Boeing ne donnera pas de successeur au 757

C’est aux journalistes de l’agence France-Presse que Randy Tinseth, vice-président chargé du marketing de l’avionneur de Seattle, a fait sa déclaration. Boeing ne construira pas d’avion de ligne chargé de remplacer le célèbre 757, le plus grand monocouloir de l’Histoire. Pour mémoire la chaîne de production de cet avion s’est arrêtée en 2004 après vingt-deux ans d’activité.

Bien qu’apprécié par la majorité de ses utilisateurs le Boeing 757 ne fut jamais un véritable succès. À peine 1050 avions furent construits, prototype compris, et on estime qu’environ 870 d’entre eux sont toujours en service de nos jours, dont 160 à 170 pour le seul transport de fret.
Initialement le Boeing 757 fut construit comme le successeur désigné du célèbre avion de ligne triréacteur Boeing 727, un des plus grands succès de l’avionneur dans les années 1960 et 1970. Cependant force est de constater qu’il ne réussit jamais à lui arriver à la cheville.

Parmi les raisons qui pourraient expliquer ce demi-échec il faut souligner l’émergence de la famille Airbus A320, et notamment l’A321 à fuselage rallongé capable d’emporter jusqu’à 220 passagers en configuration haute densité. Même si la capacité du 757 était sensiblement supérieure, l’A321 est connu pour avoir grappiller une partie des parts de marché de l’avion américain.
En fait l’autre grosse concurrence pour le monocouloir de Boeing est venu… de chez Boeing. L’apparition à la fin des années 1990 du 737-900 sembla définitivement sceller le sort du 757. Plus facile d’entretien, du fait de la communauté de pièces détachées avec les autres 737, mais aussi plus souple au pilotage cet avion allait rapidement obtenir la préférence des clients.

En fait selon Tinseth les clients actuels désirent soit des avions plus petits que le 757, type 737-900 ou A320Néo, soit des avions légèrement plus grands types 787 ou A350. Le Boeing 757 est donc sur un segment de transport aérien civil qui n’est plus porteur du tout.

Pour mémoire le Boeing 757 est un des avions de ligne américains les moins bien vendus aux clients militaires. Hormis les huit C-32 de transport prioritaire et de commandement aéroporté fournis à l’US Air Force on retrouve quelques exemplaires volants sous les couleurs argentines, kazakhs, mexicaines, ou encore néo-zélandaises. On ne peut là encore pas vraiment parler de succès glorieux.

Au final il semble bien que cette récente annonce des décideurs de Boeing marque bien la fin d’un avion qui fut pensé trop vite sans tenir compte des évolutions possibles du marché. Onze ans après la arrêt de sa production le Boeing 757 est définitivement enterré.

Photo © BBC.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 réponses

  1. Pourtant un excellent appareil très réussi techniquement, mais dans un créneau très petit, il est vrai…
    Seule Icelandair a une flotte homogène de 757 à ma connaissance ?
    Encore un excellent article (sauf la fin : s’il a été arrêté il y a 11 ans, comment peut-il n’être enterré que maintenant… ?)

  2. Excusez moi de vous contredire mais le 757 est bien loin d’être un échec. Mis à part le fait qu’il n’aie pas percé certains marchés, ça reste un avion extrêmement polyvalent et fiable. Le fait d’ailleurs que la moyenne de la flotte mondiale des 757 soit d’environ 20 ans, prouve bien que les compagnies ne comptent pas s’en séparer. D’ailleurs il aurait été plus judicieux de moderniser et de faire évoluer un avion tel que 757 que le 737 car il a plus de potentiel et est plus moderne (1983 contre 1967). D’ailleurs, le 737 se retrouve maintenant bloqué car sa structure de base n’était pas faite pour évoluer jusqu’au niveau actuel et des problèmes tels que la hauteur du train d’atterrissage insuffisante pour placer de nouveaux réacteurs. Et comme vous le dites, le choix de Boeing à développer le 737 a en effet contribué à la fin de celui ci. Cependant, si les compagnies gardent leur 757 plus longtemps, c’est tout simplement parce qu’il n’y a pas de successeur dans cette section et elles attendent que les constructeurs proposent enfin quelque chose (voir article suivant : http://airinfo.org/2015/03/11/boeing-ameliore-le-777-envisage-un-successeur-au-757/ )
    Enfin bref, il est dommage que le 757 soit arrivé et reparti en faisant si peu de bruit car il avait le potentiel.

    1. Vous pouvez pleinement me contredire, ce n’est pas pour autant que vous avez plus (ou moins) raison que moi.

  3. Bien entendu. En tout cas je suis bien content de voir que je ne suis pas le seul à m’interroger sur l’avenir de cet avion. Tous les avis sont intéressants
    Cordialement

  4. A la relecture de cet excellent article, vous avez quand même été dur envers ce brave 757… 😉 !
    Nonobstant la concurrence d’Airbus, plutôt qu’un avion « qui fut pensé trop vite sans tenir compte des évolutions possibles du marché », c’est sans doute au contraire parce que ces évolutions possibles ne se sont pas réalisées, que le 757 ne s’est pas (très) bien vendu.
    Enfin la seule chose qui manque, est le rappel que le 757 (et les premières versions du 737) est en commandes de vol classiques, alors que la famille A320 est en commandes de vol numériques (c’est l’ordinateur qui pilote, ce qui est plus économique). Le 737 ayant nécessité de gros investissements pour modifier ses premières versions (pas très réussies), il devait être rentabilisé, et il a été passé en cdv numériques.
    Au contraire du 757 qui se vendait doucement et rapportait de l’argent. Et qui du coup ne recevait pas d’investissements…
    Donc vu les coûts, même Boeing n’a pas eu les moyens de moderniser les deux (rappelons que pour Airbus l’A380 n’est toujours pas rentable…), alors même que le 757 est plus réussi et avec un meilleur potentiel, mais aurait nécessité des investissements plus lourds (étant plus grand, au moins une nouvelle aile, de nouveaux moteurs et des cdv numériques) que le 737 qui les monopolisait.
    Il se pourrait aussi que cela soit une opération de communication de Boeing : souvenons-nous du Sonic Cruiser…
    Gageons que si les compagnies veulent (il semble qu’il y ait un besoin) un avion intermédiaire entre le 737-900 et le 787-8, il y aura une relance du 757 ?

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