Xian H-6 Badger-B+

Fiche d'identité

Appareil : Xian H-6 Badger-B+
Constructeur : Xi'an Aircraft Industrial Corporation
Désignation : H-6
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN : Badger-B+
Variante :
Mise en service : 1969
Pays d'origine : Chine
Catégorie : Bombardiers après 1950
Rôle et missions : Bombardier stratégique

Sommaire

“ Le dragon volant ”

Histoire de l'appareil

Désireuse de devenir la première force armée de la planète et ce dans les trois dimensions la Chine dispose en ce premier quart du 21e siècle d’un arsenal très puissant. Au niveau de ses aéronefs on y retrouve aussi bien de l’ultramoderne à l’image du chasseur de supériorité aérienne Chengdu J-20 ou encore de l’avion de transport stratégique Xian Y-20 mais également des aéronefs de conception beaucoup plus ancienne, voire franchement antique. Le bombardier stratégique Xian H-6 en est l’exemple parfait.

Au milieu des années 1950 la Chine n’était pas encore une superpuissance. Malgré une population en constante augmentation ses forces armées, aériennes, et navales n’impressionnaient personne. Ses voisins directs comme l’Inde et le Japon ou indirects comme les États-Unis ne la craignaient pas. En fait pour beaucoup Pékin n’était alors qu’un satellite asiatique de l’URSS. Et l’accord de 1956 autour de la production en série de nombreux aéronefs soviétiques par les industries chinoises n’allaient pas changer la situation. Pourtant Chinois maoïstes et Soviétiques léninistes-staliniens n’étaient pas du tout la même ligne du marxisme. Pour autant ils arrivaient à s’entendre.

À la même époque dans le cadre du programme Feilong, mot chinois pour dragon des airs ou dragon volant, Pékin recherchait un bombardier stratégique capable d’être produit assez aisément en grande quantité. L’URSS lui proposa alors de lui céder la licence de production de trois avions qu’elle avait alors « en magasin » : l’Ilyushin Il-54, le Myasishchev M-4, et le Tupolev Tu-16. Si le deuxième fut immédiatement rejeté car jugé trop complexe techniquement pour les industriels locaux les ingénieurs étudièrent les deux autres. Le train d’atterrissage monotrace de l’Il-54 condamna l’avion aux yeux des généraux chinois comme cela avait été le cas avec leurs homologues soviétiques. Il ne restait plus que le Tupolev Tu-16, le plus simple des trois.

Le programme Feilong fut confié aux usines Xian avec la désignation de H-6. En même temps que Moscou livra les plans du Tu-16 six avions furent transportés en kits, par voie ferrée, d’URSS vers la Chine. Trois furent utilisés pour permettre de montrer la voie aux ingénieurs et techniciens chinois et les trois autres afin de servir aux essais en vol. C’est l’un d’eux qui réalisa en novembre 1959 le vol inaugural d’un H-6.
À la même époque les services de renseignement occidentaux, CIA en tête, avaient eu vent de l’accord sino-soviétique. Le Xian H-6 reçut alors le nom de code OTAN de Badger-B+. Le plus indiquant en fait la version chinoise d’un avion soviétique déjà identifié.

Les plans chinois étaient alors que les premiers Xian H-6 entrent en service au second semestre 1962. Malheureusement des retards structurels apparurent immédiatement dans l’organisation même des usines chinoises d’aéronautique. Surtout la lente mais bien réelle dégradation des relations diplomatiques entre Moscou et Pékin ralentit encore un peu plus le programme Feilong. Désormais l’URSS décida de ne plus livrer le moindre Tu-16 en kits se contentant d’autoriser le motoriste Soloviev à poursuivre les livraisons des réacteurs D-30KP-2. Finalement les premiers H-6 de série rejoignirent les unités de combat en mai 1969. Une époque où le Badger-B+ était déjà obsolète au regard de ce qui se faisait aux États-Unis ou en Union Soviétique.

Leur rôle premier touchait en fait à la propagande. Le Xian H-6 étant, après le Harbin H-5, le second véritable bombardier chinois il devait équiper les meilleurs unités aériennes. Il remplaça donc la poignée de Tupolev Tu-14 Bosun en service depuis la décennie précédente. Le H-5 tout comme le H-6 était pourtant un pur avion soviétique construit localement puisqu’il s’agissait du bombardier tactique Ilyushin Il-28 Beagle.
En fait entre les années 1970 et les années 1990 incluses le Xian H-6 ne fut ni plus ni moins qu’un outil de propagande pour Pékin. Il voulut prouver que la Chine pouvait faire aussi bien que les États-Unis et l’URSS. Le résultat était cependant plus mitigé l’avion n’étant qu’une copie plus ou moins évoluée du Tu-16.

L’un des aspects de l’utilisation propagandiste du H-6 par la Chine fut sa commercialisation au cours des années 1980. Quatorze exemplaires furent exportés vers l’Égypte et l’Irak, deux pays aux mains de régimes baasistes autoritaires. Par contre Pékin refusa toujours d’en fournir à son fidèle mais très problématique allié nord-coréen. Et ce malgré des demandes répétées en ce sens.
Les dix exemplaires égyptiens furent en fait utilisés pour remplacer des Tu-16 Badger acquis du temps où le Caire et Moscou étaient en bons termes tandis que les quatre machines irakiennes avaient été achetés afin de mener des attaques antinavires aux moyens de missiles Shàngyóu.
Si les H-6 égyptiens connurent une carrière sans relief entre 1985 et 2000, se contentant de participer à des exercices internationaux il n’en fut pas de même des machines irakiennes. L’un d’eux fut descendu par la chasse iranienne lors du conflit Iran-Irak. Les conditions de cette destruction sont toujours sujette à caution car l’Iran revendiqua la victoire sur Grumman F-14A Tomcat tandis que les Irakiens persistèrent à dire que leur avion avait été abattu par un Northrop F-5A Freedom Fighter. La seule chose assurée c’est que c’est un tir de missile air-air qui le détruisit. Quelques années plus tard leur base d’Al-Taqaddum dans le centre du pays fut ciblée par un raid aérien de l’US Navy au matin du 17 janvier 1991, premier jour de l’opération Tempête du Désert. Les trois exemplaires encore en dotation furent détruits au sol sous les bombes de deux avions d’attaque Grumman A-6E Intruder de l’escadrille VA-75 Sunday.

À l’aube du 21e siècle alors que le Xian H-6 Badger-B+ ne volait plus que sous les seules couleurs nationales chinoises le bombardier stratégique se transforma petit à petit en véritable couteau suisse volant. Des sous-versions de guerre électronique, de reconnaissance stratégique, voire même de ravitaillement en vol firent leur apparition. À partir de 2010 ils passèrent de purs camions à bombes à plateforme de tirs pour missiles de croisières. La guerre froide émergente avec les États-Unis autour de l’île de Formose, siège de la démocratie taïwanaise, offrit un second souffle au H-6. Désormais l’avion assurait régulièrement des survols du détroit séparant les deux Chine.

À l’été 2023 le Xian H-6 Badger B+ demeurait encore le principal bombardier stratégique chinois, cinquante-quatre ans après son entrée en service. Cependant son remplacement était à l’ordre du jour avec le futur H-20 furtif conçu par le même avionneur.
L’état exact de la flotte chinoise est inconnu mais entre cent cinquante et deux cents exemplaires sont actuellement en dotation entre l’aviation et l’aéronavale.

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Photos du Xian H-6 Badger-B+

Caractéristiques techniques

Modèle : Xian H-6 Badger-B+
Envergure : 33.05 m
Longueur : 34.80 m
Hauteur : 10.35 m
Surface alaire : 165.00 m2
Motorisation : 2 réacteurs Soloviev D-30KP-2
Puissance totale : 2 x 12247 kgp.
Armement : 12000kg de bombes ou six missiles de croisière KD-88.
Charge utile : -
Poids en charge : 95000 kg
Vitesse max. : 775 km/h à 6000 m
Plafond pratique : 12800 m
Distance max. : 1800 Km avec missiles de croisière
Equipage : 4
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Profil couleur

Profil couleur du Xian H-6 Badger-B+

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Xian H-6 Badger-B+
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du Xian H-6 Badger-B+

Vidéo de propagande du Xian H-6.