Quand la Belgique tape (inutilement) sur le Dassault Aviation Rafale.

En France nous avons la chance d’avoir un ministre des Armées de très haut niveau, en la personne de Sébastien Lecornu ; ce qui n’est pas le cas de nos voisins d’outre-Quiévrain ! En Belgique en effet depuis février le ministre de la Défense est le très populiste Theo Francken, spécialiste des polémiques en tous genres. Et sa dernière concerne Dassault Aviation mais aussi Eurofighter et Saab qui selon lui produisent des avions qui ne sont pas à même de s’opposer à la Russie. En filigrane se dessine une ardue défense du Lockheed-Martin F-35A Lightning II.

Que la Belgique soit fière de ses F-35A en cours de déploiement cela peut se comprendre, malgré les crises que l’avion américain traverse actuellement au Portugal et surtout en Suisse, qu’elle en profite pour essayer de tacler la concurrence a déjà nettement moins de sens. D’autant qu’aujourd’hui Bruxelles doit négocier une nouvelle commande de onze exemplaires du chasseur de 5e génération.

Or cette semaine son ministre de la Défense a fait une sortie qui n’est pas passée inaperçue. Peut-être eut-il été nécessaire que Theo Francken se replonge dans les écrits de Nicolas Machiavel, et plus particulièrement de son chef d’œuvre «De Principatibus» connu en français sous le titre «Le Prince». Le père de la science politique contemporaine y soutient la thèse selon laquelle quand un représentant d’un état parle c’est l’état lui-même qui s’exprime. Donc quand Francken déclare tout de go : «Poutine n’a pas peur de l’Eurofighter, du Rafale ou du Gripen» c’est la voix de la Belgique qu’il porte. Le ministre belge enfonce le clou et ajoute : «Il a peur du F-35 car on ne le voit pas! Il n’y a pas de discussion sur la supériorité de cet avion».

À la limite sa deuxième citation peut être vue comme une manière d’encenser l’avion de combat qui équipera la Composante Air et Espace pour les 40 prochaines années. Par contre taper ainsi sur Dassault Aviation et sur Eurofighter c’est assez incompréhensible. Rappelons qu’une grosse partie du consortium européen est formée par l’Allemagne et l’Espagne au travers d’Airbus Defence. Ce dernier constructeur ajouté à son homologue français forme le SCAF… que la Belgique a rejoint. Theo Francken attaque donc frontalement des constructeurs dont son pays est partenaire. Ça n’a ni queue ni tête.

Surtout on sait que la Belgique a très vite tourné le dos aux Gripen, Rafale, et Typhoon. C’est son droit le plus strict. Pourquoi alors revenir à la charge ? Francken servirait t-il des intérêts quelconques en taclant ainsi les trois avions européens ? On se perd en conjectures tant la saillie du ministre est inattendue et pour le moins mal venue. Reste à savoir si diplomatiquement elle aura des répercussions entre Bruxelles et ses partenaires de l’UE.

Affaire à suivre

Photo © Armée de l’Air et de l’Espace