Vers des P-8A Poseidon canadiens

En janvier dernier, une fuite d’information à l’effet que le Canada songeait sérieusement à remplacer ses vénérables CP-140 Aurora par des Boeing P-8A Poseidon sans appel d’offres semble se confirmer. Dans une déclaration diffusée le 27 mars dernier, le Gouvernement du Canada affirme que le P-8A Poseidon est le seul appareil actuellement disponible en mesure de répondre à toutes ses exigences opérationnelles de l’Aviation royale canadienne (ARC). Ainsi, le Canada a récemment franchi la première étape du Programme de vente de matériel militaire à l’étranger des États-Unis en déposant officiellement une demande d’offre.

Jusque là rien de surprenant, si ce n’est le nombre d’aéronefs visés. Soit un maximum de seize P-8A Poseidon plutôt que la dizaine que laissait entrevoir la fuite de janvier dernier. La demande d’offre comprend également tout le matériel connexe de même que l’entretien initial des appareils. Les retombées pour les entreprises canadiennes seront considérées lors de la décision finale. À ce chapitre, Boeing courtise déjà le Canada.

Boeing P-8A Poseidon (vue d’artiste)

Rappelons que le nouvel aéronef multi-mission de l’ARC doit avoir des capacités de guerre anti-sous-marine et anti-surface, ainsi que de commandement-contrôle-communications et de renseignement-surveillance-reconnaissance. Or, la seule alternative envisageable est le Kawazaki P-1 japonais plus économique mais aux performances inférieures à celles de l’appareil de Boeing. De son côté, l’avionneur canadien Bombardier fait valoir les capacités de ses biréacteurs Global déjà utilisés pour des missions de commandement-contrôle-communications et de renseignement-surveillance-reconnaissance. Le Global a certes un rayon d’action supérieur à celui du Poseidon sans ravitaillement en vol, mais il n’est pas adapté à l’emport de torpilles, de mines anti-sous-marines et de missiles. Le Canada ne ferme toutefois pas la porte à Bombardier car une modernisation en profondeur du système de surveillance du NORAD s’enclenchera bientôt. Divers moyens de détection aéroportés complémentaires aux Poseidon sont envisagés pour mieux surveiller l’Arctique canadien face aux convoitises russes et chinoises. Mais cela est une autre histoire à venir.

Le Canada fait aussi valoir que l’interopérabilité avec ses partenaires du Groupe des cinq (Five Eyes) est cruciale face aux menaces russes et chinoises. Or tous ses alliés du Groupe des cinq, soit les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont déjà opté pour le P-8A Poseidon. Deux autres alliés de l’OTAN, soit la Norvège et l’Allemagne ont par ailleurs déjà commandé des Poseidon.

Lockheed CP-140 Aurora

En service depuis 1980, les CP-140 Aurora doivent prendre leur retraite définitive en 2030. Le temps commence donc à presser. L’ensemble de la flotte a récemment achevé sa quatrième et dernière phase de modernisation qui inclut une refonte en profondeur de l’avionique ainsi que le remplacement de composantes structurelles sujettes à la fatigue. Malgré cette modernisation, le passage éventuel vers le P-8A Poseidon constituera une montée en puissance de l’ARC qui doit défendre l’une de plus grandes zones côtières du monde.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Marcel
Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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