Le Dassault Aviation Rafale Marine peut t-il l’emporter auprès de l’Indian Navy ?

Cette fois les jeux sont faits, rien ne va plus. L’Indian Navy a examiné sur sa base aéronavale de Hansa les deux avions en lice dans le cadre du remplacement des Mikoyan MiG-29K Fulcrum-D. Les Boeing F/A-18E/F Super Hornet Block III et Dassault Aviation Rafale Marine F4 ont été testé, notamment sur le fameux tremplin devant simuler celui du porte-avions INS Vikrant. Et force est de constater que si quelques défauts semblent avoir été relevés sur l’avion français il a aussi de solides arguments !

À priori les deux avions de combat ont démontré leur capacité à être mis en œuvre depuis le dit tremplin, condition sine qua non à l’achat d’une telle machine. C’est déjà ça. Désormais la bataille s’annonce clairement commercial entre les deux avionneurs, le géant américain et son concurrent français. Sur le papier Boeing devrait sortir vainqueur avec près de 650 avions construits ou en attentes d’assemblage contre seulement 46 pour Dassault Aviation. Seulement voilà en aéronautique l’arithmétique ne fait pas tout, il y a aussi des facteurs technologiques et… diplomatiques.

Et à ce petit jeu là l’avion conçu à Saint-Cloud et construit à Mérignac a de solides arguments à faire valoir. En premier lieu il sert déjà en Inde, au sein de l’Indian Air Force où il a su démontrer ses capacités notamment lors d’un accrochage frontalier avec la Chine. Cette dernière avait refusé d’aligner ses chasseurs de 5e génération face aux Rafale EH/DH. En outre les accords bilatéraux entre Dehli et Paris favorisent clairement un contrat G2G, c’est à dire de gouvernement à gouvernement.
Les médias indiens insistent depuis quelques jours sur le fait que la solution Rafale Marine F4 aurait les faveurs du ministère de la défense mais aussi de l’Indian Navy.

Pourtant quelques médias spécialisés dans les questions de défense et/ou d’aéronautique pointent du doigt deux défauts majeurs sur l’avion français, que ne possèdent pas son concurrent américain. D’abord selon eux le Rafale Marine F4 serait inadapté aux ascenseurs du porte-avions indiens car possédant une envergure trop grande. Sur le papier pourtant les 10.86 mètres d’envergure du Rafale sont moindres que les 13.62 mètres du Super Hornet. La comparaison est vite faite ; mais comparaison n’est pas raison. En effet le F/A-18E/F Super Hornet dispose d’une voilure dont les extrémités se replient favorisant ses mouvements de hangars et d’ascenseurs. Les médias indiens insistent en déclarant qu’il faudrait ôter les rails de lancement des missiles air-air Mica pour permettre aux chasseurs français d’opérer correctement. Réalité ou intox ? On le saura bien vite.
Par contre ce qui est connu depuis longtemps c’est qu’en effet les ascenseurs indiens sont plus étroits que les modèles que l’on retrouve sur le Charles de Gaulle ou sur les porte-avions américains de classe Nimitz et Gerald R. Ford.

Les défenseurs d’un achat américain mettent en avant la motorisation du Boeing F/A-18E/F Super Hornet : le turboréacteur General Electric F414. Or c’est celui-ci qui a été choisi par l’avionneur indien HAL pour motoriser le futur TEDBF, pour Twin Engine Deck Based Fighter. Ce programme initié en 2019 et annoncé officiellement en 2020 doit permettre de donner un chasseur embarqué léger à l’horizon 2030. Il s’agira d’un dérivé biréacteur amélioré du décevant HAL Tejas de facture indigène. D’ores et déjà des voix s’élèvent en Inde pour le déclarer mort-né du fait de la future commande Super Hornet Block III ou Rafale F4.

Vous l’aurez compris rien n’est encore gagné pour Dassault Aviation. Cependant l’Élysée a peut-être un dernier atout à dégainer afin de damer le pion au Pentagone : la livraison de Rafale Marine F3-R de seconde main afin de faciliter la transition et accélérer le dossier. Les États-Unis n’ont pas pensé, jusque là, à une telle option.
Vous l’aurez compris : malgré la petite taille du contrat tout les coups sont permis pour gagner. Et malgré nos alliances diplomatiques et militaires sur ce coup là Américains et Français sont bel et bien de rugueux adversaires. Tout ça pour vingt-six avions de combat… minimum !

Photo © Marine Nationale.

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Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

13 réponses

  1. Arnaud, je ne comprends pas l’argument commercial basé sur le nombres d’avions construits (650 SH vs 460 Rafale)
    En dehors des considérations politiques et en restant dans la technique et du coût, je pense que l’argument de mutualisation l’IAF et l’Indian Navy est le plus important: Cela se traduit par des économies en coût d’utilisation, en achat, en temps de formation et de gestion de stock, notamment en ce qui concerne l’armement et autres emports.
    Avec le SH, les Indiens devront consacrer du temps et des hommes pour acquérir de nouvelles compétences et assimiler plein de nouvelles techniques inconnues jusqu »à présent, n’oublions pas que la prise en main du Rafale a été probablement facilité par leur connaissance du Mirage 2000

      1. Ah ok je vois
        Dans ma tête les Rafale air et marin ne sont pas très différents et puis tous les SH ne sont pas utilisés sur PA, seuls exportés notamment
        En tout cas la chaîne de fabrication du Rafale marin est assurée tant que les versions air sont produites

      2. Il me semble que ce qui compte c’est moins les commandes passées que celles à venir garantissant une longue exploitation ainsi que les futurs évolutions possibles.

        Les évolutions et la chaîne de production du rafale est assurée pour très longtemps.

        Le F18 de son côté est « mort ».
        Ses échecs en Suisse, Finlande et Canada ainsi que le fait qu’il ne figure plus dans les plans de l’US Navy (ce sera F35 + NGAD) ne lui laisse plus guère de perspectives.
        D’un autre côté Boeing sera sûrement prêt à tout pour emporter ce contrat de la dernière chance.

        Enfin d’un point de vue géopolitique, l’Inde ne veut pas être « alignée » traditionnellement, d’où ses commandes Russes. Commandes qu’elle est en train d’annuler ou écarter.
        Passer des Russes aux Français serait plus à même de maintenir cette posture.

        1. Oui le F18 Super Hornet n’a plus d’avenir aux États-Unis. J’ai lu dans la presse économique que pour emporter le contrat, Boeing proposait carrément le déménagement de toute la chaîne de montage du F18 en Inde. Un sacré argument de poids.

  2. d’un point de vu purement technique, le fait que l’IAF ai déjà du rafale est un argument majeur pour le rafale (a condition qu’il rentre dans l’ascenseur =D ) . mais connais on les relations entre l’armée de l’air indian et l’aeronaval indienne? dans certain pays (typiquement USA au debut de la guerre froide) les deux entité etait entièrement séparé. en france, il y a beaucoup de communalité mais quelque divergence (typiquement la formation des pilotes). au royaume uni, il rebâtisse une aviation embarqué a partir de rien , donc il s’appui sur la royal air force (par exemple des escadron de la RAF sur porte-aeronef (car la RAF utilise des F-35B). Je suppose qu’en inde sa doit être pareil car les indien on pas d’appareil non vtol embarqué. pouvoir directement pioché dans un vivier de pilote de rafale qu’il « suffit » de navalisé est un luxe . en comparaison pour le F18 , il faudrait prendre des pilote issue d’autre appareil, les former a la « philosophie américaine » (les indien on que des chasseur russe et européen) , les formé au F-18 et enfin les navalisé.

  3. Les Rafale M et Air sont structurellement très différents, par contre le concurrence entre les deux appareils ne sera ni technique, ni commerciale mais politique. Le point principale est la crainte de la RP de Chine pour les indiens (comme pour les australiens d’ailleurs) et le poids mi par cette administration des USA sur les ventes d’armements. Le VRP des USA était d’ailleurs sur place pour des rencontres appuyées et de haut niveau.

    1. Concurrence commerciale et concurrence politique sur les marchés d’armements c’est la même chose. Après éclairez nous sur ce qu’est un « VRP des USA » car nous avons un lectorat parfois suffisamment jeune pour ne jamais avoir entendu parler de l’expression vieillotte VRP.

    2. « Les Rafale M et Air sont structurellement très différents »
      Je dirais plutôt « un peu différents », vu que cela ne concerne que le renfort longitudinal du fuselage, le train et une crosse plus costaude du M

    1. Bonjour aloha59,
      Pour l’instant aucun média sérieux n’en parle et c’est silence radio du côté de chez Dassault Aviation. Donc si vous pouviez nous dire d’où vous tenez une telle info ?

  4. Aucun contrat n’est actuellement signé. Donc ça reste des négociations en cours.

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