L’Australie lance la procédure de remplacement de ses hélicoptères Tiger.

Soyons très clairs ce futur marché va se jouer entre les hélicoptéristes américains, et uniquement eux. Le gouvernement australien vient d’annoncer son intention de trouver un successeur à ses actuels Eurocopter Tiger en service depuis quelques années et qui n’ont jamais réussi à donner pleinement satisfaction. Le cahier des charges est tellement pointu qu’au final seuls les Guardian et Viper sont à même d’y répondre. C’est tout de même un marché de vingt-neuf machines qui s’ouvre ici.

Depuis son entrée en service en dans la Royal Australian Army 2011 l’Eurocopter Tiger ARH n’a vraiment pas eu beaucoup de chances. Il a connu plusieurs incidents majeurs entre 2012 et 2014 et n’a finalement reçu sa pleine dotation en armement qu’en 2016. Il n’est même opérationnel sur les navires de la Royal Australian Navy que depuis quelques semaines seulement. Une première croisière qui d’ailleurs ne s’est pas déroulée sous les meilleurs auspices.

Pour beaucoup d’entre-nous cette décision de remplacer les Tiger ARH n’est pas une réelle nouveauté. Déjà en février 2016 les officiers australiens en parlaient dans leur Livre Blanc.
Sauf que désormais les cahiers des charges existe et qu’il est on ne peut plus précis. D’abord l’Australie ferme la porte tout bonnement aux constructeurs chinois et russes, elle ne veut même pas en entendre parler. Les relations diplomatiques avec ces deux pays sont beaucoup trop mauvaises pour envisager un quelconque contrat d’armement. Ensuite clairement les points précis donnent lieu à l’idée que seuls Bell Helicopter et Boeing peuvent y répondre.

Le futur hélicoptère devra pouvoir être déployé aisément à bord des navires de soutien de la Royal Australian Navy et des Boeing C-17A Globemaster III de la Royal Australian Air Force. Jusque là pas de problème l’Agusta-Westand AW.129 Mangusta peut parfaitement y prétendre. C’est ensuite que ça se corse ! Car le cahier des charges prévoit aussi que le futur hélicoptère de combat pourra opérer dans un environnement de combat aux côtés des drones General Atomics MQ-9 Reaper que l’Australie vient d’acquérir. Or l’hélicoptère européen ne possède pas l’avionique nécessaire à cette requête.

Seuls deux machines sont actuellement disponibles sur le marché et peuvent répondre à ce très précis critère : le Bell AH-1Z Viper et le Boeing AH-64E Guardian. C’est donc bel et bien un marché destiné exclusivement aux États-Unis. Un seul constructeur non américain aurait pu soumettre une machine idoine, mais il en est automatiquement exclu : Airbus Helicopters. Et pour cause il aurait présenté le Tiger… pour remplacer le Tiger.
Histoire d’enfoncer un peu plus le clou les Australiens ont ajouté que leur futur hélicoptère devrait pouvoir disposer d’une chaîne de communication commune permettant de les voir évoluer avec les plus récents de leurs aéronefs : Boeing E-7A Wedgetail, P-8A Poseidon, et Lockheed-Martin F-35A Lightning II. N’en jetez plus la coupe est pleine !

Donc si on ignore encore la nature exacte du vainqueur on sait qu’il sera produit aux États-Unis avec sans doute un transfert de technologie vers des usines australiennes. Mais il reste une inconnue dans cette équation : que vont devenir les vingt-deux Tiger ARH ex-australiens quand en 2028 ces vingt-neuf nouveaux hélicoptères de combat seront opérationnels ?
Car de tels hélicoptères sur le marché de seconde main devraient se vendre assez aisément, l’appareil ayant largement démontré ses capacités sous les couleurs allemandes et surtout françaises. Affaire donc à suivre.

Photo © ministère australien de la défense.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

10 réponses

  1. La faute à qui si l’Australie n’est vraiment pas satisfaite de cette hélicoptère ? A la machine elle même ou à l’armée australienne qui se serait trompé d’hélico et la compatibilité qui s’en suis avec ses autres équipements ? Car comme vous dîtes, les forces armées françaises et allemandes eux en sont plutôt bien satisfaites.
    Ils pourront toujours en revendre quelques uns sur le marché de l’occasion et pourquoi pas a l’alat. Néanmoins il faudra une légère transformation. Les tigres français sont en version HAD et les australiens en ARH.

    1. Sans trop de modifications ce sont nos alliés espagnols qui devraient pouvoir racheter ces machines, les Tiger ARH étant assez proches de leurs appareils. Sauf si l’Australie trouve d’ici là un client désireux d’acheter ces machines de seconde main. 😉

  2. Ce serais bien pour la France de rachetés c’est 22 hélicoptères Australien pour pas grand chose, comparer à la plus valus que c’est Hélicoptère idéales pour les conflit en milieu chaud et nos carence dans ce domaine… L’opération Barkane est loin de ce terminé…

  3. Ce mécontentement est vraiment une énigme et c’est dommage pour l’industrie militaire européenne de voir l’un de ses fleuron congédié comme ça.
    Dans les pays qui forment les five eyes c’est très compliqué de concurrencer les usa. Je soupçonne les Australiens de cracher dans la soupe.

    1. Le Tiger ARH est un assemblage local d’éléments importés, pour citer une source sur le sujet :

      « The contracts were concluded with the Eurocopter subsidiary, Australian Aerospace, as the prime contractor. In accordance with the Acquisition contract, the Eurocopter group ensures the development of the ARH version of the Tiger and the manufacture of 22 Tigers, 18 of which will be assembled in Australia.

      In addition to the Tiger that has just performed its maiden flight, two aircraft are already on the assembly line in Marignane and three are on the Australian Aerospace assembly line in Brisbane, Queensland. »

      Mike Hanlon, June 4th, 2004

      https://newatlas.com/go/2727/

      On peut aussi s’interroger sur le niveau de compétence de l’industrie locale ?

      1. On peut aussi se demander si Airbus Helico a joué le jeu et n’a pas volontairement refusé la qualification des sites de production australiens pour protéger les chaînes d’appro européennes. La politique a clairement pris le pas sur la technique dans cette affaire.

    2. J’avais cru comprendre que le Tigre leur coûtait trop cher, en Europe, il y a quand même un peut le même problème, surtout si on compare aux gazelles,
      De plus c’est une machine, qui a été accouchée dans la douleur avec enter autre des retards à n’en plus finir.

      Airbus vends de tout comme hélicoptère et ce un peut partout, mais des tigres, non.

      Je n’ai pas les compétences pour discuter des qualités de la machine, mais force est de constater que pas grand monde n’en veut.

  4. Oui Dimitri mais c’était au temps de la guerre froide …Maintenant le point chaud c’est le Pacifique et l’Australie s’y trouve…Ceci explique peut-être cela…

  5.  » Un seul constructeur non américain aurait pu soumettre une machine idoine, mais il en est automatiquement exclu : Airbus Helicopters. Et pour cause il aurait présenté le Tiger… pour remplacer le Tiger.  »
    Cela signifie donc qu’une évolution de l’avionique du Tigre pour le rendre communicant avec les Reapers est possible, alors pourquoi ne pas partir sur cette solution ? Moderniser l’avionique d’un appareil est quelque-chose de très courant dans le domaine militaire. Tant d’années pour rendre le Tigre pleinement opérationnel en Australie, d’entrainement, de mise au point, pour finalement partir sur un autre appareil ? j’avoue avoir du mal à comprendre.

    Apres je dis ça, je dis rien, je pense que la question de l’évolutivité technologique des appareils est l’un des plus importantes questions sur ce genre de marché, cependant on sait tous que bien souvent l’intérêt politique prends souvent le pas sur l’intérêt militaire dans ce genre de domaine…

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