La Força Aérea Brasileira va retirer du service ses Mil Mi-35 Hind-E.

Inutile d’y voir la moindre concomitance avec les décisions internationales vis-à-vis de Moscou suite à son attaque contre l’Ukraine, c’est un pur hasard de calendrier. Mardi prochain, 1er mars 2022, la Força Aérea Brasileira mettra à la retraite ses douze hélicoptères de combat Mil Mi-35 Hind Hind-E en service depuis fin 2009. Ce sont les difficultés d’entretien mécanique et d’obtention de pièces détachées auprès de la Russie qui ont mené à cette décision radicale. Pour l’instant le Brésil n’a pas sélectionné de remplaçant à ces machines.

L’aventure des AH-2 Sabre, la désignation locale des Mil Mi-35 Hind-E, est assez tordue et finalement pas si positive que ça pour les militaires brésiliens. Commandés en février 2009 à hauteur de douze machines neuves. Les livraisons devaient initialement s’étaler sur dix-huit mois. Un délai qui fut largement dépassé.
Pourtant tout partit très bien puisqu’en décembre 2009 la Força Aérea Brasileira reçut ses trois premières machines, dans les délais prévus par le contrat. C’est ensuite que la machine se grippa. Aucune livraison en 2010 alors même que trois hélicoptères supplémentaires auraient du traverser l’Atlantique durant l’été. Il faudra attendre février 2011 pour les voir débarquer par bateau. Une série de brouilles entre les militaires brésiliens et l’hélicoptériste russe va même encore plus ralentir le rythme.
À Brasilia on en vient alors même à se demander si les douze hélicoptères seront bien livrés un jour. Pourtant en avril 2011 les six hélicoptères sont officiellement déclarés opérationnels.

Un tir de roquettes air-sol toujours aussi impressionnant.

Une flotte à seulement 50% alors même que la Força Aérea Brasileira aurait du posséder alors 100% des appareils commandés ça ne fait pas très sérieux. Les relations russo-brésiliennes en pâtissent même. L’ambassade brésilienne à Moscou fait part de plus en plus régulièrement de l’empressement de ses militaires à recevoir les hélicoptères commandés. Fin août 2012 un nouveau lot de trois Mi-35 Hind-E arrive au Brésil. La flotte est complète à 75% alors que déjà les aviateurs brésiliens déchantent. L’AH-2 Sabre est bien plus fragile et difficile à mettre en œuvre que la légende du Mi-24 Hind ultra rustique laissait supposer.
Mais surtout les câblages de l’hélicoptère oblige à l’emport et au tir de missiles antichars de facture russe ou ex-soviétique uniquement. Aucune possibilité d’acheter américain, européen, ou même israéliens. L’affaire des AH-2 Sabre tourne au scandale d’état.
En décembre 2014 les trois derniers hélicoptères arrivent enfin en service. Il aura fallu cinq ans pour produire et livrer douze hélicoptères.

À l’usage le Mil AH-2 Sabre est certes impressionnant, avec sa livrée brésilienne très originale. Pour autant il n’est pas employé comme pur hélicoptère de combat : son armement se limite à son double canon de calibre 23 millimètres dans le nez et à ses paniers à roquettes de 76 millimètres sous moignons de voilure. Et encore dans la majorité des cas les AH-2 Sabre brésiliens y placent plutôt des réservoirs de carburant afin de donner un peu d’allonge à leurs appareils.

Début 2019 un rapport parlementaire accable encore un peu plus les douze Mil Mi-35 Hind-E.
En premier lieu il révèle un taux de disponibilité très faible, en dessous de 15%. Le Brésil est en fait incapable d’aligner trois de ces hélicoptères en même temps en vol. La raison est double : il est d’abord inadapté au climat tropical de la forêt amazonienne et de son bassin qui représentent le gros de la géographie locale et en plus les pièces détachées manquent cruellement. L’hélicoptériste russe les livre au compte-goutte tout en augmentant chaque année un peu plus leur prix d’achat.
En second lieu il révèle ce que beaucoup savaient déjà : le Brésil emploie bien plus ses Mil AH-2 Sabre comme hélicoptères de transport d’assaut pour forces spéciales que comme hélicoptères de combat. Et là les parlementaires brésiliens, de droite comme de gauche, ne sont pas tendres avec lui. Ils déconseillent de poursuivre son usage et de le remplacer au plus vite dans cette mission par les Eurocopter CH-36A Caracal et les Sikorsky UH-60L Blackhawk déjà en dotation. Ces deux modèles sont réputés bien plus sûrs et moins onéreux à l’emploi.

L’entretien mécanique : la plaie des AH-2 Sabre.

La crise sanitaire du Covid-19 a laissé un répit de courte durée aux douze Mil AH-2 Sabre. Car à l’été 2021 la décision est tombée : au 1er mars 2022 c’est la retraite d’office. La Força Aérea Brasileira se séparera donc de ces hélicoptères de combat dans quelques jours maintenant.
Aux Brésil on sait désormais qu’un contractor américain est sur les rangs pour racheter une partie des hélicoptères. Son identité n’a pas été révélée. Le Pentagone pourrait ainsi disposer d’agressors évoluant sur Hind à moindre coût. Par contre la grande inconnue est de savoir si un hélicoptère de combat de remplacement sera acquis ou non.

Photos © Força Aérea Brasileira

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
articles sur les mêmes thématiques
Commentaires

Une réponse

  1. ces appareils ont été utiliser pour tirer et intercepter des traficants de drogue qui utilisaient des appareils de tourisme.

Sondage

Lequel de ces avions symbolise le mieux pour vous le 90ème anniversaire de l'Armée de l'Air et de l'Espace ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié