La compagnie aérienne turque Southwind Airlines blacklistée par les Européens.

Depuis une semaine que la sanction est tombée les relations entre Ankara et l’Union Européenne se sont un peu tendues. C’est ce vendredi 29 mars 2024 que la décision de l’EASA d’interdire son espace aérien aux avions de Southwind Airlines est entrée en vigueur. Les autorités européennes lui reprochent une trop grande proximité avec le Kremlin, et une utilisation qui tendrait à contourner les interdictions de vols des compagnies russes depuis l’engagement militaire de Moscou contre la démocratie ukrainienne et sa souveraineté. Dans cette histoire la Turquie pourrait bien être le dindon de la farce.

Sur le papier Southwind Airlines est une compagnie turque. Ses avions de ligne sont immatriculés en Turquie et le gros de son personnel navigant et technique a été recruté sur place. Ça a donc tout d’une compagnie turque. Tout mais pas tant que ça en fait puisque selon l’European Union Aviation Safety Agency c’est surtout un paravent pour masquer des activités commerciales dont les principaux bénéficiaires sont des oligarques… russes. En gros cette compagnie aérienne permettrait sous couvert de passer par Ankara et Istanbul de desservir des aéroportés européens.

Jusqu’à vendredi dernier donc les plateformes aéroportuaires en Allemagne, en Grèce, ou encore en Italie étaient directement accessibles aux avions de Southwind Airlines. C’est désormais terminé. Par effet de ricochet et en raison de son enclavement la Suisse subit de plein fouet la décision de l’EASA.  Ses aéroports de Bâle-Mulhouse (de toutes manières en partie exploitée par la France) et de Zurich ne peuvent plus accepter ses avions. Il est d’ailleurs très rare que l’European Union Aviation Safety Agency prenne une telle décision pour une compagnie aérienne exploitant des avions globalement en très bon état, voire même flambant neufs. Car Southwind Airlines fait voler aussi bien des Airbus A321-200/Neo que des A330-200, des Boeing 737 Max 8 et 777-300/300ER. Ce n’est pas une compagnie poubelle comme certains transporteurs africains ou asiatiques interdits d’espace aérien européen.

Cette décision est avant tout donc diplomatique et politique. Car le gros des destinations desservies par ses avions va vers la fédération de Russie. Elle y dessert douze aéroports, et même bientôt un treizième. Sans compter le fait que plus de 85% des actifs de la compagnie aérienne se trouvent à Moscou. Rappelons que si la Turquie toque encore à la porte de l’UE elle n’a pas admis de fermer son espace aérien aux passagers russes après la décision de Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine souveraine. Elle joue sur les deux tableaux. La grogne du pouvoir turc ne peut être contre l’UE que de façade car il sait depuis longtemps que Southwind Airlines sert avant tout les intérêts du Kremlin bien plus que les siens.

Affaire à suivre.

Photo © AFP.