Il y a 80 ans les Alliés débarquaient en Provence.

C’est sans nul doute une des actions militaires de la Seconde Guerre mondiale parmi les plus méconnues de nos jours. Le mardi 15 août 1944 les troupes américaines et françaises libres débarquaient entre Cannes et Toulon, ouvrant un nouveau front à peine plus de deux mois après la Normandie. Baptisée opération Dragoon celle ci n’a jamais eu l’aura de l’opération Overlord malgré des résultats rapides sur le terrain. Ses opérations aériennes furent elles aussi souvent bien plus payantes que celles de juin 1944.

Pourtant en ce matin des fêtes de l’Assomption en 1944 les troupes allemandes de la 19e armée ne sont pas particulièrement préparées à voir arriver 50 000 soldats américains et français appuyés par 500 chars et près de 2000 avions. Dès 6 heures du matin le scénario normand se rejoue dans les Alpes Maritimes et le Var. Les 500 navires de guerre présents en Méditerranée au large des côtes françaises engagent leur artillerie tandis que dans le ciel les bombardiers, majoritairement des B-26 Marauder mais également quelques B-17 Flying Fortess et B-25 Mitchell, déversent leur charge offensive sur les positions de l’occupant. Le Débarquement de Provence vient de débuter.

Contrairement au 6 juin les troupes du Commonwealth britannique ne sont pas engagées, leur commandant en chef sir Winston Churchill ne croyant à la pertinence d’une opération amphibie dans la région. Lui qui pourtant avant guerre aimait tant venir passer ses vacances sur la Côte d’Azur et y parfaire sa maîtrise du français. Mais Churchill pense qu’il serait préférable de prendre les Allemands en tenaille en passant par les Alpes, quitte au passage par passer par une Suisse neutre qu’il estime un peu trop bienveillante vis-à-vis de l’ennemi nazi. Les Américains ne sont pas de son avis, ils trouvent le plan des Français Libres bien meilleur. Le débarquement en Provence sera donc franco-américain.

Pas de bocage pour freiner les half-tracks et tanks alliés peu de DCA et aucune chasse pour s’opposer à l’US Army Air Force et aux Forces Aériennes Françaises Libres. Au soir du 15 août 1944 les Alliés ont gagné leur pari. Hitler est fou de rage. Une semaine plus tard la poussée franco-américaine libèrera la capitale des Alpes, Grenoble. Les Allemands sont regroupés dans Marseille et Toulon où d’âpres combats ont lieu. Dix jours après le déclenchement de l’opération Dragoon c’est la garnison allemande de Nice qui tombe. Quatre jours plus tard les troupes françaises du général De Lattre de Tassigny, appuyées par l’aviation américaine, entrent dans Vichy. Tout un symbole, la capitale collaborationniste est tombée. La France de la honte a perdu. Le 28 août 1944 plus aucune ville majeure du sud de la France n’appartient à l’ennemi : Marseille et Toulon se sont rendues. Elles sont libres. Le 3 septembre Lyon les rejoint. Dragoon est un succès incontestable.

En 27 jours elle aura permis le débarquement sur les plages varoises de 350 000 soldats alliés, dont 230 000 appartenant aux Forces Françaises Libres. Le tribut payé aux combats sera d’un peu plus de 9800 morts auxquels il convient d’ajouter les maquisards communistes, gaullistes, et socialistes à hauteur d’environ 10 000 combattants. De son côté l’Allemagne hitlérienne aura vu un peu plus de 7000 de ses fantassins et marins tués et 105 000 soldats et officiers capturés. Le débarquement de Provence demeure pourtant très mal connu. Pourquoi d’ailleurs ?

Le premier coupable dans cette méconnaissance de ce sujet est sans doute… Hollywood. Le cinéma américain ne s’est jamais vraiment penché sur le débarquement de Provence malgré l’action forte de ses propres troupes dont le très cinégénique Audie Murphy. Le second c’est la mémoire collective. En dehors des habitants de la région bien peu ont tenu à réellement honorer cette opération amphibie pour laquelle il existe pourtant des kilomètres de bobines.
Enfin n’oublions pas que Dragoon intervient à un moment où les yeux des Alliés sont tournés vers l’avancée en direction de l’Allemagne et le contournement de Paris. Ajoutez à cela la Libération de la capitale et vous comprendrez sans doute pourquoi la Provence n’est pas et ne sera sans doute jamais la Normandie !

Photo © National Air & Space Museum.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 Responses

  1. Merci pour ce devoir de mémoire. Bien que sans aucune mesure avec la participation canadienne lors de la campagne de Normandie, des soldats canadiens ont également participé au Débarquement de Provence. C’est au sein des troupes d’élites canado-américaines du First Special Service Force, mieux connu sous le surnom de Devil’s Brigade, que des soldats canadiens combattirent lors de l’Opération Dragoon. Leur mission était la prise des fortifications de l’île de Port Cros. Une dizaine de membres du Devil’s Brigade ont perdu la vie lors de cette bataille.

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