Durant l’entre-deux-guerres la France fut un des premiers pays à disposer d’un aviation embarquée. Et c’est à bord de son porte-avions Béarn que celle-ci naquit dans toutes ses différences : la chasse, la lutte anti-sous-marine, ou encore l’observation et la surveillance. Bien entendu il s’agissait alors de biplans entravés. L’un des plus représentatifs fut le triplace de reconnaissance tactique Levasseur PL.10.
C’est en 1928 que l’avionneur Pierre Levasseur commença à travailler sur un avion de reconnaissance destiné à servir depuis le porte-avions français. Désigné PL.10 celui-ci devait pouvoir être aisément lancé depuis le bâtiment de guerre, réaliser sa mission, et y revenir. Mais surtout il devait avoir la capacité d’être aisément stocké dans les hangars du navire. Levasseur devait donc développer un biplan doté d’une voilure repliable.
À l’instar de ses autres machines l’ingénieur français eut l’idée de mélanger la technologie des avions et celle des hydravions à coque afin de réaliser son PL.10.
Ses ouvriers et techniciens travaillèrent assez vite à l’assemblage du prototype, si bien que celui-ci fut prêt à la mi-mars 1929. Extérieurement il se présentait sous la forme d’un biplan de construction mixte en bois entoilé et contreplaqué. Plusieurs éléments étaient étanchéifier à l’aide de caoutchouc. La motorisation était assurée par un Hispano-Suiza L2L de 575 chevaux en ligne. Les trois membres d’équipage prenaient place chacun dans un cockpit séparé à l’air libre : le pilote à l’avant, le mitrailleur défensif au milieu, et l’observateur derrière celui-ci. C’est lui qui servait le viseur Cayère-Montagne permettant à la fois l’observation des cibles au sol ou à la surface de l’eau, autant que le lancement des bombes légères.
L’armement de l’avion d’ailleurs se composait d’une mitrailleuse Darne de calibre 7.5mm tirant en position de chasse et de deux armes similaires sur affût annulaire. Six petites bombes d’une masse unitaire de 10kg étaient fixées trois par trois sous chaque plans inférieur de voilure, entre la roue du train d’atterrissage et le flotteur de stabilisation en cas d’amerrissage.
Le premier vol du Levasseur PL.10 eut lieu en avril 1929.
Immédiatement la Marine Nationale passa commande pour trente exemplaires de série qui entrèrent en service début 1931 au sein de l’Escadrille 7S1. Et dès le printemps 1931 l’avion embarquait à bord du porte-avions Béarn à hauteur de sept exemplaires. Il y assurait les missions de reconnaissance, tant maritime que terrestre. Pour autant le Levasseur PL.10 n’était exempt de défauts. Le repliage de ses ailes était compliqué et prenait un temps fou tandis que son moteur était capricieux en raison des embruns. Un détail qui fait tâche pour un avion embarqué justement destiné à opérer au-dessus des flots.
C’est à cause de ces défauts que Levasseur lança le développement et la production du PL.101, une version modernisée disposant d’un moteur révisé et porté à 600 chevaux. Trente exemplaires furent de nouveau commandés. Ils prirent la relève des PL.10 au début de l’année 1935. Pour autant ceux-ci ne furent pas retirés du service puisque l’Escadrille 7S1 les conserva comme machines d’entraînement avancé et de reconnaissance côtière. Ils assuraient ainsi la surveillance du littoral méditerranée français tandis que les PL.101 volaient depuis le pont d’envol du Béarn.
Lorsque la France entra en guerre contre l’Allemagne nazie à l’été 1939 le Levasseur PL.101 était un avion potentiellement obsolète. Pourtant cinq étaient encore déployés en permanence à bord du porte-avions Béarn. Les autres étaient stockés sur la base aéronavale de Fréjus dans le Var, assurant occasionnellement des missions de surveillance maritime côtière et hauturière. Ils essayaient de traquer les rares navires de la Kriegsmarine se hasardant à proximité des eaux françaises.
En juin 1940 quand le porte-avions français fut immobilisé à la Martinique quatre biplans de reconnaissance étaient encore basés à bord, ils furent feraillés sur place à la fin des hostilités.
Jamais exporté le Levasseur PL.10 n’était pas à proprement parler un avion hors du commun, c’était même plutôt une machine difficile à faire voler. Il était réputé pour pardonner très peu les erreurs de pilotage. Pourtant il avait quelques qualités notables à l’image de la précision de ses bombardements ou encore sa relative stabilité lors des décollages depuis le pont d’envol.
Aujourd’hui il ne subsiste plus aucun des soixante exemplaires de série et du prototype de cette machine.
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