Rogozarski SIM.XII H

Dès la Première Guerre mondiale les états-majors des forces aéronavales du monde ont eu à résoudre un problème de taille : fallait-il former les pilotes d’hydravions d’abord sur avions terrestres ou directement sur des machines adaptées ? Il y eut deux types de doctrines, celles qui prônaient la première solution et celles qui préféraient faire appel à des hydravions d’entraînement de début puis de formation intermédiaire et avancée. Dans les années 1930 la marine royale yougoslave fut dans ce cas de figure d’abord avec une évolution du Rogozarski PVT puis avec une machine spécialement conçue pour ce rôle le Rogozarski SIM.XII H.

Pays disposant d’un vaste littoral sur l’Adriatique la Yougoslavie s’est très vite tournée vers les hydravions, notamment au sein de la Kraljevska Mornarica, sa marine royale. Au milieu des années 1930 cela faisait dix ans que celle-ci utilisait l’Ikarus ŠM de facture locale pour la formation basique des pilotes d’hydravions. Seul souci, il s’agissait d’un hydravion à coque et les futurs pilotes d’hydravions à flotteurs peinaient à comprendre les techniques de déjaugeage propres à leurs futurs machines. Il fallait y remédier au plus vite.

Sima Milutinović, alors ingénieur en chef chez Rogozarski proposa une solution d’urgence : adapter son avion d’entraînement SIM.X aux missions de l’aéronavale. L’idée fut jugée séduisante par les amiraux qui passèrent commande pour un prototype au début de l’année 1937. Il ne restait plus aux ingénieurs qu’à développer l’hydravion.
Il reçut la désignation officielle de Rogozarski SIM.XII H.
Reprenant les grandes lignes de son prédécesseur terrestre il troqua cependant son moteur en étoile Walter NZR pour un Walter Major 6 à six cylindres en ligne jugé plus adapté à sa mission navale. Celui-ci équipait alors l’avion commercial italien Caproni Ca.308 Borea.
Comme il l’avait fait avec la version hydravion de son PVT l’avionneur yougoslave fit appel à la société américaine Edo pour concevoir les flotteurs du SIM.XII H. Là où celle-ci avait fourni son modèle 38 pour le PVT elle pensa que le modèle 47 plus récent et mieux profilé irait parfaitement à ce nouvel hydravion d’entraînement. Deux d’entre eux furent fixés sous le fuselage.
C’est dans cette configuration que son prototype vola le 7 février 1938.

Quelques semaines après ce vol inaugural la marine royale yougoslave passa commande pour dix exemplaires, neuf de série ainsi que le prototype. Les trois premiers Rogozarski SIM.XII H entrèrent en service actif en mars 1939, la période entre les essais en vol et l’arrivée en unité étant alors très courte. Et très rapidement cet hydravion à flotteur démontra de bonnes qualités intrinsèques telle une facilité à déjauger, y compris par mer formée. Pourtant l’appareil était également réputé difficile à maintenir en vol par vents de travers. Pour autant il formait l’intégralité des pilotes yougoslaves d’hydravions.
Les quatre derniers SIM.XII H livrés le furent avec un capotage en place arrière afin de permettre l’entraînement intermédiaire au vol de nuit.
En août 1940 deux exemplaires qui volaient en formation serrée se percutèrent au-dessus des Bouches de Kotor, au Monténégro. Les hydravions s’abimèrent dans les eaux de la baie. Les deux élèves et les deux instructeurs se noyèrent. Ce fut là le seul accident grave de toute la carrière des SIM.XII H.

Celle-ci dura jusqu’en avril 1941 et l’invasion de la Yougoslavie par les forces allemandes. La marine royale yougoslave tenta bien d’employer ses Rogozarski SIM.XII H pour des missions d’observation mais sans succès. L’un d’eux fut même abattu par un chasseur lourd Messerschmitt Bf 110 de la Luftwaffe alors qu’il venait tout juste de déjauger. Une fois la Yougoslavie tombée les aviations et marines nazies n’eurent même pas l’idée de tester en vol cet hydravion d’entraînement basique. Les exemplaires encore en service furent envoyés au pilon. Ainsi se terminait la courte carrière de cet hydravion méconnu.

Bien moins connu que son homologue biplan américain Naval Aircraft Factory N3N Canary le monoplan parasol Rogozarski SIM.XII H fut pourtant un des hydravions d’entraînement parmi les plus réussis de la Seconde Guerre mondiale. Il n’en reste plus rien de nos jours.