À Paris les taxis volants créent la polémique.

À trente-neuf jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 le comité d’organisation se serait sans doute bien passé de cette controverse. Depuis quelques jours une barge a fait son apparition sur la Seine, à quelques mètres de l’institut français de la mode, afin d’accueillir les premiers taxis volants Volocopter Volocity. Si ce programme est soutenu par la région Île-de-France c’est loin d’être le cas de la mairie de Paris ou encore de l’Ae, l’Autorité environnementale. Et au milieu de tout ça le ministère des Transports compte les points… ou essaye d’arrondir les angles.

En ce moment quand on parle de la Seine c’est soit pour le niveau de salubrité de ses eaux soit à cause d’un certain requin qui sur Netflix y sème la terreur. Il faudra donc désormais compter avec le «vertiport» du quai d’Austerlitz dans le XIIIe arrondissement de la capitale. Sous ce néologisme typiquement aéronautique se cache donc une barge permettant l’appontage d’un aéronef à décollage et atterrissage verticaux de type Volocopter Volocity. L’aéronef devra durant la période olympique-paralympique réaliser des vols de liaisons commerciales au départ ou à destination de l’héliport Valérie André sis à Issy-les-Moulineaux en lisière du XVe arrondissement. Cependant pas question que les taxis volants survolent Paris. Ou en tous cas pas ses zones habitées.

Leur cheminement a été validée par la DGAC. Après le décollage de l’héliport survol du boulevard périphérique jusqu’au quai d’Ivry puis bifurcation sur la gauche et survol du fleuve jusqu’au «vertiport» du quai d’Austerlitz. Et dans l’autre sens ? Le même cheminement mais à l’inverse. Les taxis volants ne doivent survoler aucun immeuble d’habitation ni de service. Le ministère des Transports veut réduire au minimum les risques en cas d’accident. Et contrairement à une idée reçue encore largement répandu il ne s’agit là nullement de drone. Le Volocity est un biplace : un pilote et un passager.

Pourquoi d’ailleurs tant de gens pensent encore qu’il s’agit là d’aéronefs télépilotés ? Sans doute parce que les Volocopter Volocity ressemblent à de gros drones. Ce sont des octakaïdecamoteurs (oui je sais j’aime bien les mots compliqués qui ne veulent rien dire !) électropropulsés disposant d’une hélice sur chacun des moteurs. Pour le reste ça ressemble à un mélange entre un hélicoptère et la maison des Barbapapas. Ça fait vraiment gros jouet.

Mais alors pourquoi polémiquer ? D’abord parce qu’au travers des Volocopter Volocity se joue une énième passe d’arme entre les deux dames de la région Île-de-France, à savoir sa présidente LR Valérie Pécresse soutien large du projet, et la maire PS de Paris Anne Hidalgo. Cette dernière est plus que circonspecte vis-à-vis du programme. Elle y est opposée. La région a d’ailleurs engagé un million et demi d’euros de subventions tandis que la mairie s’appuie sur un avis défavorable de l’Autorité environnementale. Ajoutez à cela les riverains du fleuve qui voient d’un mauvais œil ce nouveau venu sur la Seine et vous aurez vite compris que le taxi volant va devoir convaincre avec des arguments forts. Sans compter que ses détracteurs mettent en avant qu’il s’agit là d’un mode de transport réservé à une élite financière préférant voler plutôt que rouler en métro ou en… taxi.

Taxis volants, «vertiport», ou encore propulsion électrique, pas de doute nous sommes dans l’aéronautique du 21e siècle. Une aéronautique que ses soutiens disent totalement décarbonée, au risque de déclarer quelques âneries dans leur rhétorique. Ainsi devant l’hémicycle régionale la présidente Pécresse a parlé le 29 mai dernier de : «hélicoptère/Volocopter, diesel/électrique, pollution/pas pollution, bruit/pas bruit». Peut-être serait-il bon de lui rappeler que les hélicos en France ne sont que très (mais alors très très) marginalement propulsés au diesel. Mais au moins l’intention était bonne, même si l’argument peut faire rire. En face on aimerait des arguments au moins aussi construits. En fait l’Ae et la mairie de Paris préfèrent jouer la carte des précautions, du risque zéro, et au finale d’une prudence peut être un peu excessive. Par contre on peut comprendre qu’Anne Hidalgo ne veuille pas se donner plus de raisons de se faire des cheveux blancs durant la période de Paris 2024. Une expérimentation à grande échelle en temps normal aurait sans doute été moins anxiogène. Sans oublier que l’Armée de l’Air et de l’Espace devra tenir compte de ces nouvelles machines lorsqu’elle contrôlera l’espace aérien de la capitale durant les périodes olympiques et paralympiques.

Sur cette affaire chacun se fera son idée mais jusqu’à preuve du contraire les taxis volants Volocity voleront en juillet et août prochain au-dessus du périph’ et de la Seine. Les silures et les requins Mako sont d’ores et déjà prévenus.

Affaire donc à suivre.

Photo © Keypublishing


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

15 Responses

  1. Volocity ou l’art de passer en force….. Bizarre quand même car la DGAC était absolument contre il y a peu de temps… Résultat d’une action de lobbying ? Qu’en disent les ministères des transports ?, des armées ?, la DSAC ?… A priori silence radio !

  2. Bonjour Arnaud, Staff et passionnés.
    Même en Italie, les journaux ont beaucoup parlé des taxis aériens Volocity ou d’initiatives similaires. Ils sont certains que les premiers vols débuteront d’ici 2024 et que le service sera activé à Rome en 2025 à l’occasion du Jubilé.
    Cependant, ils sont considérés comme des véhicules entièrement autonomes. Les maires de Milan et de Rome ont participé aux présentations en grande pompe. Mais à ce jour, seuls quelques sauts ont été effectués, avec des pilotes, à l’aéroport.
    Depuis un âge vénérable et aussi loin que je me souvienne, je m’intéresse aux avions. J’ai vu tous les deux ans des engins de ce genre présentés sous toutes les formes mais toujours sous forme de « voitures volantes » à la portée de tous.
    Je n’en ai pas vu un arriver en production et presque aucun n’a volé.
    Je ne pense pas que ce sera différent cette fois.
    Traduit avec Google.

  3. Bonjour,
    En ce qui concerne la confusion avec les drones, je pense que les fabricants sont partiellement responsable: l’objectif de ces de véhicules a toujours étés qu’ils finissent sans pilote, à plus ou moins long terme (technologie, sécurité, acceptation social, etc). Ils sont aussi souvent appelé drone ou sans pilote, comme si c’était déjà le cas.
    Ainsi, vu la façon dont ils sont décrit et présentés, tant dans les médias généraux que la presse spécialisée, ca ne me surprend pas que pour un néophyte, la phase intermédiaire avec pilote n’ai pas été perçue, et qu’il pense que le vol se fait déjà de manière automatique ou télépiloté et sans pilote.

  4. Suggestion : un Dewoitine D.520 (sorti du musée de l’air et de l’espace) pour dézinguer ces affreux « endoptérygotes ».

  5. La chasse au zéro risque est ouverte. Au premier accident, car malheureusement il y aura un premier accident, on aura droit aux sempiternelles « je vous l’avais dit », «  tout ça c’est de votre faut », et bla, et bla…. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, mais si elle n’est pas testée avec les précautions nécessaires, on ne saura jamais.
    Qu’auraient-ils dit avec les premiers avions, avec la première ligne aérienne commerciale? Il fallait quand même une sacrée dose de courage ou d’inconscience pour monter des ces engins.
    La DGAC n’est pas connu pour être un club de joyeux rigolos. Si à une époque ils étaient contre et qu’ aujourd’hui ils sont pour, tout du moins pas opposés, ils doivent avoir les éléments nécessaires et rigoureux pour donner l’autorisation.
    L’argument un transport de riche peut être retourner à l’envoyeur. C’était le cas, à leurs débuts, de l’avion, de l’automobile, du train, du cheval… et pourtant aujourd’hui…

  6. Je suis parisienne et le jour où je vois un truc pareil au-dessus du périph’ je ne serais pas rassurée. Les pilotes ont quoi d’ailleurs comme formation ? Ce sont des pilotes d’hélicos ou bien faut-il une licence spéciale ?

    1. Ce qui m’ennuie un peu avec les batteries rechargeables, c’est qu’en général, leur tension chute brutalement lorsqu’elles approchent la décharge complète , alors qu’une pile électrique voit sa tension baisser bien plus graduellement. Une voiture électrique s’arrête sur la route, mais un engin volant?

  7. Bonjour les passionnés!
    Tout progrès a toujours eu ses détracteurs, souvent enragés! Rappelez-vous qu’au tout début du train, les physiciens démontraient que la cage thoracique n’avait pas la force musculaire pour s’opposer à la pression dynamique induite par une vitesse de 50km/h et qu’il serait impossible aux passagers de respirer …
    Pas encore eu le temps de voir – mais je chercherai : ce machin-là est-il français? Si oui, j’adhère à fond! J’aimerais bien voir aussi une photo du « porte-avion », en espérant que dans le Paris de 2024, ça « claque » …
    Quant à nourrir les silures et autres requins mako qui pullulent en Seine paraît-il, il ne manquerait plus que de les nourrir avec des conserves : on verrait en plus les associations contre la maltraitance animale monter au créneau !
    Merci Arnaud pour cet article sur un nouveau pas dans l’histoire de l’aviation.

  8. Moi ce qui me ferai flipper c’est les incivilités récurrentes sur l’utilisation des lasers dans les yeux des pilotes, vu qu’ils seront encore plus a la portée de certains détraqués. C’est juste ma vision optimiste ou pas.

    un futur premier pas vers le film 5eme élément

  9. Il est indiqué vol commerciaux?? mais l’appareil pas certifié (et loin de l’être), d’ailleurs Volocopter ont ils un permit to fly (laissez passer DGAC) pour le Volocity?

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