Le miracle n’a pas eu lieu, aucun Super Étendard ne revole en Argentine.

On y a cru, mais il faut se rendre à l’évidence : les ingénieurs et techniciens argentins ont échoué. Huit jours après la date annoncée pour le vol d’essais d’un Dassault Super Étendard celui-ci n’a toujours pas été réalisé. Et beaucoup se demandent d’ailleurs s’il aura lieu un jour tant les équipes du Comando de la Aviación Naval Argentina semblent avoir surestimé leurs capacités technologiques. Sept mois, quasi jour pour jour, après leur retrait du service celui a bien l’air d’être définitif en Argentine.

L’avion d’assaut maritime français n’est pourtant pas le jet le plus complexe qui soit sorti des usines de l’avionneur. Grossièrement parlant c’est bien plus un appareil d’attaque issu du chasseur Étendard IV qu’un véritable avion de combat. Pourtant en Argentine, comme en France ou brièvement en Irak, il a toujours su faire le job y compris en défense aérienne. Pour ce pays sud-américain aux finances plus que chaotiques le retour en vol d’un Super Étendard relevait presque du miracle. Et même à l’approche de Noël il n’a pas eu lieu.

En fait ce qui semble avoir fait défaut aux ingénieurs et techniciens argentins ce n’est ni le talent ni la persévérance mais bien les fonds. Sans argent impossible d’acheter les pièces détachées manquantes et visiblement le cannibalisme a ses limites y compris auprès des Super Étendard Modernisés rachetés de seconde main auprès de la France en avril 2019. À priori l’épineuse question des sièges éjectables, construits par Martin-Baker au Royaume Uni et donc sous embargo britannique, avait été réglé justement avec l’un de ces cinq avions acquis voici quatre ans. Non le vrai problème du Comando de la Aviación Naval Argentina était bien les cartouches explosives des dits sièges. Même si certaines peuvent être rachetées sous le manteau il est souvent préférable de les acquérir neuves. Et là encore c’est la célèbre société britannique qui les fabrique. En outre au moins deux composants d’avionique étaient jugés trop difficiles à acheter à un prix correct. Rappelons que le Dassault Super Étendard n’est plus produit depuis 40 ans ! C’est un vieil avion.

Or justement on peut aisément se demander s’il y avait un intérêt tactique à faire revoler un avion dépassé ? Pour le moral des troupes oui voir un «chasseur» aux couleurs de l’aéronavale argentine aurait été très bon, pour l’aspect opérationnel je suis beaucoup plus circonspect. Après il faut voir que pour de nombreux aérophiles cela aurait été un énorme kif de voir reprendre les airs un tel avion, réentendre le sifflement si particulier de son réacteur Atar 8K-50. Perso j’aurai adoré.

Certaines sources nous font cependant état d’un possible premier vol au premier trimestre 2024. Sans pour autant que rien ne soit assuré. Forcément nous allons suivre le dossier de près.

Photo © San Diego Air & Space Museum

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

14 réponses

  1. Triste fin de carrière pour les « Super Étendard »…un bon avion. Quand il n’y a ni argent, ni peut être de compatibilité possible entre certaines pièces avec les SEM rachetés, ça « finit mal ». Espérons qu’ils figureront en bonne place dans leur musée aéronautique ou « au moins » aux portes des bases aériennes de l’Éjercito avec « un peu de peinture » pour honorer sa carrière opérationnelle.

  2. Ils peuvent toutefois avoir l’intérêt d’être des « véhicules d’intervention rapide » pour intercepter des avions de tourisme perdus et/ou malveillants ainsi que pour faire la composante S d’une opération SAR. Mais pas plus évidemment. Et je ne pense pas que les argentins aient plus d’ambition que cela.

  3. Et oui, la maintenance aero ne s’improvise pas et travailler sur des avions anciens c’est se confronter à des problèmes d’obsolescences et de coûts insurmontables.

  4. Même si j’aime beaucoup les avions de Dassault, j’ai toujours détesté celui là, moche, pas assez performant, petit bras pour un avion contemporain des f14. Bof bof. Je ne veux pas me fâcher avec ses amoureux et ce n’est que mon avis de profane en toute humilité.

    1. J’ai toujours eu une passion pour l’aviation embarquée. Et notre Super Etendard, c’est une mobylette capable de tout faire. Allez, je m’emporte, un Rafale avant l’heure ! N’oublions pas que l’intérêt d’une aéronautique navale, c’est d’apporter un support aérien loin de nos bases, comme par exemple à un groupe expéditionnaire. Alors dans ce cadre, il peut davantage être comparé à un Harrier qu’à un F14. Après, c’est sur que notre groupe aéronaval était probablement fragile face aux Tu22 soviétiques dans les années 80…

        1. Malheureusement déjà surclassés dans les années 80. Et nous n’avions pas encore de Hawkeye pour veiller à longue distance…

  5.  » Bien plus un appareil d’attaque issu de l’étendard 4 qu’un véritable avion de combat » !!??
    Dis donc, Arnaud, tu veux un coup de main pour dire du mal d’un avion aussi fantastique que le  » Super » ??

      1. Bonjour Arnaud,
        J’ai voulu ajouter un emoji clin d’œil mais il n’est pas passé. Alors je l’envoie sous cette forme. 😉
        J’ai bien aimé ton article. Je voulais juste te taquiner. Et je te tutoie parce que nous avons la même passion.
        Bon vent et bonne mer Arnaud.

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