Le Tayeset 116 sera la prochaine unité israélienne à aligner des F-35I Adir.

C’est un des escadrons les plus prestigieux de la chasse israélienne qui fera l’an prochain son grand retour sur le devant de la scène. Officieusement annoncé au début de l’année cette fois c’est officiellement que Heyl Ha’Avir a reconnu que la prochaine unité à voler sur l’avion furtif Lockheed-Martin F-35I Adir sera le Tayeset 116. Une manière pour Tel-Aviv de tenter de faire taire les rumeurs sur la mauvaise image supposée de cet avion dans les rangs de son aviation militaire. Mais surtout clairement l’affichage de ce que seront les futurs missions de ces avions : pénétration à basse altitude et appui aérien rapproché.

Car à l’instar du Tayeset 140 qui met actuellement en ligne la quinzaine de Lockheed-Martin F-35I Adir en service dans l’état hébreu le Tayeset 116 est une unité dont les missions ont toujours été offensives. Et comme celui-ci il est demeuré en sommeil quelques années, après le retrait du service des derniers General Dynamics F-16A/B Netz de première génération.
En fait le Tayeset 116 a été de tous les conflits majeurs dans lesquels Israël a engagé son aviation militaire depuis… 1956. Et déjà à l’époque il volait sur un chasseur-bombardier américain.

C’est donc au début de cette année là que cette unité est née.
Pourtant à l’époque elle était loin d’aligner ce qui se faisait de mieux dans l’arsenal aérien israélien. Elle volait sur des monomoteurs à pistons North American P-51D Mustang, des avions hérités de le Seconde Guerre mondiale dont la spécialité locale était l’attaque à la roquette air-sol. Lors de la crise de Suez quelques mois seulement après sa création le Tayeset 116 engagea ses chasseurs-bombardiers et se fit littéralement pulvérisé par l’aviation égyptienne. À chaque sortie au moins un Mustang ne rentrait pas à la base. Quand les opérations cessèrent l’unité avait perdu neuf avions et autant de pilotes. Pour autant le Tayeset 116 demeura sur cet avion encore cinq ans.

En 1961 ses pilotes furent transformés sur avions à réaction. Fini la construction américaine ils passèrent à la facture française avec le Dassault Mystère IVA. Le choc devait sans doute être énorme entre ces deux générations d’avions. Mais la mission demeurait la même : l’attaque au sol. Et là encore la roquette air-sol faisait les beaux jours de l’escadron, auquel on ajouta de plus en plus la bombe lisse. Le bombardement en ressource sur Mystère IVA devint même la spécialité des pilotes du Teyeset 116.
L’année 1967 marqua l’apogée de l’utilisation de cet avion par l’escadron. D’abord durant la guerre des Six Jours où les Mystère IVA se transformèrent en tueurs de chars contre les forces de la coalition arabe. À la roquette à haute vélocité ils attaquaient et détruisaient les blindés ennemis. Durant cette petite semaine de combat un avion fut cependant perdu, revendiqué par un pilote de Mikoyan-Gurevitch MiG-19 égyptien.
Différemment c’est le 8 juin 1967 que le Tayeset 116 et ses Mystère IVA entrèrent dans l’histoire contemporaine. Ils bombardèrent le navire américain USS Liberty à l’aide de bombes incendiaires. Plus d’un demi-siècle plus tard cette bavure israélienne demeure très ancrée entre les deux pays pourtant alliés très proches.

Entre 1970 et 1988 le Tayeset 116 vola sur le même modèle d’avion : le Douglas A-4 Skyhawk. Deux versions furent prises en compte. L’A-4E d’abord puis à partir de 1975 l’A-4N. Et là clairement il n’était plus du tout question de chasse mais bel et bien uniquement d’attaque au sol et de pénétration à basse altitude. Désormais l’unité allait pouvoir porter le feu loin au-delà des frontières du petit état hébreu. Les Douglas A-4E connurent bien évidemment le feu lors de la guerre du Kippour en octobre 1973. Dans la nuit du 14 au 15 octobre les monoréacteurs du Tayeset 116 menèrent des frappes aériennes contre des positions égyptiennes préparant ainsi le célèbre parachutage des troupes amphibies du colonel Matt. Les avions israéliens tirèrent notamment des missiles air-sol AGM-12 Bullpup ainsi que des AGM-45 Shrike. Ces derniers étaient des armes anti-radars, les premières tirées en temps de guerre par une aviation militaire d’un autre pays que les États-Unis.
Et là aucune perte ne fut enregistrée, mais en plus tous les Israéliens connaissaient désormais le Tayeset 116.
En mars 1978 les «nouveaux» Douglas A-4N de l’escadron participèrent aux frappes aériennes relatives à l’invasion du sud Liban. L’un deux faillit d’ailleurs ne jamais rentrer à la base, un tir de mitrailleuses lourdes ayant arraché la moitié de son empennage et perforé le fuselage. Le pilote réussit pourtant à ramener son avion à bord port. Il fut ferraillé sur place.

Entre 1988 et 1990 le Tayeset 116 connut une période de mise en sommeil avant sa réactivation donc sur General Dynamics F-16A Netz. Comme à l’époque du P-51D Mustang l’unité ne volait plus sur ce qui se faisait de mieux en Israël. D’ailleurs elle abandonna partiellement sa fonction de pénétration à basse altitude, tout du moins jusqu’en 1995 et l’arrivée de biplaces F-16B permettant ce type de missions.
En fait durant vingt ans les pilotes du Tayeset 116 mangèrent de la vache maigre. De 1995 à 2015 époque de sa mise en sommeil leurs F-16A/B ne furent quasiment jamais engagé au combat se limitant bien souvent à un rôle assez ingrat d’Agressors. Mi-2015 donc l’état-major israélien annonça la désactivation temporaire du Tayeset 116 tout en réaffirmant qu’il renaîtrait entre 2018 et 2022 sur F-35A Lightning II.

En mars 2019 donc la base aérienne de Nevatim à proximité de la ville de Beer-Sheva dans le désert du Néguev verra renaître le célèbre emblème du faucon aux ailes rouges du Tayeset 116. Et tout comme le passage du P-51D à moteur à pistons au Mystère IVA à réaction fut un choc l’arrivée de l’avion furtif marquera à coup sûr l’histoire de l’escadron.

Photo © Lockheed-Martin.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 réponses

  1. « Une manière pour Tel-Aviv de tenter de faire taire les rumeurs sur la mauvaise image supposée de cet avion dans les rangs de son aviation militaire. »
    Quelles rumeurs ?

    1. Celles sur la mauvaise image supposée de l’avion au sein de Heyl Ha’Avir, c’est d’ailleurs écrit dans les mots que vous avez reproduit.
      CQFD.

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