Lohner L

Fiche d'identité

Appareil : Lohner L
Constructeur : Jacob Lohner Werke und Sohn
Désignation : L
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN :
Variante : Lohner R, Lohner S, Hansa-Brandenburg FB, Macchi L.1, Macchi L.2
Mise en service : 1913
Pays d'origine : Autriche-Hongrie
Catégorie : Hydravions
Rôle et missions : Hydravion de reconnaissance maritime, surveillance maritime, lutte anti-sous-marine.

Sommaire

“ Le premier hydravion à avoir coulé un sous-marin ”

Histoire de l'appareil

Lointain héritier de l’empire des Habsbourg l’Autriche-Hongrie naquit en 1867 par le biais du Österreichisch-Ungarischer Ausgleich, aussi appelé le compromis austro hongrois. Puissance européenne celle ci était étroitement alliée à l’empire allemand et le suivit dans la Première Guerre mondiale. Comme d’autres pays de la région ses généraux furent rapidement intéressés par l’arme aérienne, et notamment par les hydravions. Car si aujourd’hui l’Autriche et la Hongrie sont deux pays totalement enclavés ce n’était pas le cas en 1914 avec un littoral couvrant une partie de l’Adriatique. Un des rares hydravions militaires réellement réussi dans ce pays fut le Lohner L.

C’est à Vienne que les bureaux d’études Lohner étaient sis. D’abord spécialisé dans le développement de calèches puis des premières automobiles c’est assez logiquement que son président, Jakob Lohner, chercha à s’implanter dans le domaine naissant de l’aéronautique. Après avoir envisagé d’acquérir, sans succès, des licences de productions auprès d’entreprises britanniques et françaises, il se lança dans ses premières propres réalisations. Cela allait de l’aéroplane classique à l’hydravion à coque.

Justement il essuya les plâtres avec son Lohner E construit à quelques exemplaires et qui permit au début des années 1910 de défricher ce domaine de vol en Adriatique. Quelques temps plus tard l’ingénieur autrichien proposa aux Kaiserliche und Königliche Kriegsmarine et Kaiserliche und Königliche Luftfahrtruppen, respectivement la marine et l’aviation militaire austro-hongroises de développer pour leurs besoins respectifs un nouvel hydravion à coque dédié aux missions de reconnaissance armée et de surveillance maritime. Si la première adhéra rapidement à l’idée la seconde la rejeta. Le futur appareil serait donc à vocation aéronavale. Il reçut la désignation de Lohner L.

Extérieurement celui-ci se présentait sous la forme d’un hydravion à coque sesquiplan et monomoteur construit en bois entoilé. Il était animé par un moteur Austro-Daimler Type 6 à six cylindres en ligne actionnant une hélice propulsive bipale en bois. Ce moteur avait une puissance de 160 chevaux. L’armement de l’hydravion se composait d’une mitrailleuse mobile de calibre 7.92 millimètres de facture allemande installée dans le nez de l’hydravion ainsi que d’une charge de bombes et/ou de mines pouvant atteindre 200 kilogrammes. Le Lohner L était servit par un équipage de deux hommes installés dans un poste de pilotage en tandem à l’air libre. C’est en septembre 1913 qu’il déjaugea pour la première fois.

Immédiatement la production en série fut lancée, ainsi qu’en parallèle celle du Lohner R et du Lohner S. Ces deux versions désarmées étaient respectivement vouées à la reconnaissance photographique et à l’entraînement avancé. Pourtant le Lohner L fut, et de loin, la version la plus prolifique. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata le 28 juillet 1914 une cinquantaine de ces hydravions surveillaient déjà le littoral austro-hongrois en Adriatique. Ces hydravions ne mirent pas longtemps à être remarqués par la Triple Entente et très rapidement le nom de Lohner devint synonyme en France et en Grande Bretagne d’hydravions à coque dans les rangs allemands et austro-hongrois. Ironie de l’Histoire la Kaiserliche Marine n’utilisa que très peu de ses machines, tout du moins celles produites par l’industriel viennois.

Car la marine impériale allemande eut recours à sa propre version du Lohner L, appelée Hansa-Brandenburg FB et produite à seulement six exemplaires autour d’un moteur Benz Bz III également à six cylindres en ligne. Contrairement aux hydravions austro-hongrois celle-ci n’emportait aucune charge de bombe se limitant à sa seule mitrailleuse défensive.
Cependant ce ne fut pas là la seule copie du L. L’Italie eut la sienne. Pourtant si le fait que l’industriel allemand Hansa-Brandenburg construise sa propre version du L sembla assez logique le fait que son concurrent italien Macchi le fasse l’était bien moins. L’Italie appartenait à la Triple Entente et était donc ennemie de l’empire austro-hongrois.

En fait le Macchi L.1, puisque c’est le nom que porta le Lohner L en Italie, était avant tout une formidable démonstration de rétro-ingénierie. Sans plan ni côtes les ingénieurs transalpins eurent besoin d’un L pour travailler. Ça tombait donc bien qu’un hydravion austr-hongrois tomba en panne en mai 1915 dans le delta du Pô. Outre le fait que son équipage soit capturé l’hydravion fut convoyé par la route jusqu’aux ateliers Macchi de Varèse dans l’extrême nord du pays. Le premier Macchi L.1 fut présenté début juillet 1915 et la production en série lancée dès le mois suivant. En octobre de la même année soixante-dix exemplaires avaient déjà été produits. Le Macchi L.1 fut même testé par des pilotes de la Marine Nationale et de la Royal Navy mais sans que cela ne déboucha sur une quelconque commande. Qu’importe la Regia Marina tenait son hydravion à coque de surveillance.
L’avionneur italien décida de développer une version allégée du L.1 désignée L.2 et dédiée à des missions d’entraînement et de liaisons. Celle-ci était désarmée alors même que le L.1 emportait une mitrailleuse légère Fiat de calibre 6.56 millimètres ou bien parfois une Vickers britannique de 7.7 millimètres.

En Adriatique il n’était pas rare que des Lohner L austro-hongrois rencontrèrent des Macchi L.1 italiens. Les marquages de nationalités étaient alors essentiels pour savoir qui étaient qui dans ces formations d’hydravions. L’Italie employa également ses machines en Méditerranée. Pourtant c’est bien sous les couleurs de l’Autriche-Hongrie que l’hydravion entra dans l’histoire militaire le 16 septembre 1915.

Ce jour là une patrouille de deux Lohner L, les numéros 132 et 135 respectivement aux ordres des officiers pilotes Dimitrije Konjović et Walter Železni, survolaient l’Adriatique en recherche d’un objectif. Au large de la ville monténégrine de Kotor ils découvrir un sous-marin battant pavillon français. Il s’agissait du Foucault, appartenant à la classe Brumaire. Avec ses torpilles de 450 millimètres il figurait parmi les submersibles les plus dangereux croisant en Adriatique. Konjović et Železni décidèrent de l’attaquer alors qu’il était en plongée à faible profondeur, leurs observateurs mitraillant la surface de l’eau. Une des bombes frappa si lourdement le sous-marin que son commandant fut obligé de faire surface afin de l’évacuer non sans l’avoir auparavant sabordé. Les survivants furent capturés et terminèrent la Première Guerre mondiale dans les geôles austro-hongroises. Le Lohner L était entré dans l’Histoire (avec un grand H !!!) en devenant le premier hydravion à couler un sous-marin. Et évidemment pas le dernier.

Malgré ce succès le Lohner L commençait à vieillir. Quelques mois plus tard, fin 1915 il était devenu obsolète. À l’été 1916 il ne servait plus que comme hydravion de servitude. De son côté le Macchi L.1 termina la guerre dans sa mission de reconnaissance posant même les premières pierres du futur sauvetage en mer par hydravion à coque, ce qui allait là encore devenir une spécialité reconnue jusque dans les années 1970.

En 2024 un Lohner L est préservé en l’état. Il s’agit du numéro 127, exposé au célèbre Museo di Vigna di Valle en Italie. Il montre sa superbe architecture ainsi que la livrée portée par les appareils austro-hongrois en 1915. De par son action de guerre contre le sous-marin français Foucault le L mérite largement sa place au panthéon des aéronefs militaires.

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Photos du Lohner L

Caractéristiques techniques

Modèle : Lohner L
Envergure : 16.20 m envergure du plan supérieur de voilure
Longueur : 10.26 m
Hauteur : 3.85 m
Surface alaire : 53.00 m2
Motorisation : 1 moteur en ligne Austro-Daimler Type 6
Puissance totale : 1 x 160 ch.
Armement : Une mitrailleuse de calibre 7.92mm et 200kg de charges externes.
Charge utile : -
Poids en charge : 1700 kg
Vitesse max. : 105 km/h à 850 m
Plafond pratique : 2500 m
Distance max. : 600 Km à charge maximale
Equipage : 2
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Profil couleur

Profil couleur du Lohner L

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Lohner L
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du Lohner L

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