Nouvelle interception russe jugée agressive d’un avion américain en Méditerranée.

Le ton monte entre Washington et Moscou. Ce dimanche 19 avril 2020 un avion de chasse russe Sukhoi Su-35S basé en Syrie a réalisé une série de manœuvres jugées non-professionnelles et dangereuses contre un avion de l’US Navy. Le patrouilleur océanique P-8A Poseidon réalisait une mission de lutte anti-terroriste au-dessus des eaux internationales de la Méditerranée orientale. C’est la deuxième action de ce genre en moins de 96 heures.

Pour le coup c’est quasiment bis repetita entre l’aviation russe et l’aéronavale américaine. Quatre jours auparavant, le mercredi 15 avril 2020, un chasseur du même type avait déjà intercepté de manière irrégulière un avion de la patmar américaine. Et déjà il s’agissait d’un Sukhoi Su-35 « Flanker-E » et d’un Boeing P-8A Poseidon.

Ce dimanche 19 avril 2020 donc l’équipage américain appartenant à l’escadron VP-4 stationné à NAS Sigonella en Sicile réalisait une mission de contrôle anti-terroriste en Méditerranée orientale. Il veillait à ce qu’aucun navire ne vienne ravitailler en armement ou en tout autre équipement les groupes djihadistes installés en Syrie. Dans le même temps les marins américains s’assuraient que l’embargo contre le régime dictatoriale syrien ne soit pas violé. En effet outre la Chine et la Russie aucun pays n’a la possibilité de soutenir Bachar El-Assad et son régime autoritaire. Une décision de l’ONU qui fait suite aux nombreuses attaques chimiques syriennes contre sa propre population.

En Méditerranée orientale les P-8A Poseidon américains assurent ainsi le bon respect du droit international. Et cela semble déranger. En effet en 96 heures l’aviation russe est intervenue deux fois pour intimider les équipages de l’US Navy.
L’interception la plus récente avait pourtant bien commencé. Le chasseur Su-35S « Flanker-E » avait approché l’avion de patrouille maritime à bonne distance, tout en respectant les procédures internationales. L’avion de supériorité aérienne a ainsi suivi sa cible durant une quinzaine de minutes. Il l’a ensuite quitté. L’équipage américain pensait en avoir fini avec l’aviation russe. Quelques minutes plus tard la donne a changé radicalement.
Le jet de combat est revenu sur l’avion du biréacteur de patrouille océanique et s’est placé à courte distance devant lui. Selon le pilote américain les tuyères de réacteurs de l’avion russe se trouvaient à environ sept ou huit mètre du nez de son appareil. Il a d’ailleurs déclaré avoir eu beaucoup de mal à le maîtriser, en raison des turbulences générées par le Su-35S. Après cela le pilote russe s’est rapproché sur l’aile du P-8A et a  poursuivi ses manœuvres agressives.

Au bout d’un moment l’équipage américain a décidé de mettre fin à son vol de reconnaissance dans la zone. Le commandant de mission a décidé de rentrer en Sicile. Entre le premier et le dernier contact entre les deux avions il s’était écoulé environ cent minutes.
À aucun moment durant l’incident l’avion américain n’a quitté l’espace aérien international.

Si le Pentagone n’entend pas cesser ses missions de patrouille maritime en Méditerranée orientale il envisage désormais de les faire accompagner par une escorte armée. Des Boeing F/A-18E/F Super Hornet pourraient ainsi permettre aux P-8A Poseidon d’opérer tranquillement sans avoir à craindre les Sukhoi Su-35 russes et leurs pilotes aux méthodes de cowboys. C’est sûr qu’il est plus compliqué pour un pilote de chasse d’affronter un autre pilote de chasse que d’affronter un équipage d’avion de patrouille maritime.

Quelque soit l’idée qu’on se fait de la présence des avions américains dans la région il faut remarquer que la réaction russe est pour le moins disproportionnée. Car à l’instar de la Crimée (qui rappelons-le appartient à l’Ukraine) la Syrie n’est pas un territoire russe, la présence de chasseurs frappés de l’étoile rouge et du drapeau tricolore est donc très discutable face à un pays qui lui est théoriquement allié dans la guerre contre le djihadisme international.

Photo © OTAN.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 réponses

  1. toutes approches russes aupres des patrouilleurs americains ou de l’OTAN vont tres mal finir…

  2. L’équipage n’est pas équiper d’une caméra pour filmer (prouver) cet acte? ça donnerait du poids à leur propos. (ou c’est déja le cas mais pas diffusé).

    1. Les images existent mais elles sont classifiées par l’US Department of Defense. On parle ici du plus moderne des avions de patrouille maritime au monde.

  3. Les Russes doivent pas être très clairs dans tout cela.
    Qu’ont t-ils donc de si gênant à cacher, qu’il ne faut pas savoir.?

    Traffic d’armes? Drogue ? Où entraînement à bloc pour tester les Américains ?
    En tout cas, cela risque de mal finir.

  4. Les USA et Israël connaissent et surveillent le déploiement militaire russe en Syrie grâce à leurs satellites 24h sur 24 , les russes ne peuvent donc pas leur cacher grand chose. De ce fait ne faut il pas voir dans les interceptions d’aeronefs quasi quotidiennes pratiquées par toutes les armées de l’air qu’un excellent moyen d’entraîner leurs pilotes et de tester leurs systèmes, avec aussi un peu de provoc pour déstabiliser son adversaire. Y voir de l’agressivité me semble un peu exagéré.

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