.80 en décembre 1951 l’industrie aéronautique italienne s’est imposée petit à petit comme une spécialiste dans la conception et la réalisation des jets d’entraînement. C’est véritablement entre les années 1960 et 1970 que cette assertion se vérifia avec le best-seller Aermacchi MB-326. Dès lors la majorité des avionneurs transalpins s’essaya à cet exercice de style, et certains réussirent plus que d’autres. SIAI-Marchetti y parvint technologique avec son jet léger S.211 sans forcément que l’avion ne trouve son public. Au milieu des années 2010 le géant Leonardo décida de lui donner un second souffle en le reprenant en profondeur sous la forme du M-345.
Si le SIAI-Marchetti S.211 ne vola que marginalement sous cocarde italienne, principalement lors d’essais en vol il fut utilisé par Haïti, les Philippines, et surtout Singapour. L’idée d’un jet léger pouvant assurer des missions d’entraînement intermédiaire et avancé demeurait séduisante pour les responsables italiens. Une première tentative eut lieu en 2004, sept ans après qu’Alenia-Aermacchi ait racheté SIAI-Marchetti. Le S.211 devint alors M-311.
En lieu et place du turboréacteur Pratt & Whitney Canada JT15D-4D d’origine c’est un JT15D-5C légèrement moins gourmand en carburant qui fit son apparition. L’Alenia-Aermacchi M-311 intégrait également des éléments de voilures et de fuselage en matériaux composites ainsi qu’un train d’atterrissage renforcé permettant l’emploi depuis des terrains sommaires. En outre le poste de pilotage avait été revu et corrigé afin de gagner en lisibilité grâce à des écrans LCD. Pour le reste le M-311 n’était qu’un S-211 remarketé. Deux prototypes furent construits dont le premier réalisa son vol inaugural le 1er juin 2005.
Malgré des présentations officielles remarquées, notamment à Farnborough en Angleterre et au Bourget en France, ou encore un partenariat industriel avec Boeing l’Alenia-Aermacchi M-311 ne trouva jamais son public. Son développement fut stoppé en 2009. On le crut alors mort et enterré.
En 2012 l’entreprise Finmeccanica, maison mère d’Alenia Aermacchi, décida de relancer l’avion. Le programme HET, pour High Efficiency Trainer, prévoyait de proposer un avion d’entraînement intermédiaire à réaction permettant de réaliser la transition avant le M-346 Master d’entraînement avancé. Seulement chacun savait en Italie que le M-311 était trop proche du S.211 pour que quoi que ce soit de viable n’apparaisse. Il fallait donc une modification en profondeur. Le M-345 allait naître.
S’il reprenait les grandes lignes du S.211, et donc du M-311, ce nouvel Alenia-Aermacchi M-345 serait radicalement nouveau. Adieu le turboréacteur Pratt & Whitney Canada JT15D-5C et bonjour le Williams FJ44 issu de l’aviation d’affaire. Ce turboréacteur de nouvelle génération équipait alors le Cessna Citation CJ-4 ou encore le Swearingen SJ30. Le cockpit fut repris également, intégrant désormais des sièges éjectables zéro zéro et deux consoles tout écran. Des aides au pilotage à normes civiles (Traffic Alert System et Traffic Collision Avoidance System) furent ajoutés ainsi qu’une nouvelle chaîne de communication encryptée pouvant fonctionner en Liaison 16. Un GPS inertiel fit son apparition.
Quand le 29 décembre 2016 le prototype du M-345 réalisa son premier vol Finmeccanica avait changé de raison sociale et était devenue Leonardo. Quelques mois plus tard l’Aeronautica Militare passa une commande officielle pour cinq avions destinés au remplacement des Aermacchi MB-339PAN, les montures des Frecce Tricolori. L’idée était que ce petit jet d’entraînement devienne la monture officielle de présentation italienne. C’est d’ailleurs sous cette livrée que le premier exemplaire se produisit aux quatre coins du globe. Malheureusement pour lui le Leonardo M-345 était appelé à ne jamais volé ainsi. En effet les essais en vol démontrèrent qu’il était inapte aux vols en formation serrée sous facteurs de charges élevées. L’Aeronautica Militare dut changer son fusil d’épaule. Plutôt que d’annuler la commande de cinq avions elle l’enrichit d’une seconde en juin 2019 pour treize exemplaires supplémentaires. Désormais la commande italienne s’élevait à dix-huit M-345.
Les premiers Leonardo M-345 sont entrés en service dans l’Aeronautica Militare en décembre 2020. Leur désignation dans la nomenclature officielle italienne est T-345. En juin 2025 les deux tiers de la commande avaient été honorés et il existait une possibilité pour qu’elle soit doublé à l’horizon 2027, pérennisant ainsi la chaîne d’assemblage de ce petit jet.
Sur la scène internationale par contre le Leonardo M-345 peine à convaincre. Malgré une consommation en carburant assez faible elle demeure toujours 5 à 25% plus importante que sur un avion turbopropulsé comme le Beechcraft T-6 Texan II américain ou le Pilatus PC-21 suisse. Avec l’Aero L-39NG Skyfox tchèque comme concurrent direct le M-345 a essuyé plusieurs échecs, notamment en Hongrie.
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