Youri Alexeïevitch Gagarine nait le 9 mars 1934 dans un kolkhoze de Klouchino dans l’ouest de l’Union Soviétique. Son enfance est pauvre, ses parents n’ont ni électricité ni eau courante. En octobre 1941 son village est occupé par l’armée allemande et une partie de sa famille subit les brimades et violences quotidienne de celle-ci. Quelques jours avant que l’Armée Rouge ne vienne libérer la région le frère et la sœur de Youri sont déportés par les nazis, nous sommes alors à l’automne 1943. Quelques semaines plus tard l’enfant de neuf ans va découvrir sa future grande passion : l’aviation. Un chasseur Yakovlev Yak-3 se pose en urgence sur une route de son village, devenant l’attraction numéro 1. Gagarine sait désormais ce qu’il fera plus tard. Fin 1943 sa famille déménage à Gjatsk à quelques kilomètres de là. Elle y termine la guerre, son frère et sa sœur réussissant même à revenir des camps.
En 1949 à l’âge de 15 ans l’adolescent Youri Gagarine quitte sa famille et le destin de charpentier comme son père afin de suivre des études secondaires à Moscou. Il se rêve en pilote de chasse. Cependant ceux ci tournent court par il n’est pas l’élève qu’il croit. Il est globalement moyen avec une forte tendance à l’indiscipline. Il suit pourtant des cours de fondeur puis de mécanicien agricole. En parallèle en 1951 à l’âge de 17 ans il suit ses premiers cours de pilotage sur Yakovlev UT-2 puis sur Yak-18. Là par contre il se montre assidu et attentif. À 21 ans à l’automne 1955 Youri Gagarine abandonne ses études et entre les forces aériennes soviétiques, comme cadet. Il est alors formé sur avion militaire Yak-11 puis sur jet d’entraînement Mikoyan-Gurevich MiG-15UTI. Il est macaronné pilote de chasse le 27 octobre 1957. Quelques mois plus tard il épouse sa fiancée Valentina Goriatcheva.
Tous deux déménagent à Luostari près de Mourmansk où Youri Gagarine est affecté sur chasseur monoplace Mikoyan-Gurevich MiG-15. Sa fonction première est la patrouille frontalière à proximité de la Norvège, donc de l’OTAN. Gagarine est rapidement repéré comme un excellent pilote, volant souvent à l’instinct. Le 11 avril 1959 Youri et Valentina deviennent parents d’une petite Lena. Quelques semaines plus tard la vie du pilote de chasse va basculer.
En juillet de la même année Youri Gagarine est convoqué à Moscou avec une centaine d’autres jeunes pilotes soviétiques, tous âgés de 25 à 30 ans. Là ils apprennent qu’ils ont été sélectionné pour le programme spatial de l’URSS. En fait les autorités ne cherchent pas vraiment de profil type, ils veulent des pilotes de chasse jeunes, capables de tenir dans un engin spatial rudimentaire, et ne pas mourir durant le vol. Le critère premier est physique : 1 mètre 75 au maximum et pas plus de 70 kilogrammes. Avec son mètre 58 et 56 kilos Gagarine est le candidat idéal. Les pilotes sélectionnés sont alors tenus au secret.
Malgré cela Youri réussit à faire venir sa famille à Moscou. L’entraînement est intensif, le pilote perd ses kilos en trop, sa femme s’en rend compte mais il ne peut rien lui dire.
Janvier 1961 marque la révélation aux hautes autorités soviétiques de trois noms : Gagarine, Nelioubov, et Titov. L’un de ces pilotes est appelé à devenir le premier homme à aller dans l’espace. Un mois plus tard l’annonce est officialisée : Youri Gagarine sera le premier cosmonaute. C’est lui qui à bord du vaisseau Vostok 3KA assurera le premier vol spatial.
Comme un bonheur ne vient jamais seul le 7 mars 1961 Gagarine devient de nouveau père, d’une petite Galina. Trente-six jours plus tard son père va entrer dans l’Histoire.
C’est depuis le centre spatial de Baïkonour dans les steppes kazakhs que la fusée Vostok 1 s’élance le 12 avril 1961 à 9 heures 07, heure de Moscou. À 9 heures 18 du matin Youri Gagarine devient le premier homme dans l’espace, Vostok 3KA entre en orbite. À son apogée le vaisseau soviétique tourne à 327 kilomètres au-dessus de la Terre, soit 77 de trop par rapport aux estimations initiales. Beaucoup craignent alors que Gagarine ne puisse pas ramener son engin. Trente trois minutes après la mise en orbite le président des États-Unis d’Amérique John Fitzgerald Kennedy est prévenu de l’exploit de l’URSS. Gagarine a en effet été repéré par une station de poursuite radar implantée en Alaska. Cinquante-cinq minutes après le décollage de Vostok 1 la radio d’état soviétique annonce l’information tandis que l’agence de presse Tass la répercute dans le monde entier. À 10 heures 55 heure de Moscou Youri Gagarine retrouve le plancher des vaches, sain et sauf. Son vol n’aura duré que 108 minutes dont 89 en orbite spatiale.
Gros souci la zone d’atterrissage n’est pas celle définie au départ. Vostok 1 a littéralement labouré un champs à plus de 400 kilomètres de l’endroit où il devrait être. Réussissant à trouver un téléphone dans un kolkhose tout proche il appelle le centre spatial non sans avoir causé une peur bleue à la plus part des paysans présents. Le temps d’être débriefé et de passer quelques examens médicaux et le 14 avril 1961 Gagarine est reçu en grande pompes par le premier secrétaire Nikita Khrouchtchev. Des télégrammes de félicitations arrivent du monde entier, y compris des États-Unis, de France, ou encore du Royaume-Uni.
Dans les semaines suivantes Gagarine devient un objet de propagande, réalisant une tournée mondiale durant laquelle il doit en dire le moins possible sur sa mission. Et surtout rien sur son atterrissage chaotique ou encore sur son apogée 77 kilomètres trop haute.
Gagarine n’a alors qu’une idée en tête : retourner dans l’espace. Il veut s’entraîner pour cela mais ses obligations de propagande l’en empêche. Et surtout à Moscou on veut protéger l’enfant chéri, le « héros de l’Union Soviétique ». Le 21 décembre 1963 le cosmonaute est nommé colonel dans les forces aériennes soviétiques, et apprend par la même occasion qu’il ne retournera jamais dans l’espace. Il est trop précieux pour cela. Il continue ses tournées dans le monde entier. En juin 1965 il est l’invité d’honneur de la France au Salon du Bourget et vole à bord de la Caravelle. Il en dira le plus grand bien, au grand désarroi des dirigeants de Tupolev dont le Tu-124 peine à s’imposer. Lors de ce même salon le cosmonaute américain rencontre, et pose pour la presse, avec les astronautes américains James McDivitt et Edward White de la mission Gemini 2.
De retour en URSS le héros Youri Gagarine est en proie à une profonde dépression. Il sait qu’il n’ira plus dans l’espace et les autorités l’interdisent de vol sur avion de chasse. Il se sent enfermé dans son rôle de potiche pour la propagande d’état. Alors il cherche des dérivatifs, dans la vitesse automobiles notamment. Le 10 janvier 1968 les autorités accèdent à sa demande, lui octroyant le droit de revoler… uniquement sur biplaces d’entraînement et avec la présence d’un instructeur. Il se soumet. Il enchaine alors environ un à deux vols par semaines, jusqu’à celui du 27 mars 1968.

Accompagné de son instructeur et ami Vladimir Serioguine, lui aussi passé par le programme spatial soviétique, ils décollent de la base de Chkalovsky dans la banlieue nord-est de Moscou. Pour une raison encore très nébuleuse leur MiG-15UTI va s’écraser quelques minutes plus tard dans un champ de Novossiolovo. Les deux pilotes sont tués sur le coup. L’annonce de la mort de Youri Gagarine à l’âge de 34 ans est un choc planétaire. L’URSS déclare le deuil national et même les astronautes américains porteront le brassard noir durant la semaine suivante. Les dépouilles des deux pilotes sont rapidement incinérées et reposent désormais à Moscou dans la nécropole du mur du Kremlin.
De nombreuses hypothèses et théories ont été élaborées autour de sa mort. Youri Gagarine fut, à l’instar de son collègue américain Neil Armstrong, une des figures marquantes de l’histoire humaine. En France on ne compte plus le nombre de rues, de places, d’avenues qui portent le nom du cosmonaute soviétique. L’astéroïde (1772) Gagarine et le cratère lunaire Gagarine ont été nommés en son honneur. La ville de Gjatsk où il passa une partie de son enfance a été également rebaptisée Gagarine. Héros de l’Union Soviétique, héros du travail socialiste, ou encore médaille de l’ordre de Lénine c’était un des hommes les plus décorés de son pays. Et ce à juste titre.
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