Le programme de l’Aviação do Exército, l’équivalent brésilien de notre ALAT française, concerne un total de douze hélicoptères. Dans un souci de rationalisation de sa flotte de voilures tournantes l’armée brésilienne a décidé d’envoyer à la retraite ses quatre HM-2 et ses huit HM-3, respectivement Sikorsky UH-60L Blackhawk et Eurocopter AS.532U Cougar. Un appel d’offre concernant seize nouveaux appareils a été lancé mais le gouvernement Lula a d’ores et déjà fait savoir qu’il privilégierait avant tout les propositions d’hélicoptères fabriqués au Brésil. C’est donc clairement un appel du pied à Airbus Helicopters.
Grâce à sa branche locale Helibras, héritée de feue la société française Aérospatiale, le géant européen des voilures tournantes possède une sérieuse assise en Amérique du sud. C’est entre autre pour cela que l’Aérospatiale AS.332 Super Puma et ses variantes se sont si bien vendus auprès des militaires brésiliens. Aujourd’hui encore la totalité des hélicoptères siglés Airbus et vendus au Brésil sont assemblés par cette entreprise, du plus petit au plus gros.
Or pour remplacer ses quatre Blackhawk et ses huit Cougar l’Aviação do Exército a clairement fait savoir qu’elle ne transigerait pas : ce sera un seul et unique modèle d’appareil ! Celui-ci devra donc aussi bien pouvoir déposer des fantassins en zone de combat qu’assurer des missions dites C-SAR, pour Combat Search and Rescue. Il devra également permettre de mettre en place des procédures de soutien aux opérations spéciales, notamment dans les formats infiltrations et exfiltrations.
Partant de là les médias locaux mettent logiquement en avant l’Airbus Helicopters H225M déjà en dotation dans la Marinha do Brasil et qui serait totalement interopérationnel avec les quinze Eurocopter EC725 Caracal en service depuis une quinzaine d’années. Par ailleurs le Brésil a, à plusieurs reprises depuis quelques, mentionné le H215M légèrement plus compact comme hélicoptère idéal pour ses forces armées. Celui-ci est en fait l’évolution la plus récente du Cougar.
Il est évident que l’hélicoptériste américain Sikorsky est dans une situation délicate. N’importe quelle version actuelle du Blackhawk semblerait difficilement présentable pour remplacer des UH-60L finalement pas si vieux. Même le S-70I produit en Pologne ne semble pas à la hauteur des attentes. Alors à moins que le constructeur ne dégaine son H-92 Superhawk on voit mal comment il pourrait participer à la compétition. Seulement voilà cet hélicoptère peine à trouver sa place sur le marché militaire. Son concurrent italien Leonardo par contre semble prêt à proposer son AW189 parfaitement taillé pour ce marché. Sauf que là encore il s’agit d’un hélicoptère bien plus parapublique que militaire. La surprise pourrait venir de Corée du Sud et du KUH-1 Surion de KAI toujours à la recherche de son premier contrat d’export.
On pourrait croire que les très bonnes relations entre Brasilia et Moscou joueraient en faveur de cette dernière et de son fameux Mi-171 Hip-K directement dérivé du Mi-17 Hip-H. Il n’en est rien. Le souvenir des galères et pannes en série des Mil Mi-35 Hind-E auparavant en service dans la Força Aérea Brasileira est encore bien vivace. Les hélicoptéristes chinois et russes n’y ont d’ailleurs pas été conviés au final.
En l’absence du Mi-171 russe on se demande bien quel hélicoptère pourrait empêcher la victoire du H225M ? À part donc peut-être le H215M… l’avenir nous le dira ! Le budget du programme n’a pas été dévoilé. Les douze hélicoptères à remplacer seront proposés à la revente dès leur retrait effectif, selon toutes vraisemblances d’ici à fin 2025.
Affaire donc à suivre.
Photos © Exercito do Brasil.
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