Le Canada confirme l’acquisition d’aéronefs P-8A Poseidon

En avril dernier, nous vous informions de la très forte probabilité que le Canada remplace ses vénérables CP-140 Aurora par des Boeing P-8A Poseidon. C’est maintenant confirmé. Ce 30 novembre, le Canada annonçait la conclusion d’une entente avec le gouvernement des États-Unis pour l’acquisition d’un maximum de 16 appareils P-8A Poseidon pour l’Aviation royale canadienne (ARC). Quatorze aéronefs sont initialement commandés, avec l’option d’acheter deux appareils supplémentaires. Le coût global de ce programme de remplacement des CP-140 Aurora est de l’ordre de 10 milliards de dollars canadiens, dont 6 milliards uniquement pour les aéronefs.

Lockheed CP-140 Aurora

Le P-8A deviendra donc la nouvelle plateforme multi-missions de l’ARC avec ses capacités C4ISR, anti-sous-marines et anti-surface intégrées. Les premières livraisons doivent commencer dès 2026, et tous les aéronefs livrés avant la fin de 2027. La pleine capacité opérationnelle de la flotte de P-8A est visée d’ici 2033.

Conclu sans appel d’offres, ce contrat alimente la polémique causée par le refus du gouvernement fédéral de sérieusement considérer une alternative «Made in Canada». L’avionneur Bombardier, en partenariat avec la filiale canadienne de General Dynamics, proposait un avion aux capacités similaires au Poseidon mais basé sur son jet d’affaires Global 6500 déjà populaire pour nombre d’applications militaires. Le gouvernement fédéral a fait valoir qu’il privilégiait un avion déjà disponible et éprouvé afin de respecter ses courts délais de livraison. L’autre argument invoqué est l’interopérabilité avec ses alliés du Groupe des cinq (Canada, États-Unis, Royaume-Uni, Australie et Nouvelle-Zélande) ayant déjà acquis le P-8A Poseidon. C’est sans compter d’autres pays européens membres de l’OTAN ayant également fait ce choix, dont l’Allemagne et la Norvège. De son côté, Bombardier dit être en discussions avec d’autres pays intéressés par son aéronef multi-missions plus moderne ainsi que moins coûteux à l’achat et à opérer.

Bombardier Global 6500 MPA (vue d’artiste)

Pour amadouer les critiques, Boeing s’engage à faire des investissements ciblés dans l’industrie canadienne de l’aérospatiale et de la défense à la hauteur de 360 millions de dollars par année sur une période de dix ans.

Notons enfin que les P-8A de l’ARC feront leur nid aux bases des forces canadiennes de Greenwood en Nouvelle-Écosse sur la côte Atlantique et de Comox en Colombie-Britannique sur les rives du Pacifique. Dès que la nouvelle flotte de CC-330MRTT Husky atteindra sa capacité opérationnelle initiale, elle sera en mesure de ravitailler en vol ses premiers aéronefs, y compris les P-8A. Reste à connaître la nomenclature et le nom de ce futur avion de patrouille maritime l’ARC qui s’inscrira dans une prestigieuse lignée.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Marcel
Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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Commentaires

12 réponses

  1. Le Bombardier Global 6500 MPA est très intéressant. En raison de sa taille, il aurait pu convenir à l’armée de l’air italienne qui a la Méditerranée comme théâtre d’opérations. Mais cela n’existe que sur papier.
    Le Canada a maintenant besoin d’un remplaçant pour le CP-140 Aurora. Les seuls disponibles sont le Kawasaki P-1 et le Boeing P-8A Poseidon. Le choix de cette dernière était inévitable.
    J’espère que l’ètat italien décidera également d’acheter le plus tôt possible une douzaine de Boeing P-8A Poséidon dont il a absolument besoin.
    Cela ne vous plaira peut-être pas, mais le Boeing P-8A Poséidon est destiné à devenir l’avion de patrouille maritime le plus répandu au monde. À juste titre.
    Traduit avec Google

  2. Je pense que le Canada fait une erreur flagrante en choisissant la facilité du P-8A Poseidon plutôt qu’en pariant sur l’avenir avec ce Global 6500MPA qui aurait en outre relancé son industrie aéronautique plutôt moribonde depuis quelques années. Après chaque état est souverain et il est évident que l’avion de Boeing a depuis longtemps démontré ses capacités opérationnelles.
    N’empêche qu’un Global 6500 de patmar aurait sans doute eu une sacrée gueule !

    1. Industrie aéronautique canadienne moribonde ? Airbus Canada est à la recherche de centaines d’employés pour augmenter la cadence de production de l’A220 à Mirabel au Québec. Bombardier, qui a renoué avec les profits et considérablement réduit sa dette, est également à la recherche de centaines d’employés. Les livraisons de ses jets d’affaires Challenger et Global sont sur la bonne voie de dépasser l’année record enregistrée en 2019. De Havilland Canada est également en mode recrutement pour démarrer la production du nouveau bombardier d’eau DHC-515 Firefighter. C’est sans compter sur le motoriste Pratt & Withney Canada situé à Longueuil qui a toujours le vent dans les voiles et les équipementiers Heroux Devtech et CAE qui sont des leaders mondiaux dans leurs domaines. Loin d’être moribond, l’écosystème aéronautique québécois et canadien doit plutôt jongler avec la problématique de la pénurie de main d’oeuvre. Avis aux jeunes Européens qui envisagent d’immigrer au Canada !

  3. Ce n est pas la première fois que des appels d offres en matière d aéronautique sont complètement pipés au Canada. Le remplacement des cf18 et maintenant des cp140 sont assez flagrant. Faut voir ce que dit un amiral canadien sur l état de la flotte, c est ahurissant. Soit les gens de chez Boeing ont fait des promesses tellement alléchante qu il est difficile de refuser soit le gouvernement canadien à une vision bien à lui des enjeux à venir qu ils pensent devoir absolument se protéger à l ombre de cet encombrant voisin.
    Ceci étant on ne peut pas dire que la concurrence en matière de pat mar soit féroce tant sa manque d engagement de la part des constructeurs et d équivalent du niveau du poseidon. Si Monsieur Trudeau voulait saborder son industrie de défense, il aurait pu difficilement mieux s y prendre.

    1. Oui acheter un avion qui n’existe pas encore qui sortiras des chaînes de montage en même temps que les Aurora prendront leur retraite sans savoir si l’avion rempliras les missions et ce taper tous les problèmes de jeunesse d’un nouvel appareil est effectivement un bon achat Bombardier aurait dû se réveiller il y a au moin 5 ans.

  4. Salut ARNAUD et les passionnés,
    Bon, sur ce coup là, moi qui suis reconnu plutôt comme un défenseur de la BITD nationale, la décision me parait plus que logique, même si évidemment nos amis québecois auraient préféré un investissement massif dans leur BITD.
    Les délais de développement, production, et d’opérationnalité d’un nouvel avion de patrouille maritime, même basé sur la très bonne cellule éprouvée du Global 6500 , n’étaient pas compatibles avec les exigences, et contraintes de l’ARC, au regard de l’âge avancé des Lockheed CP-140 Aurora, des obligations OTAN et NORAD du CANADA, et de la pression russe…et dorénavant chinoise dans ces contrées maritimes entourant le CANADA et dans ce nouvel Eldorado, qu’est l’ARCTIQUE.
    Par ailleurs, le POSEIDON, est un PATMAR somme toute performant et déjà pleinement opérationnel basé sur une cellule éprouvée elle aussi, donc le choix est tout à fait logique et plein de bon sens de la part des Canadiens…., je n’en dirai pas autant par contre quant au choix du monoréacteur F35, pour remplacer les bons vieux biréacteurs CF-188 Hornet, notamment pour patrouiller sur de si grands espaces désertiques et hostiles , mais c’est une autre histoire….!
    Cette décision nous rappelle aussi la décision récente de notre partenaire du programme Maritime Airborne Warfare System (MAWS) , en l’occurrence l’ALLEMAGNE, qui, pour remplacer ces bons vieux Lockheed P-3C ORION de la Marineflieger , vient tout » logiquement » de commander 8 POSEIDON « à titre de solution intérimaire », en attendant le développement du projet de coopération franco-allemand MAWS ….!!! Dans ce cas, pourquoi ne pas les avoir loués, puisque c’est temporaire….! ou avoir accepté le prêt par la FRANCE de 6 ATLANTIQUE 2 en attendant l’arrivée du MAWS dans la 1ère moitié de la prochaine décennie ?
    De fait, cela nous rappelle que nous aussi, allons devoir procéder au remplacement de notre bon vieux PATMAR, j’ai nommé l’ATLANTIQUE 2, élevé dernièrement au standard 6, un de mes avions préférés, que j’ai vu encore ce matin survolé les cimes des arbres dans le vrombissement grave et aigu de ses RR Tyne Mk21 ! Et là par contre, le débat est ouvert, voir grand ouvert, puisque la marge en terme de délai de remplacement est plus large que celle du Lockheed CP-140 Aurora, même si nous avons déjà perdu pas mal de temps, du fait des tergiversations de notre futur ex-partenaire du MAWS. Je précise ex-partenaire au regard des commandes récentes de POSEIDON par l’ALLEMAGNE, et de la dernière décision de la Direction générale de l’armement de confier à Dassault Aviation pour le Falcon 10X et Airbus pour le A320neo, le soin de mener des études d’architecture portant sur un « système de patrouille maritime du futur », ce qui suggérerait aussi la fin actée du MAWS côté français.
    La bataille acérée entre DASSAULT et AIRBUS cette fois-ci en tant que concurrents, enfin normalement, et non, coopérants,….. bataille déjà bien présente au sein du programme de coopération initialement franco-allemand, j’ai nommé le non moins célèbre SCAF, va valoir son pesant d’or, car elle pourrait impacter justement, de nouveau les relations déjà « tendues » de ces 2 partenaires majeurs au sein du SCAF, et ce d’autant plus que de nouveaux mousquetaires sont arrivés ou vont arriver suite à l’intégration de l’Espagne, puis de la Belgique, pour l’instant seulement en tant qu’observateur pour cette dernière, mais pour combien de temps,…. perturbant de facto l’affectation des tâches et études.
    Ça va encore swinger dans le Landerneau aéro….techno….!
    Bonnes réflexions,

    1. Depuis combien d’année le remplacement des avion PATMAR français, allemand et autre sont le sujet de discussion stérile, comme l’a prouvé l’A400M et ces dépassements de coûts, du a ces exigences de chaque acheteur lors de la définition du programme, mais aussi quand le prototype fut accepter.

      D’autres modifications nationales furent imposées, d’où le refinancement de la fabrication a coût de plusieurs millions si pas milliards d’euros.

      Les Etats commandent X avions et dans les années la réduction des commandes influent sur le prix du produit fini.
      Demain, il sera exigé d’Aibus Defense qu’ils puissent produire du pain en vol.
      Chaque armée de l’air conçoit son transporteur à sa main, quand ils achetaient des C-130 Hercule font-ils de même avec un avion acheté sur l’étagère….?

  5. Je me demande si compatibilité et inter-opérabilité ne sont pas devenues les deux mamelles de la dépendance aux USA. L’OTAN joue sur la compatibilité B-61 en Europe pour vendre du F-35 partout, sur les soums Nuk dans la Pacifique, et maintenant sur les Patmars y compris dans des pays qui ont des capacités de développement d’avions de surveillance.

    Si encore en échange, les USA proposaient un tant soit peu d’ouverture sur des marchés américains somme les ravitailleurs ou l’artillerie motorisée…mais ça n’est pas le cas.

    Je trouve ça inquiétant surtout que nous savons maintenant que l’alternance politique à Washington peut avoir des conséquences non négligeables. Donc nous français, ne tirons pas sur nos politiques ou nos indus : Nous produisons en autonomie (même relative) notre marine, nos sous-marins, nos avions de combats, notre dissuasion nuk, nos blindés de transport/Reco/lourd, nos voilures tournantes… Et nous avons raison de tenter de promouvoir la coopé en Europe; même sans succés. Nous ne manquons pas de légitimité pour le faire.

    1. Pourquoi la France via Dassault aviation refuse de nucléariser les Rafales qui auraient pu être vendus a d’autres pays européens comme la Belgique ou les Pays-Bas, ce qui aurait sûrement entraîné l’Allemagne…

      Conserver une main sur le nucléaire nationale n’est pas un enjeu européen, mais seulement national et ici, il n’est pas question de le remettre en cause…

      1. À part la GB et la France qui ont leur propre dissuasion nuc, les autres pays de l’Otan ne font qu’accepter les armes nucléaires de l’Otan (i.e. US), elles ne leur appartiennent pas, leur emploi est soumis à l’approbation de l’Otan ou plutôt des USA.
        Donc ces pays ne vont pas accepter les armes nucléaires françaises, un temps soit peut que la France soit d’accord pour les exporter, ce qui est très loin d’être le cas car ça touche à notre défense nationale.

        1. IL n’est pas question ici de demander a la France de remplacer les USA dans cet accord OTAN.
          Et ce n’était pas non plus mon propos, je regrettais seulement que pour cette raison mon pays n’ais jamais cherché à acheter des Rafales, la France n’a jamais non plus cherché à lui vendre.

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