C’est ce qu’on a appris au travers d’un article publié par « The Guardian » qui reprend le contenu d’un document secret de l’armée de l’air américaine, désormais déclassifié. Celui-ci révèle qu’une bombe H a failli exploser par accident en Caroline du Nord en janvier 1961.
D’après ce document daté d’octobre 1969 (8 ans après les faits), un bombardier stratégique B-52 appartenant à l’US Air Force transportaient deux bombes H de type Mark 39 alors qu’il survolait la côte Est. Le Stratofortress est tombé en panne en plein vol et a alors piqué fortement du nez. L’avion a laissé échapper (où plus vraisemblablement larguée) ses deux bombes au-dessus de Goldsboro. Chacune portait une charge utile de 4 mégatonnes et était 260 fois plus puissant que la bombe qui a été larguée Hiroshima.
L’une d’entre elles est tombée inerte dans un pré sans aucun problème de sécurité. Par contre, la seconde a terminé sa course dans un arbre mais avec son parachute de bombardement ouvert et la quazi-totalité de ses mécanismes de sécurité désactivés. Autrement dit elle était presque armée. Selon le rapport, seul un petit interrupteur à faible voltage a tout de même permis d’éviter la catastrophe. Si cela avait réellement totalement (mal) fonctionné, les villes de Washington, Baltimore, Philadelphie et de New York auraient pu être rayées de la carte.
L’ingénieur chargé de contrôler les mécanismes de sécurité des bombes qui a rédigé le document a intitulé son rapport : « Goldsboro revisité, ou comment j’ai appris à me méfier de la bombe H ». Ce titre reprend l’ironie du film satirique de Stanley Kubrick à propos de l’holocauste nucléaire, sorti en 1964, « Docteur Folamour ». Le titre en anglais est exactement « Dr Strangelove or How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb » (« Docteur Folamour ou comment j’ai appris à arrêter de m’inquiéter et à aimer la bombe »).
Cet « incident » nucléaire n’est pas sans rappelé celui de Palomares en 1966. Là aussi un bombardier B-52 de l’US Air Force, en mission de « routine » qui revenait d’un survol à haute altitude au-dessus des frontières de l’URSS, avait percuté en vol son ravitailleur KC-135 à 27.000 pieds. Les 4 bombes à H, type B-28, furent ainsi « égarées » au-dessus du territoire espagnol. Trois d’entre elles tombèrent à proximité du village de Palomares dans la pointe Sud de l’Espagne avec leur dispositif de « sécurité » parfaitement opérationnel. Le Strategic Air Command Américain tenta de dissimuler l’incident en expliquant qu’aucune bombe n’était manquante mais il dut finir par reconnaître que des recherches en mer étaient bien organisées pour tenter de retrouver la bombe manquante.
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5 Responses
Un incident qui fait froid dans le dos, quand on sait qu’un simple interrupteur, un mécanisme électrique basique a protéger la cote est d’un holocauste nucléaire. Tiens c’est vrai que ça me donne envie de revoir Docteur Folamour…
Brrr, on va en apprendre des vertes et des pas mûres avec la déclassification progressive des archives. Ce type d’événement pourrait-il arriver aujourd’hui, il y a t-il encore des avions qui patrouille ainsi armés? C’est plus les SNLE maintenant non ?
Bien sûr que des avions patrouillent encore, principalement en Russie. Mais la majorité des bombardiers de l’OTAN demeurent désormais sur leurs bases en attentes du fameux scramble qui les fera décoller en alerte. Comme tu le disais Tonton, la majorité de la mission de réaction nucléaire est de nos jours réaliser par submersibles, néanmoins les avions de frappes nucléaires sont encore très présents à l’image des Mirage 2000N et Rafale B de l’Armée de l’Air qui emporte des armes de premières frappes, à la puissance moindre que les missiles à vecteurs multiples des SNLE. L’avenir est désormais aux armes sub-kilotonniques, c’est à dire dont la puissance est inférieure à mille tonnes de TNT, des sortes de « bombinettes » nucléaires. 😉
Merci Arnaud.
La preuve que l’on utilise encore le vecteur aérien : un binôme Mirage 2000N et un missile nucléaire moyenne portée ont fait un test opérationnel de tir stratégique il y a quelques jours.