Incident entre la Russie et le Royaume-Uni au large des côtes ukrainiennes.

Généralement c’est l’agresseur qui est dans le déni et la victime dans la protestation, mais bizarrement pas dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui ! Ce mercredi 23 juin 2021 à la mi-journée le destroyer britannique HMS Defender a été survolé par deux avions d’attaque au sol Sukhoi Su-24M Fencer russes au large de la péninsule ukrainienne de Crimée, actuellement sous occupation par Moscou. Un des deux avions ainsi qu’un patrouilleur de la marine ont ouvert le feu sur le puissant bâtiment de Sa Majesté. Gros problème dans l’équation : à Londres l’amirauté nie tout cela.

C’est une situation absolument kafkaïenne ! La victime d’un incident diplomatique et militaire qui nie l’agression d’une nation qui elle reconnait avoir agi ainsi.
Sur le papier le HMS Defender est en mission pour la Royal Navy en Mer Noire depuis quelques jours maintenant. Le bâtiment de guerre, spécialisé dans la lutte anti-aérienne, est également bardé de capteurs COMINT et SIGINT. Il a notamment été déployé il y a quelques temps au large des côtes syriennes pour «écouter» les djihadistes du khalifat de Daech.

Selon son pacha il naviguait dans les eaux ukrainiennes, selon Moscou il avait violé la souveraineté russe de plusieurs miles. Qui dit vrai et qui ment ?
Sans doute un peu les deux. En fait le HMS Defender se rapprochait du littoral criméen qui pour la communauté internationale, notamment pour l’ONU et l’OTAN, est un territoire ukrainien sous occupation illégale par la fédération de Russie. Sauf que Moscou revendique désormais que la Crimée et ses eaux soient territoires russes à part entière. Les deux étaient donc une stricte posture qui leur était propre.

Et afin de chasser l’intrus, et surtout le risque d’espionnage, la Russie a décidé d’agir ! Deux avions d’attaque au sol Sukhoi Su-24M Fencer ont procédé dans un premier temps à un survol à très basse altitude du HMS Defender. Puis l’un des deux avions est revenu sur le destroyer britannique avant de lâcher quatre bombes lisses FAB-250 d’une charge de 250 kilos d’explosifs chacun. Les Russes disent avoir tirer les bombes deux par deux, à bonne distance du navire de la Royal Navy afin de lui intimer l’ordre de retourner dans les eaux internationales. Dans le même temps un patrouilleur hauturier de classe Tarantul aurait tiré des coups de semonces à l’aide de son canon de calibre 76mm.

Après avoir dans un premier temps nié la présence du HMS Defender dans les eaux de Mer Noire au large de la Crimée l’amirauté britannique a reconnu discrètement que son bâtiment s’y trouvait. Par contre elle réfute catégoriquement tout accrochage avec l’aviation ou la marine russe, ou même les deux. Tout au plus la Royal Navy reconnait t-elle avoir aperçu à bonne distance un exercice de tirs air-surface entre les aviations et la marine russes.

La situation est particulièrement inédite. D’abord parce que tirer sur un destroyer de Sa Majesté n’est pas anodin. Le Royaume-Uni est une puissance navale de premier plan, équivalente en Europe à la France. Ensuite parce que généralement c’est la Russie qui traîne des pieds pour reconnaitre ses agressions en Mer Noire et pas les victimes. Et enfin en dernier parce que Moscou reconnait avoir employé des avions de combat contre un navire de guerre que la Russie sait pertinemment être un des meilleurs systèmes anti-aériens de surface au monde.
Affaire donc à suivre.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 réponses

  1. Reconnaitre l’agression c’est automatiquement lancer des mesures de rétorsions. Ce que les britanniques ne veulent apparemment ne pas faire.
    Reconnaitre et ne rien faire c’est accepter la main mise de Moscou sur la Crimée. Comme les lâches on préfère ne rien dire et ne rien voir.

    Les russes peuvent poursuivre, ils ne risquent pas grand chose.

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