[Syrie] L’état des forces aériennes de Bachar El-Assad en question

Depuis un peu plus d’un an la « révolution syrienne » a provoqué 10 000 morts (principalement civils) et près de 100 000 personnes déplacés, selon les ONG et organes de presses internationaux. Le régime baasiste de Bachar El-Assad a le soutien inconditionnel de l’Iran et un soutien relatif (ou plutôt militaro-économiques) de la Chine, alors même que la Russie lâche du lest sur son soutien politique à Damas. Les chars, l’artillerie, et l’aviation syrienne ont pilonné sans cesse certaines villes dont Homs, tombée récemment aux mains des forces gouvernementales.

Alors bien sûr, tout le monde a en mémoire la récente opération internationale qui a permis la chute du dictateur libyen Khadafi et certains verraient d’un bon oeil une issue identique en Syrie. Toutefois, la donne militaire, et notamment la composante aérienne est radicalement différente.

Primo, là où Khadafi faisait confiance aux avionneurs et armuriers tant soviétiques (puis russes) qu’occidentaux, El-Assad père et fils ont toujours privilégiés les matériels en provenance de Moscou ou de Pékin (à de très rares exceptions faites toutefois) et dont l’entretien et la remise en condition nous est largement méconnu.

Secundo, les Syriens n’ont jamais cherché à communiquer particulièrement sur leur force aérienne, à l’inverse d’une aviation militaire libyenne qui exposait volontiers ses MiG-23 et MiG-25 aux appareils photos étrangers.

Selon plusieurs sources, principalement la presse aéronautique anglo-saxonne (World Air Power Journal, Janes Aircraft, et Air Forces Monthly), on peut proposer une estimation de la puissance aérienne des forces de Bachar El-Assad comme tel :

  • entre 345 et 580 avions de combat en état de vol, principalement des MiG-21, MiG-23, et MiG-29 dont on ne connait pas la situation exacte,
  • entre 75 et 110 hélicoptères de combat, principalement de vieux Mi-24A et Mi-24D et des Gazelles françaises dont là aussi l’état reste mystérieux même si la présence de conseillers militaires et techniques d’ex-Yougoslavie laisserait supposer d’un bon entretien général (la Yougoslavie de Tito ayant construit sous licence l’Aérospatiale SA-342 en tant que « Partizan ») et d’un armement rétrofité,
  • une quinzaine d’avions de transport, dont quelques Antonov An-26, Illyushin Il-76 et une poignée d’appareils de transport VIP composée de jets d’affaire et d’avions de ligne datant de l’ère soviétique,
  • entre 60 et 100 hélicoptères de transport Mi-17 Hip dont certains auraient été rétrofités par la Chine,
  • Il tient d’ajouter aux forces offensives et défensive la grosse soixantaine de jets d’entraînement Aero L-39 et Yak-130 utilisés par l’école de pilotage syrienne.

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Mais la véritable force syrienne, ce sont ses missiles anti-aériens, cauchemar absolu pour les états majors occidentaux qui ne voudraient pas revivre un second Kosovo. Selon les sources, les Syriens posséderaient plus de 700 batteries de missiles sol-air dont les terrifiants SA-15, SA-19, et Sa-22 originaires de Russie. Il est évident que ces armes représenteraient un danger permanent pour une coalition internationale, même si celle-ci reposait ses opérations aériennes sur des drones de combat. Les chasseurs et appareils de suppression radar demeureraient indispensables, avec eux le risque de perte et donc de décès ou de capture des pilotes et équipages.

Alors la question qui se pose, outre bien sûr les volets politiques, moraux, ou encore diplomatiques d’une opération militaire contre un état souverain n’ayant attaqué aucun de ses voisins, est bien de savoir si cette force aérienne syrienne ne représente elle pas un risque trop important pour l’ONU, quand on sait que depuis les années 60 la guerre se gagne dans les cieux. Mais une telle opération n’est elle pas indispensable pour mettre fin aux crimes de la famille El-Assad?

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 réponses

  1. Près de 600 avions de combat, cela semble énorme pour un pays comme la Syrie. Même si on considère que la moitié ne sont pas en état de vol, ça fait sûrement 250 appareils opérationnels. Ce qui est considérable si l’on compare avec la France ou l’Angleterre. C’est sur cela doit bien faire réfléchir les stratèges de l’OTAN.

  2. Mmm, la plupart des avions ont l’air quand même anciens, il me semble que les Israëliens leurs avaient mis une bonne raclé il n’y pas si longtemps.
    Après il est vrai que les doctrines d’intervention actuelles vont plutôt vers le zero perte, ce qui n’aide pas, l’opinion publique n’aime pas les pertes, mais humainement parlant comment pouvons-nous accepter encore longtemps ce régine qui tue son peuple, tout cela est compliqué et surtout nous n’avons certainement pas tous les éléments pour juger. En tout cas, le brouillage des radars et la destruction rapide des batteries lance missile seront les clès de cette bataille aérienne si elle a lieu.

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